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Édito #21 - Dominique Grimbert

En 1943, alors qu’il s’est caché chez un ami, aussi poète et résistant, Louis Aragon écrit le poème « Il n’y a pas d’amour heureux », publié en 1944, dans son recueil La Diane française. L’auteur y exprime ce qui de l’amour s’écrit entre deux amants résistants condamnés à ne pouvoir vivre ensemble face au danger que représenterait alors une arrestation. Amputant ce poème de sa dernière strophe, Georges Brassens choisit d’en faire une chanson d’amour, en 1953. Si la période et les enjeux ont changé, l’amour absolu se révèle non moins inaccessible.

Françoise Hardy l’interprète en 1967. Sa voix fait résonner le chant mélancolique de l’irrémédiable comme deuil impossible. En 2007, sa chanson Modern Style, qu’elle interprète avec Alain Delon, réitère ce qui est de l’ordre d’une affirmation sans appel : La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas, à ceci près que l’impossible invite ici À la guerre comme à l’amour d’en cueillir tel quel, le prochain jour et d’exprimer la secrète douceur de toute blessure à mort qui n’est pas là encore. Hommage à ces deux artistes. Chacun, dans la logique de sa vie, a incarné, à sa façon, une déclinaison de l’amour pas sans esthétisme.

 

Virginie Leblanc-Roïc et Philippe Lacadée ne les contrediront pas. Si chacun cherche sa moitié, la rencontre avec le il n’y a pas ne fait pas que des malheureux. La traversée de ce qui peut apparaître comme la dimension tragique de l’existence, offre une parole à partager. Philippe De Georges appuiera leur dire. Dans l’amour, nous dit-il, quelque chose est tout à fait prévalent : on parle. Ça n’est pas que silencieux. Il y a un contrat de parole. Il entend la formule Il n’y a d’amour qu’impossible, comme il n’y a d’amour que tenant compte de l’impossible. La clé de l’amour serait qu’il tienne compte du réel.

 

Autant dire que deux athlètes, Luz Long et Jesse Owens, nous ont donné une véritable leçon d’amour lors des Jeux olympiques de 1936. Devant un stade de cent mille spectateurs qui tendent le bras à la manière du salut hitlérien, quand l’un est supposé démontrer au monde la supériorité et la domination aryennes, alors que l’autre, l’athlète noir américain, devient quadruple champion olympique, ils se nouent d’une véritable amitié. Alain Foix, écrivain, philosophe, dramaturge, metteur en scène et scénariste français, écrit cette rencontre entre les deux hommes, au-delà des idéologies, au-delà de la politique elle-même, de façon remarquable. Nous sommes honorés de la conversation qu’il nous a accordée autour de sa biographie Jesse Owens, parue à l’occasion des Jeux olympiques Paris 2024. Cette biographie sera prochainement inscrite dans les programmes scolaires. Une rentrée 2024 du journal Le Pari de la conversation avec le premier des numéros sous le signe de l’amour.

 

Dominique Grimbert




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