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Les enfants du numérique - Philippe Lacadée


En 1914, Freud nous a enseigné que le comportement de l’enfant dépend de ce qui s’est passé dans sa chambre. « La chambre de l’enfant 1 », c’est un fragment de vie lié à un lieu bien à lui, dans la maison, un espace où il rencontre la présence de l’Autre parental qui prend soin de lui, lui ouvre le monde des mots grâce auxquels il peut s’identifier, un monde d’objets pulsionnels ceux de la demande, l’objet oral, l’objet anal, et ceux du désir, la voix et le regard. Ces objets, que Lacan nomme objets a, en jeu dans la pulsion s’inscrivent dans le nouage du corps vivant au dire de l’Autre. Il y a ses objets à lui, ceux qui font transition entre lui et l’Autre et aujourd’hui, ceux plus envahissants, que Lacan qualifie d’objets gadgets. Si Freud peut dire que le comportement de l’enfant est ce qui fait symptôme, c’est en tant qu’il « est le signe et le substitut d’une satisfaction pulsionnelle qui n’a pas eu lieu 2 ». Le comportement n’est en fait que la partie visible, comme une pantomime, envahissant la scène publique. Il y a donc un texte à savoir lire pour l’aider à le déchiffrer. Freud insiste sur la responsabilité qui revient à l’enfant, au sujet, concernant l’usage de jouissance qu’il fait de son corps et de sa pensée.


L’Autre n’est plus sujet supposé savoir


J’ai montré dans Vie éprise de parole 3 comment à l’aube du XXI siècle, « La chambre de l’enfant » a changé. Elle a été envahie par les objets du capitalisme pulsionnel 4 . L’enfant peut ainsi, très tôt, avoir accès à ces objets qui subvertissent ou annulent souvent la présence signifiante et désirante de l’Autre. Ils « viennent à la place de ce qui nous manque dans le rapport de la connaissance 5 » . Suite « à la montée au zénith de l’objet a » 6 , l’enfant peut être de plus en plus en lien avec des objets de consommation directe, produits par la civilisation hypermoderne, objets toc substituts de l’objet a, mais objets plus-de-jouir qui ne lui parlent pas. Il se branche sur un monde virtuel, sans la présence de l’Autre. Pour certains, il s’ensuit dès lors une modification de la place de l’Autre parental, de ce qui, en eux, a fonction d’identification, de transmission, de manque, nécessaire à la voie du désir et au rapport à la connaissance. Certains enfants peuvent en être déboussolés, d’autres peuvent aussi de façon paradoxale trouver dans l’usage de ces objets, une nouvelle boussole. Nous devons donc être plus particulièrement attentifs à l’usage que chacun en fait. La technique est venue supplanter ce qui avant faisait office de boussole lorsqu’on se repérait sur la fonction du père. Son déclin a précipité l’apparition de nouveaux discours. Les enfants eux-mêmes ont ouvert une nouvelle voie, là où la voix du père ne se faisait plus entendre, celle de l’invention à la place de la tradition. A la place de la hiérarchie a surgi le réseau, la pratique en réseau. Ce qui soutient notre pratique de la conversation c’est, au-delà du père, prendre point d’appui sur la paire signifiante, comme structure de base de la langue toujours à réinventer afin de la rendre vivante en lui donnant un petit coup de pouce. Nous avons à soutenir un certain usage de la langue revivifiée par notre présence incarnée et désirante, seule façon de desserrer l’identification pétrifiante dans laquelle certains, comme l’Un tout seul, sont pris dans la fascination de leurs écrans.


Marion a 13 ans quand elle est insultée sur son compte Facebook et sur son portable par des adolescents de sa classe. Au lieu d’aller au collège, et après avoir consulté sur Google le site « Comment se suicider ? », elle décide de se pendre au porte manteau de sa chambre. C’est là que sa mère la découvre, trop tard.

Que s’est-il passé ? C’est, à la fois, un usage singulier de cet appareil qu’est le langage, mais aussi l’usage de ces objets gadgets qui viennent déboussoler tous ces jeunes, au point de la pousser, elle, Marion, à se vivre comme objet nul à rejeter et de ne plus avoir comme solution que le suicide. Nous prenons cet exemple car il illustre comment le fait de ne pas avoir rencontré la boussole du dire oui et non conduit certains jeunes au pire, pris qu’ils sont dans l’empire de la jouissance immédiate. On sait, depuis Freud et Lacan que, de structure, l’enfant est soumis à la pression de l’objet perdu. Pris par l’insatiable exigence de récupérer cette jouissance mythique, au cœur d’une supposée expérience de satisfaction, il se trouve pris avec son corps, en prise directe dans la quête symptomatique de ces objets gadgets modernes qui le leurrent tout en s’articulant au plus-de-jouir. Un vouloir jouir peut ainsi prendre la place d’un vouloir dire et d’un désir de savoir. L’enfant peut se réduire au silence de l’objet qui a pris la commande de son être en complémentant son manque à être et alors règne l’absence du désir de l’Autre.


Freud le précise « c’est auprès du semblable, ainsi, que l’homme apprend à reconnaître. 7 » C’est avec la présence du semblable comme objet humain, au plus près de lui, très tôt et dans son intimité que le sujet apprend à reconnaître : à la fois, « l’objet de satisfaction », « l’objet hostile » tout comme « l’unique puissance qui porte secours ». Dans le plus intime de sa chambre, l’enfant tout seul s’habitue à cette satisfaction immédiate, qui régit de plus en plus, notre monde contemporain, et ne cesse d’imposer ses répétitions, celle de l’instant présent rendant impossible d’accepter le temps de l’Autre qui marque aussi la rencontre de son désir sur fond de présence-absence, comme le met en évidence le jeu du Fort-Da. L’enfant reçoit ainsi des ersatz de connaissances, sans effort de recherche, sans qu’il ait à se déplacer mais surtout sans qu’il ait à rencontrer le désir de transmettre d’un Autre qui risquerait de lui en demander plus, ce à quoi il n’est plus ou pas habitué. « On a l’impression qu’on pourrait tout faire, de chez soi, avec un écran d’ordinateur, alors à quoi bon l’humain ? » 8.



L’enfant n’a plus le savoir-y-faire avec l’Autre


Dans cette conférence « Les enfants du numérique ? » j’essaie de dire ce qu'il en serait d'une jouissance spécifique. Je veux montrer que l'objet numérique est particulièrement adéquat au corps parlant, affine au parlêtre. J’ai rencontré le cas d’une petite fille qui ne parlait pas encore, mais son corps, sa façon de toucher le monde, de voir le monde étaient déjà structurés par la tablette numérique plus que par le magazine papier, un effet de structuration du corps qui n'a pas de signification en soi mais qui a déjà beaucoup de conséquences dans l'expérience sensible.

L’enfant et l’adolescent ne savent parfois plus y faire avec la rencontre d’un Autre porteur du désir de leur parler pour les aider ou leur apprendre les choses de la vie. Ils connaissent plus leur objet, son mode d’emploi, qu’y faire avec ce que l’Autre leur dit ou leur demande. Que faire avec la présence désirante de l’Autre, incarnée des objets du désir, son regard et sa voix. Ça peut angoisser, révéler d’autant plus la dimension réelle de la rencontre. L’objet, lui, ne demande rien. La relation de l’enfant à la demande et au désir est modifiée. Le plus souvent il ne demande pas ou plus, il exige. C’est l’autorité silencieuse de l’objet.

L’autorité parentale et le savoir ne sont plus à la même place 9. Mais il ne s’agit pas non plus de céder au pessimisme de certains car des enfants trouvent dans l’usage de ces objets des solutions qui peuvent leur servir de suppléance, voire de suppléance au défaut de l’Autre auquel ils peuvent se trouver confrontés 10. L’époque n’est plus celle de Victor Hugo pour qui le droit de l’enfant était de devenir un homme, grâce à la lumière de l’instruction 11. Le droit de l’enfant était lié à des devoirs. « As-tu fait tes devoirs ? » Ce n’est plus la lumière de l’instruction, allumée par le désir de l’Autre, mais celle de l’écran virtuel qui lui sert, non à apprendre de l’Autre, mais à s’appareiller pour ne plus voir ce qui lui manque, ni ce qui manque à l’Autre. L’enfant, pris dans cette dynamique, peut s’ouvrir à une obscure jouissance le branchant sur le manque à jouir et le poussant à en vouloir toujours plus. L’enfant moderne devenu adolescent ne loge alors plus, comme l’adolescent Arthur Rimbaud, la vérité de son désir « dans une âme et un corps » 12, mais plutôt, comme sœur de jouissance, dans l’objet plus-de-jouir silencieux dont il pense avoir la jouissance alors que, au contraire, c’est l’objet qui jouit de lui. « J’ai le droit de jouir et je n’ai plus de devoir. » On n’ose plus lui demander s’il a fait ses devoirs.



Addiction généralisée ?


C’est là que la relation à l’objet gadget peut avoir valeur de nouveau symptôme induisant un comportement addictif court-circuitant la relation à l’autre. Aussi quand l’Autre humain, le plus proche, lui parle et veut lui dire, le savoir-y-faire que lui-même a tiré de sa propre existence, il peut angoisser ou prendre peur, d’où les nouveaux symptômes phobiques allant de la panique à la phobie sociale. À la place du symptôme comme formation de l’inconscient surgit un style de vie où prédomine la jouissance.


J’ai déjà montré les incidences que cela pouvait avoir sur la façon de parler et d’user de la langue de certains jeunes qui se manifestent sur le mode de provocations langagières ou de demande de respect. On ne peut pas nier la présence de la dimension addictive dans le rapport aux objets numériques. Mais il y a un paradoxe chez certains adultes. Ils se plaignent du rapport de leurs enfants à ces objets-là alors que ce sont souvent eux qui leur offrent notamment des portables, et de plus en plus tôt, avec souvent le souci de savoir où ils sont, au nom de la sécurité, d’une bienveillante surveillance, comme un fil à la patte. Dans l'addiction, il y a un court-circuit de l'Autre : on est branché directement sur le produit et la satisfaction qu'il procure, sans la médiation de la parole à l'Autre, sans demande. Dans ce cas, on est dans une pure jouissance avec le produit. Avec les objets numériques, c’est souvent différent parce qu’il y a la dimension de l’Autre. Il y de l'Autre et des autres. Le rapport à l'Autre, qui passe par la parole, y est. Le monde réel n’est pas séparé du monde virtuel. Les actions dans le virtuel ont des prolongements dans la réalité, elles s’inscrivent dans le monde réel. On ne prend souvent pas assez en compte la fonction de l’objet qui est ici rencontre aussi avec le monde extérieur. Lacan a déplié trois modes du rapport au manque d’objet, la privation, la castration et la frustration. On entend souvent dire qu’il faut les frustrer mais cela ne fonctionne plus comme avant, du fait que l’on méconnaisse les enjeux de jouissance par rapport à ces objets et que l’objet, le plus souvent, se vit comme un objet hors corps mais investi comme partie intégrante vitale du corps, comme en extimité.



Rencontre avec les parents, la pratique de la conversation


Les parents ne savent pas toujours ce qu'ils interdisent quand ils refusent ou interrompent l’accès aux objets gadgets à leur enfant. Quelques fois, ce sont des enjeux très structurants pour l'enfant. Du point de vue des adolescents, tout un monde y est là engagé : les copains, les rencontres amoureuses, le rapport à une communauté de pairs avec qui ils font leurs preuves. Cela compte pour eux, ce n'est pas l'objet comme drogue, même quand il s’agit des jeux-vidéos, ils se pratiquent souvent en ligne, donc avec d’autres. Il y a l’autre dans des enjeux d'amour et d'amitié. Il est donc parfois intéressant d’inviter les parents à s'y intéresser, à parier qu'il y a aussi du partageable, pour comprendre au moins pourquoi leurs enfants y sont plongés. Mais comme c'est aussi un lieu d'expérimentations, un lieu d'intimité où les parents n'ont pas leur place, il ne s’agit pas non plus de soutenir une intrusion dans ce qui ne les regarde pas. Car les enfants du numérique répètent ce que chaque génération répète. Ils questionnent le savoir établi. Internet a changé la nature même de la connaissance. « C'est la meilleure époque pour être curieux et la meilleure pour être idiot » comme le dit le sociologue David Weinberger 13 dans son article « Repenser la connaissance à l'âge d'Internet » 14. Quand apparaît une nouvelle technologie qui transforme radicalement le rapport au savoir, c’est un point de bascule et un point de répétition, celui d’une crispation morale systématique mais qu'il faut prendre aussi comme une perte de l'ancien mode de jouir, celui d'avant. Les jeunes générations ont souvent l'usage d'un langage qui leur est propre, et ce, depuis toujours. Sa fonction principale consiste à ne pas se laisser comprendre par les adultes. L'usage d'Internet et des réseaux consiste pour beaucoup à utiliser les mêmes outils que ses copains. On peut alors avoir à desserrer un peu la question de l'identité, des identifications, et ne pas laisser croire aux adolescents que leur être est strictement équivalent à ce qu'ils promeuvent comme identité. En fait, il s’agit de les aider à formuler la véritable question, cette question de ce qu'ils désirent, de ce qu'ils aiment, et de ce dont ils jouissent, leur permettre de la déployer davantage.

Comment dire « Oui » et « Non » ? Le en même temps.



L’impératif de jouissance : Tout, tout de suite, et l’objet comme symptôme


La question est de savoir comment cet enfant moderne - qui ne se soutient plus de son désir mais de son seul rapport à l’objet - se débrouille de l’en-trop de consommation qui lui barre l’accès au savoir, et à son inconscient. Les désirs tant sollicités se sont transformés en besoins, en impératif de jouissance qui répondent à la gourmandise du surmoi sans que l’enfant sache demander à l’Autre. Il ne peut d’ailleurs nommer ce qu’il désire. Incapable de supporter le manque et le temps de l’Autre, il veut échapper au temps de la perte. Là se joue sa modernité dans son alliance au marché du capitalisme effréné 15. Il veut Tout, tout de suite 16. Alors en proie à un surmoi féroce qui le pousse à vouloir jouir de tout, et dans lequel bien et mal s’équivalent, comment peut-il y faire avec la présence de l’adulte lorsque celui-ci lui parle et lui demande quelque chose d’imprévu au programme de sa machine ?

Lacan se demandait si « nous arriverons à devenir nous-mêmes animés par les gadgets » 17, en 1974. Il ne le croyait pas, même s’il affirmait cependant que l’on n’arriverait « vraiment pas à faire que le gadget ne soit pas un symptôme. » 18. En ouvrant ainsi la solution du gadget comme pouvant être pour le sujet un nouveau symptôme, il a ouvert une voie plus digne. Il ne s’agit pas de le rejeter cet objet, en ayant la nostalgie des temps anciens, mais plutôt d’en saisir l’usage que le sujet en fait. S’il peut avoir valeur de symptôme, c’est que le sujet peut s’en servir de point d’appui, voire de suppléance. De même en suivant la voie ouverte par Martin Heidegger dans son texte Sérénité 19, il s’agit de repérer l’usage de jouissance que le sujet peut en faire afin d’éviter qu’il l’empêche de faire valoir ses propres pensées. La question essentielle que pose Heidegger est alors celle de savoir comment à la fois dire oui et non au sujet.



Comment s’orienter de la psychanalyse pour a-ccompagner ?


Dans Vie éprise de parole 20, j’ai écrit que l'enfant pouvait avoir accès à des objets qui subvertissent ou annulent la présence signifiante et désirante de l'Autre. La place de l'Autre parental s'en trouve modifiée, et c’est donc cette présence, dans sa dimension du désir, qu’il faut inviter les parents à réincarner. La clinique nous enseigne que l'accompagnement du parent produit des effets sur le dialogue parent/enfant. Dans Le malentendu de l’enfant 21, j’ai isolé la demande de respect des adolescents. La clinique du CPCT nous enseigne sur tout cela et l’accompagnement du parent produit des effets sur le dialogue avec l’enfant. Dans Le malentendu de l’enfant, j’ai isolé la demande de respect des adolescents, comme un des noms des symptômes modernes de l’adolescence. Ce ne sont plus les parents qui obtiennent réponse à leur demande de respect, c’est l’inverse. C’est l’enfant qui demande le respect. Cette demande de respect pourrait ainsi se formuler « Qu'il serait beau d'être respecté par quelqu'un qu'on respecterait ». C’est quelque chose de récent. Néanmoins, elle peut être adressée cette demande-là. Comment entendre ce paradoxe, d’un côté désarticulé de l’Autre et en même temps, parfois adressée à un Autre ? Est-ce qu’il n’y a pas un enjeu à réarticuler cela à l’Autre ? La demande de respect désarticulée de l’Autre est très courante. Ils demandent le respect, mais cela n’attend pas de réponse parce que ce n’est pas une demande, c’est une affirmation, voire une exigence. Et ce serait plutôt une affirmation comme : on ne leur en témoigne pas d’emblée du respect. D’emblée, on ne les respecterait pas, ils seraient maltraités. Il faut en tenir compte, au moins comme un signal, quand un adolescent dit qu’on lui manque de respect, c’est qu’il y a un point d’où il ne se saisit pas comme aimé, respecté, produisant un point où, il se sent traité comme un objet, et il va s’agir, dans ce cas-là pour le parent, de l’interpréter. Par exemple, le « Montre-moi du respect ! » peut s’interpréter, il va s’agir d’amener le parent à saisir que l’enfant demande qu’on lui dise oui à ce qu’il est, qu’on accueille ce qu’il porte en lui de nouveauté. C’est aux parents d’en faire l’interprétation.

Lacan utilise le thème de parlêtre pour évoquer quelque chose de cette jouissance du corps. Le corps qui est traversé et structuré par le langage mais un langage qui est lié à la lettre hors-sens, qui frappe le corps mais qui n'a pas de sens, qui n'est pas à déchiffrer comme le sujet de l'inconscient freudien mais qui, par contre, imprime le corps. Il y a une dimension leurrante, ventouse des objets numériques ; celle que Lacan a essayé d'attraper en parlant de lathouses. Mais, il y a aussi de l'Autre : l'Autre du code informatique, l'Autre qui chiffre votre activité par les algorithmes, et aussi tous les petits autres. Internet mobilise une jouissance spécifique qui imprime le corps. Lacan parlait de la fausse femme à propos des voitures, cela a été repris dans l'article d'Éric Laurent « Faire couple avec l'objet numérique » 22. On peut très bien parler de fausse femme à propos du dernier iPhone. C'est un objet de jouissance comme lathouse, comme fausse-femme et l'usage que l’on en fait avec l'Autre à l'intérieur peut mobiliser toutes sortes de jouissance. Il y a cette jouissance spécifique du corps imprimé par le média, la jouissance masturbatoire un peu idiote qui n'est pas seulement celle du porno, qui est celle de certains jeux vidéo. Mais, il y a aussi les objets pulsionnels qui circulent, que l'on met en scène sur Internet dans un rapport avec d'autres. La psychanalyse a pour éthique de spécifier dans sa démarche qu'elle part d'un non savoir. Il n'y a pas de réponse a priori, toute faite, pas d'astuce, pas de recette infaillible pour éduquer son enfant et aucun savoir qui permettrait d'éradiquer les symptômes.



De comment dire oui et non à vouloir la particularité du symptôme


La montée sur la scène du monde du droit à jouir comme on veut, amènent certains, au-delà de toute culpabilité. L’impératif de jouissance du surmoi vient faire régner, dans cette langue qui ne s’articule plus à l’Autre, l’impératif de l’Un tout seul qui dit ce qu’il veut, quand il veut, et tout cela sans aucun refoulement. On entend alors une langue chargée de tension verbale et qui se veut à l’écart de la langue dite du sens commun, vécue par eux comme trop surmoïque, et ce n’est pas l’apparent allègement du sujet, mais la pesanteur du rapport à la jouissance. Car lorsque le sujet est allégé des devoirs de la croyance, des devoirs du bien parler, différent du bien dire, la seule obligation qui tienne est la jouissance. On ne peut pas s’enchanter de l’apparente « libération » des mœurs ou de la parole, qui laisserait croire qu’au nom de l’authenticité, on aurait le droit de dire enfin ce que l’on pense. On en aperçoit son envers, le nouvel empire de la jouissance, soit l’en-pire de la jouissance, qui au-delà de la différence sexuelle, donne à croire à ces sujets que l’on aurait aussi le droit de jouir du corps de l’autre.


Cet empire de la jouissance, qui tend à dominer la civilisation moderne, illustre bien comment pour certains c’est le pousse-au-jouir de son corps, le se jouir dans le corps de la langue, qui leur fait paradoxalement oublier qu’ils ont un corps, celui qu’ils reçoivent justement de leur rapport à la langue articulée. Éric Laurent, dans son texte, La société du symptôme 23, interrogeait la position du psychanalyste. Il proposait de suivre une variante de la réponse inventée par Heidegger, suivant Lacan, en transposant « le vocabulaire du philosophe dans le champ qui nous intéresse, celui de la jouissance. » La question essentielle que pose Martin Heidegger est alors de savoir comment dire à la fois « Oui et Non » au sujet. Ce « Oui » et ce « Non », ainsi posés, se dérobent à la particularité de l’inconscient pour chaque sujet, et aboutissent aussi bien au triomphe du surmoi. Obéir au jouir!, c’est obéir à son ordre, cependant que rétablir le censeur, c’est annoncer des ravages à venir dans les détours nouveaux que prend la pulsion. Rappeler la différence entre le surmoi parental héritier du complexe d’Œdipe, et le surmoi féroce soit la gourmandise du surmoi 24 comme impératif qui pousse à jouir encore plus. La position du psychanalyste à l’égard de la jouissance est de renvoyer le sujet à sa particularité. Il y a ainsi deux sortes de relations à la jouissance dont chacune est nécessaire : vouloir plus de jouissance et vouloir la particularité du symptôme. Il serait insensé de donner l’assaut tête baissée contre l’hédonisme de masse et le fétichisme de la marchandise généralisée. Nous dépendons des objets et des fantasmes ready-made que la civilisation nous fournit pour y prélever une plus-value de jouissance. » 25 Alors face à cette façon de dire, pourquoi ne pas dire à la fois « Oui » et « Non » à l’usage inévitable pour certains d’une langue qui contient le plus-de-jouir.



Exister dans la particularité du symptôme : savoir être le destinataire


Dire « Non » consiste à ne pas permettre au pousse-à-jouir généralisé de nous empêcher d’être à l’écoute de la particularité du symptôme 26 et du rapport de chacun à cette langue qui fait symptôme. Son enveloppe formelle est contingente, elle n’est pas celle de tous. Il y a des variétés cliniques dans la façon dont chacun use de l’insulte ou de la provocation 27. Nous devons savoir offrir le lieu, la situation où chacun trouvera sa solution, donnera lui-même le petit coup de pouce 28 nécessaire à la langue, en la rendant vivante.

Savoir être le destinataire, en parlant avec les jeunes, de ce qui leur paraît être en impasse, là où justement ils sont pris par le pousse-à-jouir de l’Un tout seul dans leur langue. Sachons, dans ce qui paraît gélifié dans un mot, faire les petits trous particuliers où chaque sujet pourra se délivrer de la tyrannie du tout jouir, ou ne parler que cette langue de provocation. Il s’agit de prendre position en se mettant au travail de la langue, de « donner un petit coup de pouce à la langue » afin que chacun se sente travaillé par son propre rapport à elle, là où il pensait que tout était établi selon sa mesure.

Ainsi il entendra comment cette langue qui fait symptôme contient une jouissance qui lui est étrangère, mais qui est présence inédite dans le monde, avec sa langue. Ce n’est pas lui, mais c’est là que le sujet comme réponse du réel se trouve. Le symptôme est la dimension de notre existence au monde.



Ce qui se joue dans la langue et ce qui se jouit dans le corps


Ce qui se joue dans cette langue n’est pas sans lien avec ce qui se jouit dans le corps de ces adolescents venant indiquer ce quelque chose qui a trait au corps et traverse la langue de façon immédiate. Ce mouvement pulsionnel, cette immédiateté verbale de la sensation, qui était auparavant réfrénée, non par accident mais par essence, par la langue articulée, n’opère plus. Une certaine consistance de la vie accompagnée d’une langue inédite ne peut plus être réfrénée de façon autoritaire par un maître aveugle ou fasciné, cela n’opère plus et peut au contraire entraîner des ravages encore plus conséquents. Quand le lien n'est pas incarné, il semble sans conséquence et il arrive qu'il soit instrumentalisé comme dans les cas de harcèlement où là, il y a une jouissance de l'autre comme d'un objet. Cela peut faire apparaître une jouissance solitaire paradoxale puisqu'elle passe par un autre mais comme fantôme, fiction. Il y a plusieurs types d'autres : l'autre qui est un semblant d'autre, un peu maltraité et puis l'autre avec lequel on échange qui a le même statut que dans la vie. Le harcèlement en ligne arrive souvent quand la personne harcelée n'existe pas tellement, quand elle est en place d'objet dans cette jouissance qui se déchaîne, à ce moment-là. La question qui se pose est comment limiter ce déchainement.



Marion


Ce mercredi matin Marion disait à sa mère Nora qu’elle est fatiguée, et qu’elle voulait rester dans son lit. Après le petit déjeuner elle rejoignait sa chambre. La veille au soir, elle avait parlé à sa mère d’un chagrin d’amour et fait part de son épuisement. Nora l’a donc laissée dans sa chambre avec son portable sous l’oreiller et est partie manger avec une amie et ses deux autres enfants. Vers 13h30, elle s’est inquiétée, sa fille n’était pas au bout du portable. Elle est rentrée chez elle, s’est précipitée dans la chambre de sa fille mais la porte était bloquée. Après l’avoir défoncée, elle a trouvé sa fille pendue, inanimée au bout d’un foulard accroché au porte manteau. Marion a laissé deux lettres sur son bureau – une, adressée au collège, sur l’enveloppe de laquelle elle a écrit son numéro de classe. Elle y détaille ses souffrances, les humiliations, les insultes, parfois même subies en plein cours, et désigne ses 5 bourreaux. « Ma vie a basculé, personne ne l’a compris. » Sur l’autre enveloppe, elle a écrit « Mes milles souvenirs avec vous. » L’enveloppe est vide.

Ses parents, après avoir entendu un reportage sur France 3, dans lequel une femme directrice adjointe de l’académie de Versailles indiquait que Marion était devenue le souffre-douleur de quelques-uns, décident de porter plainte. Ils veulent savoir ce qui s’est passé, au collège, et avec les cinq élèves bourreaux. Pour eux, ces jeunes voulaient éliminer leur fille. « Ce n’est pas parce qu’ils sont mineurs qu’ils doivent être excusés. »

Depuis Nora cherche et va interroger les amis de sa fille. On lui dit de laisser ces enfants tranquilles et de faire son deuil. On se méfie d’elle, elle passe pour une folle. Les enseignants se taisent. La directrice du collège refuse de la recevoir « Rien ne permet de penser que Marion allait mal. » On apprend que Nora avait déjà voulu que sa fille change de classe. Dès la 6ème, Marion se faisait traiter de « mongolo » et d’« autiste ». En 5ème, un garçon lui avait adressé un SMS « Demain à l’arrêt de bus, t’es morte. » À la demande de Nora, le professeur principal avait convoqué l’auteur du message qui, à côté de sa mère, avait balbutié un « C’était pour rigoler. » Au cours de cette année de 4ème, elle s’était plainte de ne pouvoir travailler car elle était traitée de balance, ou d’intello quand elle osait demander le silence en classe. Puis le climat s’apaise, Marion tombe amoureuse d’un garçon, ses parents la voient changer, elle écrit 3OOO SMS par mois, à son amoureux. Elle ne se plaint plus de rien mais reste la cible d’une petite bande de filles et d’un garçon, Alban, qu’elle a embrassé un jour, puis éconduit. Alban lui avait toujours dit « La première fois ce sera avec moi ». Il ne supporte pas qu’elle en aime un autre, alors il s’amuse avec une bande de copains, à la traiter de « pute », lui dit qu’elle est « grosse », qu’elle n’a pas de « seins » et qu’elle est trop « sérieuse ». A leurs yeux, elle est « nulle », une « boloss ».

C’est dans sa chambre et sous sa couette qu’elle reçoit tout ça. À l’insu de ses parents, elle s’était créé un « mur » Facebook. Prétextant la perte de son carnet de correspondance, elle en avait obtenu un autre ce qui lui permettait d’en avoir deux. Un faux, sur lequel pouvaient se lire de superbes notes et un comportement exemplaire, qu’elle faisait signer à ses parents, et un autre, le vrai, dans lequel étaient inscrits les mauvaises notes et un comportement déplorable avec insultes qu’elle signait à la place de ses parents, pour ne pas perdre la face vis à vis des autres. La veille du drame dans un exercice incendie en classe Marion était prise à partie. La quasi-totalité de la classe s’était regroupée autour d’elle pour une broutille. Elle avait écrit sur le mur d’une camarade un de ces commentaires stupides qu’elle avait si souvent lu sur le sien. « Lila t’es une boloss, on t’aime pas. » Huée générale, Alban mène la danse « Tu fais moins la fière, hein ? » « On va t ‘arracher les yeux, te faire la peau. » Des toilettes, Marion appelle sa mère, balbutiant « Je ne me sens pas bien, je voudrais rentrer. » « Si tu reviens au collège je te buterai. » avait-elle entendu. Quand on apprend à Alban la mort de Marion, il dit « C’est pas vrai, putain, faites pas chier. Je suis en train de jouer à La Play. »



Effet de langage et prendre appui de ce qui fait symptôme


Il y a un intérêt fondamental à proposer des conversations à ces jeunes, leur offrir non plus d’être nos sujets de conversation, mais de devenir les acteurs vivants d’une conversation avec nous. C’est ce que j’ai montré dans La vraie vie à l’école 29. Aborder la langue à partir de ce qui fait encore pour eux office de lalangue, qui s’entend dans leur façon de dire ; leur offrir d’entrer dans la langue, en prenant un point d’appui sur leur symptôme plutôt que sur une norme idéale 30. Conquérir le verbe pour aller chercher l’Autre au fond de soi-même, savoir ce que parler veut dire, une fois mise à sa juste place la volonté moderne du vouloir jouir. La parole est un don de la langue fait à l’autre sur fond de promesse, un point d’où chacun, aussi pauvre soit-il, entend se vêtir de mots pour se voir aimable voire digne d’être aimé, en prenant appui de son symptôme. Là où il veut être entendu, sachons lui dire qu’il est attendu. Sachons mettre l’accent là où il faut, c’est-à-dire sur la langue des jeunes pour leur éviter le jeûne de la langue, ce qui implique d’y mettre du sien, soit de s’asseoir à leur table pour retrouver avec eux le goût des mots et l’amour de la langue, celle qui s’articule à l’Autre. Chacun peut savoir ce qu’il doit à l’Autre du symbole à la condition que celui-ci lui ait été offert, soit que l’autre ait su dire « Oui » à sa présence dans le monde de la parole. C’est par là que le sujet se réalise, dans la perte où il a surgi comme inconscient, par le manque qu’il produit dans l’Autre, suivant le tracé que Freud a découvert comme la pulsion la plus radicale : la pulsion de mort.



Pulsion de mort et gourmandise du surmoi


D’un côté annulation, mortification de jouissance mais, en même temps que le signifiant produit une perte de jouissance, Lacan précise qu’il produit aussi un supplément de jouissance. Ainsi le plus-de-jouir prend corps d’une perte. Cette notion de plus-de-jouir apporte du nouveau sur la pulsion de mort. Et le surmoi n’est plus seulement effet de la civilisation ou moyen de réfréner la jouissance, mais aussi ce qui pousse à jouir en-corps plus. La jouissance lacanienne est la libido plus la pulsion de mort. Le surmoi lacanien est le visage de la pulsion de mort dans lequel sont pris beaucoup de jeunes d’aujourd’hui. La jouissance, pensée comme plus-de-jouir, est bien sûr ce qui comble le manque à être, mais jamais exactement, et tout en donnant à jouir, elle maintient le manque à jouir. C’est pour cela que l’on voit s’étendre le registre des objets a au-delà de la simple liste naturelle, à tous les objets de l’industrie, de la sublimation, de la culture, à tout ce qui peut venir combler.

Ce sont ces lichettes de la jouissance qui sont parfois des petits riens du tout, qui donnent le style de vie de beaucoup de nos adolescents et leur mode de jouir. Là où règne le visage de la pulsion de mort. C’est au moment de l’adolescence, que j’ai nommé l’exil 31, que se rencontre ce trou dans le réel soutenu par la division encore plus visible du corps et de la jouissance. Souvent c’est dans ces produits de la civilisation que le manque à être du corps trouve à s’alimenter, à se découper, à se voiler, là où, pour certains, et de plus en plus la dette symbolique a été ravie quand c’est le symbole qui n’est plus là pour faire autorité ou gourmander le sujet.


Comment jouir sans que cela ne soit la seule obligation qui tienne ? Ces adolescents mettent en évidence sur la scène du monde qu’est leur collège, leur devoir d’obligation de jouissance à tout prix actualisé dans ce qui n’est pour eux que pulsion de jeu. Ils quêtent ainsi comme beaucoup de sujets modernes la présence de l’Autre en eux 32. Cette détresse d’une certaine jeunesse sans qualités, tragiquement sans mémoire, nous renvoie à ce que disait Jacques Lacan en 1961 33, lorsqu’il avançait que la dette symbolique peut ne plus être à la charge de certains sujets ; dès lors ils ne se sentent plus coupables et se trouvent « chargés d’un malheur plus grand encore, de ce que ce destin ne soit plus rien » 34. Ne pas se dérober à la particularité du symptôme pour réinventer sa place dans le monde. Ces adolescents directement branchés sur un monde immédiat sans la médiation de l’Autre, se présentent directement en acte usant du lieu de l’école pour mettre en jeu leur déchaînement pulsionnel où c’est le se faire voir et le se faire entendre qui occupent la mise en scène de leurs corps.



Conclure : Marion avec Freud


La pulsion de mort à l’état brut les entraine au pire d’une conduite déboussolée et hors limites. C’est ce qui a rendu difficile pour Marion un espace vide qui aurait rendu possible l’intervention de l’Autre. Il y a eu échec de la fonction « de point d’appui » 35. Or c’est là qu’il nous faut faire valoir que celle-ci est plus efficiente, à ne pas s’appuyer sur un point d’idéal, souvent rejeté d’ailleurs par l’adolescent. « L’insupportable du symptôme peut se transformer en point d’appui pour que le sujet réinvente sa place dans l’Autre. » 36 « C’est dans la tenue du discours comme tel, que le sujet peut s’identifier et prendre appui pour supporter l’effet de langage qu’est l’angoisse » 37. Les provocations langagières, les insultes, les comportements irrespectueux ou violents, sont une façon particulière de se situer dans le langage couvrant tout manque car le langage de l’adulte porteur de ce manque est trop angoissant et ne fait plus autorité comme avant. « L’insolence n’est qu’une couverture » 38. Elle contient une question essentielle qui attend sa réponse, une vraie réponse. Freud précise que l’école ne doit pas oublier la voie de la particularité du symptôme, elle « ne doit pas revendiquer pour elle le côté impitoyable de la vie », et « ne pas vouloir être plus qu’un lieu où l’on joue à la vie », surtout justement quand c’est le sens de la vie que mettent en question jusqu’à l’extrême certains adolescents. Il nous invitait à ne pas reculer devant le symptôme « peu réjouissant », surtout lorsque, comme Marion nous l’enseigne, il est la pantomime du théâtre de sa version de la pulsion de mort.





Centre chapelle aux Champs

Université catholique de Louvain Bruxelles Février 2O22





Mais le mouvement est lancé. « Dans un avenir proche, chaque personne aura une identité numérique parallèle. Les avatars, les portefeuilles cryptographiques, les biens numériques seront la norme », a expliqué l’actrice Reese Witherspoon dans The Morning Show. Cette volonté démiurgique un rien libertarienne – avec l’idée de créer un monde pour échapper aux contraintes du réel – pose une question de fond. Cette échappatoire nous empêche-t-elle de regarder la réalité en face ? « Piqué au vif par l’imprévisibilité d’un virus qu’il a du mal à maîtriser, l’être humain accélère la création d’autres mondes qu’il est certain, cette fois-ci, de pouvoir maîtriser totalement », suggère, dans la publication Usbek & Rica, Gabrielle Halpern, docteure en philosophie et autrice du livre Tous centaures ! Éloge de l’hybridation (Le Pommier, 2020).



 
  1. Freud S., « Sur la psychologie du lycéen », in Résultats, idées, problèmes, vol. I : 1890-1920, Paris, PUF, 1984, p. 221, une nouvelle traduction par Fernand Cambon parue dans LACADÉE Ph., Vie éprise de parole : Fragments de vie et actes de parole, Paris, Éditions Michèle, 2012.

  2. Freud S., Inhibition, symptôme et angoisse, Paris, PUF, 1951, p. 7.

  3. Lacadée Ph., Vie éprise de parole : Fragments de vie et actes de parole, Paris, Éditions Michèle, 2012.

  4. Meirieu Ph., Lyon le 15 décembre 2008, lors de son invitation à la présentation de mon livre L’Éveil et l’exil dans son université, terme prélevé à Bernard Stiegler.

  5. Lacan J., « La Troisième », 1 Novembre 1974, La Cause freudienne, n° 79, 2011, p. 32.

  6. Lacadée Ph., Vie éprise de parole, op. cit., Introduction, note 25 et Chap.4, note 1.

  7. Freud S., « Complexe du Nebenmensch », in Esquisse d’une psychologie (Nouvelle traduction), Paris, Érès, 2011, p. 85

  8. Benameur J., Présent ?, Paris, Denoël, 2006, p 17.

  9. Freud S., « Sur la psychologie du lycéen », op. cit.

  10. Comme le démontrent Akim et Stéphane, deux adolescents en difficultés dans Lacadée Ph., Vie éprise de parole, op. cit.

  11. Pennac D. Chagrin d’école, Paris, Gallimard, 2007, p. 284.

  12. Rimbaud A., « Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. », Une saison en enfer in Œuvre-vie, Paris, Arléa, 1991, p. 453.

  13. Cité par Xavier de La Porte dans sa chronique La vie numérique : « Sommes-nous condamnés à devenir de plus en plus bêtes à cause d'Internet ? », France Culture, 4 mai 2016. https://www.franceculture.fr/emissions/la- revue-numerique/sommes-nous-condamnes-devenir-de-plus-en-plus-betes

  14. Weinberger D., « Rethinking Knowledge in the Internet Age », Los Angeles Review of Books, 2 mai 2016. https://lareviewofbooks.org/article/rethinking-knowledge-lnternet-age/

  15. Zeh J., La Fille sans qualité, Arles, Actes Sud, 2007, p. 123. Ce livre nous décrit très bien combien ces adolescents veulent tout tout de suite, « …seul le temps est la seule chose qui manque aux hommes. »

  16. Sportès M., Tout, tout de suite, Paris, Fayard, 2011, p. 29.

  17. Lacan J., « La Troisième », op.cit.

  18. Ibid., p. 32.

  19. Heidegger M., « Sérénité », in Questions III, Paris, Gallimard, 1996, 161-181.

  20. Lacadée Ph., Vie éprise de parole : op. cit.

  21. Lacadée Ph., Le malentendu de l’enfant, Paris, Éditions Michèle, 2010, p. 345.

  22. Laurent É., « Faire couple avec l'objet numérique », Quarto, n° 109, décembre 2014.

  23. Laurent É., « La société du symptôme », Quarto, n° 85, novembre 2005, 18-23.

  24. Lacadée Ph., « La gourmandise du surmoi », in Le malentendu de l’enfant, op. cit., p. 119.

  25. Laurent É., op. cit., p. 21.

  26. Lacadée Ph., Vie éprise de parole, op. cit., chap. 7.

  27. Ibid., « L’injure un des pics de l’acte de parole », 187-251.

  28. Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Éditions du Seuil, 2005, p.133.

  29. Lacadée Ph, La vraie vie à l’école, op. cit.

  30. Laurent É., in Quarto, n° 85, op. cit.

  31. Lacadée, Ph., L’éveil et l’exil, op.cit.

  32. Ibid., p. 20.

  33. Lacan, J.., Le Séminaire, livre VIII, Le transfert, Paris, Le Seuil, 1991, p.354.

  34. Lacan, J., Ibid., p. 355 : « Bref, c’est la dette elle-même où nous avions notre place qui peut nous être ravie, et c’est là que nous pouvons nous sentir à nous-mêmes totalement aliénés. Sans doute, l’Até antique nous rendait-elle coupables par la dette, mais à y renoncer… nous sommes chargés d’un malheur plus grand encore, de ce que ce destin ne soit plus rien ». Nous avons déjà abordé cette question au chapitre 6.

  35. Lacan J., Le séminaire, livre IV, La relation d’objet, Paris, Seuil, 1994, p. 83. Il parle de « relation anaclitique ».

  36. Laurent É., op. cit., p. 22. Cf. aussi ce que J. Lacan dit du point d’appui ou appui contre traduit à partir du mot allemand Anlehung par anaclitique, in Séminaire, Livre IV, La relation d’objet, op. cit., p. 83.

  37. Laurent É., op. cit., p. 20.

  38. Benameur J., Présent ?, op. cit., p. 65.






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