Édito #26 – Dominique Grimbert
- Dominique Grimbert
- 14 avr.
- 3 min de lecture
C’est dans le trou creusé par l’absence que viennent se loger, dans ce numéro, les possibilités originales de quelques artistes. Une occasion de rappeler ce que dit Lacan en 1965 dans son hommage à Marguerite Duras [1] : « le seul avantage qu’un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position, lui fût-elle donc reconnue comme telle, c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie ». Ce à quoi il ajoute que Marguerite Duras s’avère savoir sans lui ce qu’il enseigne, et témoigne ainsi d’une pratique de la lettre qui converge avec l’usage de l’inconscient.
Lors de sa conférence « L’enfant metteur en scène », Philippe Lacadée a mis en valeur que le langage permet à l’enfant, marqué par le signifiant et articulé à la pulsion, de s’apparoler [2] et « de se considérer comme le machiniste, voire le metteur en scène de toute la capture imaginaire dont il ne serait autrement que la marionnette vivante [3] ». Lacan le dit dans « La direction de la cure et les principes de son pouvoir [4] », précisant que le fantasme est l’illustration même de cette possibilité originale et que, dans son usage fondamental, il est ce par quoi le sujet se soutient au niveau de son désir évanouissant. Si le sujet névrosé n’est pas le seul concerné par le paradoxe de son désir, lui, il tient compte de ce paradoxe dans sa façon de l’affronter.
Enseigner le théâtre confronte à un impossible. Étienne Germe fait de cet impossible une boussole. Il accompagne ses élèves au fil de ce qui surgit, ce qui accepte de se dire et de se faire entendre, ce qui accepte d’exister au monde et au regard de tous, offrant ainsi place à l’invention de leur propre mise en scène.
Après avoir obtenu un master de biochimie, Lise Labro se consacre au théâtre et sort du Conservatoire d’art dramatique de Marseille en 2005. Elle travaille dans l’art du burlesque et de la commedia, du clown au masque, et découvre des techniques de danse et d’expression corporelle. Elle est de passage à Bordeaux en tant qu’assistante metteur en scène de l’Opéra participatif jeune public Un Élixir d’amour. Une fabrique à idées.
Metteur en scène et auteur de théâtre, Manuel Renga est lui diplômé de l’École d’art dramatique Paolo Grassi de Milan. Depuis 2012, il a mis en scène plus de trente productions théâtrales dans les plus grands théâtres italiens. En avril 2013, il remporte le concours « Nouvelle fenêtre sur le drame allemand » et il est sélectionné comme metteur en scène d’Il cane, la notte e il coltello de Marius von Mayenburg, mis en scène au Piccolo Teatro de Milan. Il a été proche de deux grands maîtres du théâtre, Dario Fo et Graham Vick. En juillet 2022, il met en scène Elisir d’amore de Gaetano Donizetti. Parmi ses projets se trouvent La Traviata avec le Teatro Regio de Turin en 2025, l’opéra rock The Wall de Pink Floyd avec le Teatro Comunale di Ferrara, Reggio Emilia et Ravenne, et Rigoletto de Giuseppe Verdi, un opéra jeune public repris en 2026. Il nous dira quelque chose de son rapport intime à l’opéra à l’occasion de son passage à l’Opéra de Bordeaux en tant que metteur en scène de l’Opéra participatif.
Max Cabanes, lui, est illustrateur et auteur de bande dessinée, connu pour sa série fantastique Dans les villages et pour ses bandes dessinées Colin Maillard, Les années pattes d’eph’, Bouquet de flirts. À l’aise avec toutes les techniques du dessin, apte à exceller dans un grand nombre de genre, ce « faiseur de monde extrêmement doué [5]» a reçu, en 1990, le grand prix du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, plus haute récompense pour un auteur de bande dessinée francophone. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il nous enseigne une version de l’autorité authentique d’un père.
En scène !
Dominique Grimbert
[1] Lacan J., « Hommage à Marguerite Duras », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 192-193.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’Envers de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Seuil, 1991, p. 57.
[3] Lacan J., « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 637.
[4] Ibid.
[5] Smolderen (1984)
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