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Le Maître aveugle et la loi accueillante – Philippe Lacadée

Au-delà du problème – parfois insupportable – que pose un sujet au niveau du règlement ou de la Loi, au sein d’une institution, une pratique orientée par la psychanalyse permet de faire l’hypothèse qu’il y a du côté de ce sujet, pouvant paraître en impasse, la dimension de quelque chose d’autre pouvant se mettre au travail, donc à savoir accueillir. Là où règne l’insupportable, quelque chose de primordial se déroule à l’insu du sujet mais aussi de l’équipe soignante. Comment faire passer l’insupportable à l’insu, accueillir cet insu, et offrir les conditions pour qu’il puisse se traduire en mots ? C’est l’inédit de la psychanalyse d’orientation lacanienne appliquée à la pratique en institution, soutenir la dimension d’un malentendu possible afin que la dit-mension de cette Autre Chose qui agite le sujet, le poussant parfois au pire, trouve sa place, un lieu possible pour « une prise d’énonciation » comme véhicule d’une possible traduction.

Le psychiatre d’une institution pour adolescents m’avait proposé le binaire : « règle et institution » pour réfléchir avec son équipe aux solutions à trouver lorsque les règlements mis en place échouent à contenir ce qui dépasse les enfants et les pousse à des troubles difficiles à gérer. L’éthique de la psychanalyse introduit un rapport clinique à la loi, ce que j’appelle l’introduction de la Loi, pour rendre compte d’un certain usage de la fonction éducative d’une institution pour enfants et adolescents. Le cadre et son contenant sont structurés par le langage.

Pour établir ce rapport clinique à la Loi j’avais créé, dans l’hôpital de jour pour adolescents La Demi-Lune, un lieu appliqué à l’établissement permettant d’inventer un champ particulier, une institution permanente trouvant son fondement dans ce lieu. Ce champ était organisé à partir d’une réunion générale bi-hebdomadaire intitulée « le Conseil ». Nous avons créé une équipe susceptible de se faire le cadre et le partenaire de l’opération de production d’un sujet, un cadre de référence dans le champ du langage et des lois de la parole, se soutenant de l’orientation lacanienne soit l’orientation vers le réel en jeu pour chaque sujet. Il s’est soutenu du père lacanien, celui qui tout en posant la loi n’obéit pas à la règle aveugle, en sachant « dire oui » à ce qui fait exception ou à la particularité de chacun, en accueillant le nouveau et cette dit-mension de l’Autre Chose, inclue dans le langage, à laquelle le sujet a affaire, ce que Lacan a nommé lalangue, soit ce langage particulier du sujet, celui qui appareille sa jouissance et qui fait que chaque lalangue n’a pas son pareil pour pouvoir faire surgir la surprise d’une énonciation toujours singulière. Ce cadre s’est donné la possibilité d’une nécessaire invention, là où la contingence du réel peut menacer le sujet ou la vie à plusieurs. Répondre de lalangue propre à chacun soit, comme le disait un adolescent à propos d’un nouveau qui venait d’arriver, « Il faut l’aider à sortir de son monde ».




Le maître aveugle et la loi accueillante

L’institution, prise dans le monde moderne et l’universalisation d’un seul type de discours, celui du maître aveugle, alliant le discours de la neuroscience à celui du capitalisme, établit une grille de rentabilité et d’évaluation visant le zéro défaut et la sécurité optimale. Une loi, niant la particularité de chaque sujet au nom d’un idéal bienveillant voulant le bien du sujet et son adaptation à des normes, ignore le réel en jeu qu’il y a à traiter pour un sujet.

Face à cette loi d’un maître aveugle s’appuyant sur des critères universaux d’efficacité et d’évaluation, voire de droit au bonheur, il est important d’opposer et d’institutionnaliser une Loi éclairée par le discours analytique. Opposer ne veut pas dire ici dénoncer, une antinomie, mais se situer en face, en apposant un Autre lieu. Le binaire apposer/opposer prenant ici toute sa pertinence. Il s’agit d’être partie prenante de l’institution mais en y introduisant, non pas une autre façon de faire mais, une certaine façon de savoir-y-faire. La lettre « y » rappelle le lieu où l’on est, indique aussi l’invention d’un lieu où se vérifie le malentendu nécessaire à la production d’un sujet. Établir un lieu et un lien accueillant la singularité du sujet, le reconnaissant dans son invention, sa trouvaille, mais aussi dans sa souffrance réelle, son échec à dire, son insupportable, et dans la misère de ce qui fait sa condition. Une Loi capable d’entendre ce qu’il y a au-delà. Une Loi qui puisse dire : « Dans ton impasse, là tu es, et là je te reconnais. » Une Loi autorisant le désir, comme limite à la jouissance débridée, du côté du sujet mais aussi du côté de l’Autre. Une Loi comme limite aussi au discours du maître aveugle, qui s’occupe de lui. Une Loi qui authentifie ce que le sujet veut dire, mais aussi le réel impossible qui le détermine, au-delà de ce qu’il a réussi, ou pas, à dire. C’est là la reconnaissance par la visée de la médiation de la parole mais aussi de sa limite, d’une place possible pour chacun à partir de la mise en place d’un Autre lieu susceptible d’authentifier une prise d’énonciation.


Les paradoxes de la loi

Situant l’apport de Lacan sur cette question précise, Éric Laurent écrit et nous démontre, dans « La stratification clinique de la loi » [1], comment La loi est une loi paradoxale dont il importe de prendre la mesure.

Le premier paradoxe de la loi repose sur le fait que « c’est la loi qui fait le péché ». Ce principe avancé par Saint Paul fut commenté par Lacan, notamment dans son texte « Fonctions de la psychanalyse en criminologie »[2]. C’est un paradoxe clair : tout énoncé de la règle implique sa transgression ou encore ce que la norme appelle l’infraction. C’est ce que nous apprend la clinique de la psychopathologie de la vie quotidienne puisque c’est une des formes de réalisation « des voies perverses du désir ». La loi que l’on voudrait interdictrice se révèle à son insu loi du désir, c’est ce qui fait le charme de la clinique de la fonction paternelle lorsque celle-ci confond la représentation de la loi qu’elle soutient, du fait de la transmission de la castration, avec l’édiction de la loi lorsqu’elle s’aveugle sur l’imposture de sa place[3].

Le second paradoxe de la loi : « Nul n’est censé ignorer la loi, cette formule transcrite de l’humour d’un Code de Justice exprime pourtant la vérité où notre expérience se fonde et qu’elle confirme. Nul homme ne l’ignore en effet, puisque la loi de l’homme est la Loi du langage, (depuis que les premiers mots de reconnaissance ont présidé aux premiers dons) »[4]. Lacan démontre comment toute loi juridique convoquée pour établir la culpabilité et la sanction se réduit à ce qui la constitue : soit la Loi du langage. Il importe alors qu’elle ne soit pas appliquée par un maître aveugle à ce qui constitue le discours du Maître, soit la mise en place comme agent du discours d’un signifiant maître. C’est cela la vérité de tout discours. L’important n’est pas l’individu qui édicte l’énoncé, mais son rapport droit avec le signifiant maître qui rend opératoire son énoncé. La Loi est celle qui prend en compte le signifiant maître qui détermine un établissement, mais aussi les signifiants maîtres à partir desquels certains sujets sont en impasse. C’est pour cela qu’il est nécessaire de revenir à ce qui est au principe du fondement du discours comme lien social à l’Autre, soit la relation de nouage, pour tout parlêtre, de son corps vivant sexué au signifiant qui l’identifie ou le représente auprès d’un autre signifiant dans le monde. C’est le plus souvent cette représentation qui est en échec, notamment chez l’enfant psychotique car il y a, là, pour lui, un défaut d’articulation de référence de S1 à S2. D’où la nécessité de s’interroger, dans une institution, sur ce fondement : les lois du langage sont les lois du signifiant. Lacan rappelle qu’elles se soutiennent de deux figures de rhétorique : la métaphore et la métonymie et ce, à partir du réel en jeu. La Loi du langage a à s’appliquer sur la lalangue particulière à chacun.


La Loi primordiale :

Cette Loi, telle que Lacan va la théoriser, au début de son enseignement, est la conséquence de la rencontre qui va s’opérer pour lui entre la théorie structuraliste de Claude Lévi-Strauss et la théorie freudienne.

Il reformule les structures élémentaires de la parenté, soit l’ordre symbolique préexistant à tout sujet, en des termes qui lui permettent de loger la découverte freudienne, le complexe d’Œdipe et la question fondamentale pour l’être humain de sa sexualité et de l’interdiction de l’inceste, soit la problématique de la jouissance et du désir. L’interdiction de l’inceste, tu ne réintègreras pas ton produit[5], limitant la jouissance de la mère, aussi bien celle de l’enfant comme objet de jouissance de l’Autre, est ce pivot subjectif sur lequel repose le fondement de l’institution humaine. La place du sujet, celle de son vivant sexué et de son objet de jouissance, dépend d’une seule Loi, celle du langage laquelle, en tant que Loi de la représentation, est marquée d’une certaine place d’exclusion et d’inclusion aux lois du système. Les lois de la parole et du langage introduisent le sujet à la dit-mension du désir en l’excluant de la place de la jouissance qu’il perd à parler.

Cela va permettre à Lacan d’énoncer : « La Loi primordiale est donc celle qui en réglant l’alliance superpose le règne de la culture au règne de la nature livré à la loi de l’accouplement. L’interdit de l’inceste n’en est que le pivot subjectif, dénudé par la tendance moderne à réduire à la mère et à la sœur les objets interdits aux choix du sujet, toute licence au reste n’étant pas encore ouverte au-delà. Cette Loi se fait donc suffisamment connaître comme identique à un ordre de langage. »[6]


Le père freudien et les lois du langage

Dans sa relecture de l’Œdipe freudien, Lacan met en valeur la fonction du père en élaborant un nouveau concept, celui du Nom-du-Père. Il va développer la fonction interdictrice du père à partir d’une figure du langage en la rendant équivalente à une métaphore. Le père intervient au titre d’un signifiant « le Nom-du-Père » qui vient capitonner et donner un ordre à la loi capricieuse de l’Autre, soit celle du désir de la mère. Même si c’est la mère, qui en tant que premier Autre introduit l’enfant à l’ordre symbolique, le père est celui qui vient incarner, de son vivant et de son désir, la garantie de cet ordre et un ancrage précis pour le sujet, hors du désir de la mère, en s’y substituant. Cette métaphore structurée comme un mot d’esprit, ordonne l’ordre symbolique nécessaire au sujet pour orienter son désir dans le monde signifiant, soit sa réalité subjective. Lacan réévalue le père freudien à partir de la structure du Witz en établissant sa fonction à partir de la structure linguistique de la métaphore.


Le Nom-du-père et le Witz

Lacan, Jacques-Alain Miller nous l’a fait remarquer, nous invite à repenser la Loi à partir du Witz. Le Nom-du-Père naît dans le fil du commentaire de Lacan sur le Witz, dans le Séminaire v[7]. Le Witz est, pour lui, la façon de penser du nouveau dans la psychanalyse, du nouveau dans le dire. Au moins, dans le dire, du nouveau est possible. Lacan s’intéresse au bien-dire, à un nouveau mode de dire. Le Witz freudien c’est un message inédit, incongru, inattendu, inclassable. Il y a là soudain quelque chose de nouveau qui échappe au code établi et qui fait sens : « Le message gît dans sa différence avec le code »[8]. Il y a quelque chose de déviant qui apporte un sens nouveau. Mais Lacan nous dit aussi que le mot d’esprit n’est vraiment accompli qu’une fois que l’Autre l’a reconnu comme tel. La différence du message avec le code, dit-il, est sanctionnée comme trait d’esprit par l’Autre. Il y a donc deux axes importants pour que soit authentifiée la vraie valeur d’un Witz : la technique du signifiant et la nécessité de la sanction de la reconnaissance par l’Autre.

« La sanction du tiers Autre, qu’il soit supporté ou non par un individu est ici essentielle. L’Autre renvoie la balle, il range le message dans le code en tant que trait d’esprit, il dit dans le code – Ceci est un trait d’esprit. Si personne ne le fait, il n’y a pas de trait d’esprit. Si personne s’en aperçoit, si famillionnaire est un lapsus, cela ne fait pas un trait d’esprit. Il faut donc que l’Autre le codifie comme trait d’esprit, qu’il soit inscrit dans le code de par cette intervention de l’Autre. »[9] Le peu de sens du Witz est accueilli par l’Autre comme le pas du sens – un pas en avant du sens. La structure du Witz nous enseigne la technique du nouveau.

La fonction du Nom-du-Père est ce qui à la fois représente la loi et accueille l’exception. Lacan, dans ce Séminaire v, va faire la liaison du Witz et du Nom-du-Père. Le Nom-du-Père, c’est : « Ce qui autorise le texte de la loi, qui se suffit d’être lui-même au niveau du signifiant. »[10] Le Nom-du-Père est le signifiant qui donne support à la loi, qui promulgue la loi. C’est l’Autre dans l’Autre. Mais Lacan remarque qu’il « se passe quelque chose dans l’Autre qui symbolise ce que l’on pourrait appeler la condition nécessaire à toute satisfaction. À savoir que vous êtes entendu au-delà de ce que vous dites. »[11] Dans le mot d’esprit, l’Autre entérine un message achoppé, échoué. C’est là que Lacan pose une question essentielle, au niveau du nouage de la jouissance, du réel et du signifiant : que se passe-t-il avec le mot d’esprit d’un point de vue économique ? Quelle satisfaction de jouissance et de reconnaissance de l’Autre s’y trouve mobilisée ? Il s’intéresse au Witz en tant qu’il véhicule pour le sujet, vers l’Autre qui l’authentifie, une satisfaction de jouissance, de hors-sens, et une part de nouveau. L’Autre n’est plus seulement le siège du code aveugle d’une loi juridique : il intervient comme sujet entérinant un message inédit, hors-sens établi dans le code, et le compliquant. Il est déjà au niveau de ce qui fonde la Loi comme telle.

Lacan démontre que le Nom-du-Père est structuré comme un Witz en tant qu’il est, ce qui dans le code, peut dire oui au néologisme. Le code de la machine, code purement signifiant, lui, ne pouvant seulement dire que cela se trouve ou ne se trouve pas. Il faut que l’Autre soit au niveau du Nom-du-Père, pour comprendre comment le Witz fonctionne. On ne pourrait pas avoir le Witz sans le Nom-du-Père, parce qu’il faut que le Witz soit accueilli dans l’Autre et, pour ça, il faut qu’il y ait quelqu’un représentant la loi qui laisse passer, quelqu’un qui, dans le code, dans le langage au-delà d’une loi automatique, peut dire oui au néologisme, mais aussi accueillir le particulier et le nouveau, surtout lorsqu’ils prennent les voies de la déviance ou du hors-sens. Ce n’est pas la Loi qui sert la justice, laquelle est aveugle. Puisqu’elle s’applique comme une règle qui fonctionne toute seule, elle confond la règle et le signifiant maître. Mais c’est une Loi structurée comme le Witz, qui accueille une modalité particulière de jouissance. La Loi, pour Lacan, n’est donc pas la règle, et c’est pour cela qu’elle doit comporter la fonction de ce qui la fonde. C’est ça, ce qui donne à la Loi son autonomie : la Loi et le père lacanien permettent d’accueillir du nouveau et une satisfaction économique.


Une Loi à partir du Witz

Dans une institution, il faut donc un lieu capable d’entériner le message, comme le démontre le Witz, capable d’accueillir du nouveau. Le nouveau dans la langue est ce qui, de la jouissance, trouve une nouvelle modalité de jouissance. On passe ainsi du conflit avec l’Autre ou de court-circuit de l’Autre à une mise en pratique d’une modalité de nouage ou d’ancrage. Ce n’est donc pas la loi du maître aveugle, c’est la Loi qui fait attention aux cas particuliers, qui sait faire la différence et qui a la responsabilité non pas tant d’opposer que d’apposer une réponse différente à l’agitation, l’agressivité, la bagarre, l’interprétation persécutrice d’un geste ou d’une phrase. C’est une Loi accueillante, à ce qui déborde le sujet, ce qui se situe dans un conflit imaginaire à l’autre. Il s’agit donc, dans l’institution, d’établir une politique capable de recevoir ce qui, du nouveau, demande à être authentifié par l’Autre. C’est ce qui a prévalu à la création d’une instance comme le Conseil dans l’hôpital de jour que j’ai dirigé.


Face au réel, s’orienter d’un semblant à condition de s’en servir pour créer une place accueillante à la jouissance du vivant

En même temps que Lacan pose le Nom-du-Père, il pose ce qui le met en doute ou en question. On trouve déjà, dans ce Séminaire v, l’esquisse de sa proposition plus tardive : « Le Nom-du-Père, on peut s’en passer à condition de s’en servir. »[12] Le Nom-du-Père n’a pas une position ontologique, ce n’est pas un être, mais un instrument, un semblant. Il permet que l’on s’y retrouve, que l’on s’oriente dans le rapport de chacun à la Loi du langage, au monde des signifiants. Pour Lacan, l’ordre du langage qui supporte toute organisation de la Loi ne s’accomplit pas sans que le désir ne préserve la place du vivant, c’est-à-dire ce qui fait sa jouissance de corps vivant sexué. Le vivant étant la rencontre du signifiant et de la chair : la marque au fer rouge du signifiant.

Ainsi il convient de ne pas oublier que le signifiant porteur de la Loi du langage introduit aussi le sujet à la jouissance, en trop ou en moins, avec d’un côté un effet de castration, de mortification de jouissance et, d’un autre, l’effet de ce qui vient aussi marquer cette jouissance.

Les institutions que les lois de la parole engendrent doivent laisser une place autre, tout en la réfrénant, à ce qui fait la jouissance du sujet. C’est la leçon clinique que Lacan nous donne notamment à propos des psychoses. Le schizophrène n’a de cesse, de par son ironie, de dénoncer l’imposture du signifiant.

La psychanalyse a là une responsabilité clinique et éthique de faire savoir que, de structure, il y a à réserver à la jouissance du vivant, dans une institution, une place centrale, celle d’une impossibilité à s’inscrire dans le système symbolique. Il n’y a pas, même pour le névrosé, de symbole zéro, ni de zéro défaut, en tant que le système tendrait à réduire le vivant au signifiant zéro, au défaut zéro. Il y a toujours un reste de jouissance insymbolisable dont le sujet névrosé fera justement la cause de son désir. C’est pour cela que Lacan a inventé un symbole différent du symbole zéro qui est : « S de grand A barré : c’est le signifiant du manque du symbole zéro »


Le lieu de l’impossible

Une institution devrait prévoir la constitution, la création, d’un lieu permettant d’écrire ce S de grand A barré comme lieu de l’impossible. S de grand A barré est ce signifiant qui marque une impossibilité dans le système. C’est le lieu du non-savoir, là où à la fois doit s’inscrire une position de savoir ne pas savoir du côté de l’Autre, et, du côté du sujet, une prise possible d’énonciation, en réponse à ce trou dans le savoir dû à la jouissance insymbolisable, celle du vivant sexué. Dire qu’une institution inscrit une structure et un lieu tels qu’ils répercutent à tous les niveaux le manque de ce symbole zéro - cette place du non savoir - c’est assurer la possibilité d’inscription du nouveau que recèle en elle la jouissance hors-sens. Il faut un lieu, structuré selon le mode du trait d’esprit du Witz, qui puisse « dire que oui » à ce qui du nouveau sur fond de l’impossible surgit. Le pacte fondamental avec la parole change alors de sens et d’orientation. Cela revient à réserver à la jouissance du vivant la place de cet impossible en tant que « délivrance du sens ». L’interdiction de l’inceste est la loi fondamentale de l’être humain qui suppose « une communauté naturelle » de ceux qui ratent la référence à la jouissance primordiale mythique et perdue. Le langage, dit Lacan, ne vise que « l’être de la trace d’un néant » Le sujet parlant s’instaure de la jouissance de cette rencontre manquée. Éric Laurent précise que le premier niveau du nouage entre la Loi et le désir désigne le langage comme artefact nécessaire justement pour véhiculer et articulé le désir.


Une institution pragmatique. Le conseil ou ce qui ne cesse d’inventer l’institution

« À l'intérieur du collectif, le psychotique se présente comme le signe en impasse de ce qui légitime la référence à la liberté. »[13] S’agissant d’un collectif d’une vingtaine d’adolescents psychotiques, d’un hôpital de jour appartenant à un hôpital psychiatrique, il est souvent difficile de soutenir que, au-delà des difficultés que fait surgir un adolescent au niveau de la norme et du règlement, nous avons à savoir nous faire le partenaire de ce sujet qui nous fait alors signe de son impasse et de démontrer qu’il y a là un sujet qui est mis au travail de traduction de la chose innommable. Il faut, pour cela, introduire une clinique psychanalytique rendant opératoire la dimension de la psychanalyse appliquée à la pratique en institution – soit celle qui, inventant un cadre, autorise la dimension de l’acte.


Dire que oui

Si l’idée répandue qu’un adolescent perturbé a besoin d’un cadre n’est pas fausse, celui que nous avons mis en place à La Demi-lune était orienté par une clinique du rapport singulier de chacun au langage, qui s’appelle la jouissance et s’appuie sur la fonction affirmative du Nom-du-Père, celui qui « dit que oui », à la rencontre du sujet, au travail de nomination qu’il produit, à son invention, et qui authentifie la dimension de l’acte[14].

Ce cadre s’organisait à partir d’un lieu, le Conseil. Il s’agissait d’une réunion bi-hebdomadaire où étaient invités tous les acteurs, adultes ou adolescents, de La Demi-lune. Cette réunion incarnait, pour l’ensemble de l’institution, la place du non-savoir. Elle fonctionnait selon la modalité d’une conversation à plusieurs, à partir des différents sujets écrits sur le cahier de bord de l’institution. Dans ce Cahier, chacun pouvait venir laisser sa trace, celle de son impasse ou de son invention. Comme lieu du non-savoir, le Conseil adoptait et incarnait la fonction de l’Autre barré authentifiant, pour chacun, la production d’un sujet au travail. L’inscription de cette fonction exigeait que nous incarnions justement une position de non-savoir, en nous orientant à partir de ce lieu où « il s’avère que, toujours en quelque point à situation variable, y prévaut un rapport fondé à la liberté. »[15] Le paradoxe ici, c’est que ce cadre autorisait un lieu nouveau qui se déduit d’un acte. Il accueillait les conséquences institutionnelles qui, pour chaque adolescent, découlaient de l’acte.


À L’aune du Witz

Dans un établissement de soins donner sa place à cette loi qui accueille le Witz, échappant à la règle aveugle du langage permet de traiter, d’une façon originale, son économie. Dire que oui au nouveau, soit le style d’une modalité particulière de jouissance propre à chacun, permet en retour de modifier l’économie de jouissance du lieu de soins, en faisant varier son essence qui est de réfréner la jouissance. Le souci ayant présidé à la création de l’instance du Conseil dans cet établissement répondait à la nécessité d’un tel lieu comme fiction nécessaire, établie selon la fonction de l’Autre capable d’accueillir la trouvaille du sujet. Ce lieu s’est déduit d’un acte fondateur, celui de l’écriture d’un projet. L’institution qui s’est inventée à partir du lieu du Conseil, de ce qui s’y disait et s’y entendait, était alors le champ d’accueil du nouveau dans la langue, modulant la jouissance en une décision et un capitonnage hors sens inventé par le sujet. En retour, c’est l’orientation de notre travail, qui s’est inventée dans ce lieu, et nous a permis de créer ce lieu en réponse à l’opposition entre la loi et la règle.

Pour de nombreux psychotiques, la fonction du code du langage n’opère pas, faute du secours d’un discours établi. Le Conseil est entré en fonction pour chaque sujet, comme recours à un discours à plusieurs où pouvait se recueillir, à partir de ce qui avait « fait trace », le message d’une énonciation inédite. Le Conseil a été ce lieu, appliqué à l’établissement de soins, qui a inventé une institution sachant accueillir le hors-discours de la psychose.

Ce lieu du Conseil, a donné chance de savoir-y-faire avec « les tâches difficiles qui sont imposées à l’éducation »[16], que Freud énonce en trois points, « reconnaître la singularité constitutionnelle de chacun : deviner ce qui se déroule dans sa vie psychique immature, dispenser la juste mesure d’amour, tout en conservant une part efficace d’autorité »[17]. Ces tâches incombent à un centre de soins pour adolescents. Notre idée a été d’offrir une « éducation freudienne », structurée autour d’un lien à la cause analytique, soit le nouage, à inventer, entre le réel en jeu et la fonction signifiante qui « dit que oui ».


L’au-moins-un en plus

Le Conseil s’est soutenu de la fonction affirmative du Nom-du-Père en tant que signifiant auquel on peut faire appel. Pour que l’appel qui véhicule le message soit authentifié, nous avons supposé deux choses : d’une part, qu’au moins-un vienne dans le Conseil incarner, de par son désir singulier et son acte fondateur, une fonction de plus-un et d’autre part, qu’au moins-un dans le quotidien, s’inspirant de la pratique à plusieurs articulée au Conseil, se trouve au point de rendez-vous auquel l’adolescent le convoquait lorsqu’il était pris dans quelque chose qui le dépassait et dont il tentait de « faire trace »[18].

Il s’agissait d’offrir une présence inédite, un point de rencontre où l’adulte soit au rendez-vous du sujet, là où celui-ci est en impasse, là où se manifeste une invention, là où il n’a pas le secours d’un discours établi. Il lui était alors offert d’en passer par une référence à la lettre de l’écriture du « cahier de bord », instance qui se référait au Conseil. Il ne s’agissait pas de rappeler à l’adolescent la conformité d’une règle imposée, qu’il rejette le plus souvent. Mais il s’agissait, à partir de ce qu’il avait produit, d’écrire avec lui sur ce cahier ce qui s’était passé, et de lui permettre, par là même, de s’inscrire dans une série sérieuse d’adultes et d’enfants, qui constitue le champ de l’institution et s’incarnait dans le Conseil.

L’adulte n’a pas à savoir à la place des adolescents, il a à savoir y-faire une place à chacun par la référence au lieu de l’Autre, et à l’énonciation des adolescents comme sujets. Son acte de séparation, par rapport à ce qui fait signe d’une impasse, inscrit le sujet dans un temps logique. Le vecteur du cahier de bord prenait en compte l’instant de voir ce qui se jouait, tout en ouvrant au second temps, celui du moment de comprendre qu’il fallait en parler au Conseil, de s’y rendre présent pour, dans le moment de conclure, faire entendre sa voix et son énoncé. Nous prenions en compte le temps qu’il faut pour le sujet, pour se faire à l’être[19]. Lacan indiquait « ce qu’il faut de temps pour faire trace de ce qui a défailli à s’avérer d’abord »[20]. Le cahier de bord était la possibilité d’écrire ce qui faisait trace, permettant un usage de la lettre dans un champ où l’on s’orientait, pour lire avec ce sujet ce qui s’était écrit de lui, afin de l’inscrire dans un lien, là où, pour lui, il y avait le signe d’une impasse. Il écrivait la référence à la liberté.





L’invention Conseil

Nous avons donc inventé un appareil susceptible de trouver une application dans ce qui fait la psychopathologie de la vie quotidienne en institution. Il s’offrait, là où régnait l’empire de la forclusion d’un discours établi, comme une suppléance offrant une modalité de nouage possible avec le symbolique, là où le réel et l’imaginaire occupent le devant de la scène. C’était le lieu d’une conversation sur la jouissance, offrant la possibilité d’une nomination, permettant au sujet de traduire dans la langue ce qui lui arrive. Il s’agissait là que chacun puisse arriver à se faire un nom. Le Conseil fut l’invention d’une institution sur laquelle nous nous réglions, et qui se réglait elle-même sur le cahier de bord. Il s’orientait selon une mise en série et devenait ce qui faisait autorité clinique, incluant une logique inédite – l’acte et le compte-rendu de l’acte référé au Conseil.

Chaque adulte devenait ainsi le recours, voire le secours permettant à l’enfant d’acquérir une place : celle d’une prise d’énonciation, liée à un acte incluant une temporalité logique. C’est là, en ce lieu, que s’est fondée notre pratique à plusieurs, là que chacun y a mis du sien en prenant le risque d’une position d’énonciation. Cet appareil, là où le secours du langage faisait défaut, là où la fonction d’articulation n’entrait pas en jeu, fonctionnait à partir de trois organes de suppléance, trois instances : le cahier de bord, soit ce qui fait trace ; le Conseil, soit le lieu de conversation ; le Collège d’orientation, soit le point extime permettant de traiter le particulier de chacun au-delà du Conseil. Sa stratégie était aussi de présenter chaque membre de l’équipe comme un élément décomplété, se référant et s’articulant à ce nouage à trois inédit. Chacun venait incarner au quotidien comment ce champ de l’Autre, structuré de façon borroméenne, par l’écriture, pouvait se faire partenaire de l’acte « de produire un sujet »[21].

Ainsi, au moment où pouvait être énoncée une règle, le plus souvent surmoïque, l’adulte apportait une scansion ayant valeur de sanction. Il s’autorisait à se régler sur le Conseil, sur ce qui réglait la vie du collectif, à partir de l’invention ou du signe en impasse, en prenant acte de ce qui se disait ou faisait. Ce lien n’a pu s’organiser qu’à partir du cahier de bord sur lequel se situait ce qui faisait trace. C’est dans cette prise d’énonciation, à propos de la trace du texte établi, que surgissait toujours du nouveau.


Nabil ou « L’ordre des chevaliers de l’amitié et de la chaussure »[22]

Un jour, une infirmière me fait part de la proposition qu’elle a faite à Nabil, un adolescent de quinze ans, de me rencontrer pour parler de ce qui se passe pour lui avec les chaussures, parce qu’il lui avait dit qu’il se sentait perdu. Nabil a en effet la particularité de demander à certains adolescents de le suivre dans une pièce et, là, il exige qu’ils retirent leurs chaussures, en prend une, se couche dessus et se masturbe avec. Cette « pratique » de la chaussure, qu’il appelle « mon habitude de faire » est devenue très difficile à supporter pour l’ensemble de l’institution. Bien des choses ont été essayées, en vain.

Je propose à Nabil de le rencontrer dans sa pièce favorite, celle de sa pratique. Il veut bien, mais se présente accompagné de deux autres adolescents qui le suivent partout. Nous faisons une petite réunion, et je décide avec solennité de créer avec eux « L’ordre des chevaliers de l’amitié et de la chaussure ». À la fin de cette rencontre, j’inscris avec lui cette invention sur le cahier de bord, et je l’annonce au Conseil. Ce faisant, j’élabore, pour le temps qu’il faudra, un nouveau lieu, faisant usage de la langue sur son versant métaphorique, tout en incluant dans cet énoncé l’objet métonymique, l’objet de jouissance dont s’appareille Nabil et qui préoccupe l’institution.

La métaphore que je propose est structurée comme un mot d’esprit, ce qui n’échappe pas au Conseil : lors de la déclaration de cette invention, chacun rit. Cela produit aussi une énigme.

J’interviens sous le signe d’un signifiant, selon une stratégie qui vient capitonner et donner un semblant d’ordre, là où régnait le désordre. Il s’agit de la création de « L’ordre des chevaliers » non plus soumis à la loi capricieuse de la chaussure, à laquelle Nabil semble être lui-même soumis. J’interviens aussi, d’une certaine façon, au niveau d’une loi accueillante, celle du langage, nécessitant une mise en ordre des mots. Un mot tout seul ne voulant rien dire, je l’articule à un autre. Cela devient un signifiant se séparant de son signifié. Je dis que oui à la pratique de Nabil, je dis que oui à la pratique d’un sujet se trouvant dans une impasse, parce qu’il y est tout de même au travail. À partir de la chaussure comme objet de jouissance solipsiste, voire autistique, je tente le pari d’un ordre de l’amitié, d’un nouvel ordre social à établir puisque l’amitié est aussi un signifiant maître auquel Nabil est soumis d’une façon particulière ; il nomme « ami » un infirmier qui a la particularitéd’avoir le même prénom que son pigeon – que Nabil a plumé vivant.

J’accueille donc l’exception Nabil, celui qui contrevient à la règle, au point d’acculer certains à répondre au niveau d’une règle automatique établie par le maître aveugle. J’entérine le message en le compliquant de façon énigmatique, ce que le Conseil ne manque pas de remarquer. On se met alors à parler de cet « ordre des chevaliers ». C’est l’ordre des chevaliers inexistants. Lorsqu’on en parle au Conseil, c’est Nabil qui prend de façon très sérieuse la parole en expliquant qu’on parle de chaussures et de l’amitié. Il y a, à partir de la chaussure, quelque chose, pour lui, du vivant sexué qui est en jeu, qui le travaille, c’est sa chose sûre/chaussure tout en le débordant. C’est en acte l’élévation de la chaussure à la dignité d’un signifiant, à condition de l’articuler dans une chaîne signifiante lui offrant la possibilité de ne plus se déchainer sur la chaussure comme objet signifié.

Lors de notre première réunion, j’ai aussi posé un acte séparateur, en enlevant ma chaussure que j’installe à la place centrale en la posant sur la table : cela ne concerne plus les débats des dessous de table dont se gargarisent les réunions institutionnelles pour savoir comment faire. Je démontre en acte mon savoir-y-faire. L’objet de jouissance et de délit se trouve ainsi mis au centre de la table et de la réunion de cet Ordre des chevaliers qui ne savent pas de quoi ils vont parler. Au cœur du trou dans le savoir, surgit la jouissance de la chaussure. Cela déclenche chez Nabil un moment d’intense jubilation, au cours duquel son regard entre en jeu, mais sur le mode de l’en-trop. Il ne supporte pas de regarder cette chaussure, tombe de sa chaise, se cache sous la table. N’ayant pu se séparer du regard, c’est lui qui chute. Ce n’est pas l’objet regard qui là, est en jeu mais son corps vivant qui vient faire corps de jouissance avec la chaussure. Au début de chacune de nos réunions suivantes, il prendra les autres chevaliers à témoin, en leur disant : « Tu as vu ce qu’il fait, Philippe ? Il enlève sa chaussure ! » Puis, il s’adresse à moi et me dit que cela ne se fait pas, puis me demande de ne pas le faire, car il a peur. Une création métaphorique fondée sur une loi accueillante, en inventant un lieu où, de l’impossible, peut surgir une prise de parole inédite, mettant en jeu, pour Nabil, le regard et le corps vivant. Un « dire que oui » à son « habitude de faire », à son usage de la chaussure, s’avère pour lui devenir le lieu d’une inter-diction, dans le sens où, maintenant, cela se dit entre les chevaliers. Cet ordre, formation humaine inventée, a dès lors, pour essence et non pour accident, de réfréner la jouissance en jeu.

En prenant appui sur ce non, il va s’orienter vers la nomination. Il va traiter le réel de la chaussure par un comptage. Il s’intéresse à ce qui, de la chaussure, s’inscrit dans une marque, dans un processus de nomination. Grâce au trou ainsi introduit, à la séparation possible d’un certain usage de jouissance, il donne la préférence à la marque, l’insigne de la chaussure. L’objet chaussure devient l’objet comptable à partir duquel une entreprise de traduction de la jouissance s’instaure dans un chiffrage de la jouissance de l’Autre de la chaussure, comme il le démontrera en nommant chaque adolescent à partir de la marque de chaussures qu’il porte. Une entrée dans la réalité différentielle du signifiant, celle de sa nomination dans un ordre commun est ici à l’œuvre.




Philippe Lacadée




[1] Laurent É., « Stratification clinique de la loi », Mental, n° 8, septembre 2000.

[2] Lacan J., « Fonctions de la psychanalyse en criminologie », Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 129.

[3] Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », Écrits, op.cit., p. 814.

[4] Lacan J., « Fonction de la parole et champ du langage dans l’expérience psychanalytique » Écrits, op.cit., p. 272.

[5] Lacan J., Le Séminaire, livre v, Les Formations de l’inconscient, Paris, Seuil, p. 202.

[6] Lacan J., Écrits,op.cit., p. 277.

[7] Lacan J., Le Séminaire, livre v, Les Formations de l’inconscient, op.cit., p. 146.

[8] Ibid., p. 24

[9] Ibid., p. 25.

[10] Ibid., p.146.

[11] Ibid.

[12] Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le Sinthome, Paris, Le Seuil, 2005, p. 136.

[13] Lacan J., « Allocution sur les psychoses de l’enfant », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 363.

[14] Lacadée Ph., “ La Demi-lune : une version d’un travail à plusieurs ”, Les Feuillets du courtil n° 20, publication du Champ freudien, pp. 31-54.

[15] Lacan J., « Allocution sur les psychoses de l’enfant », op.cit., p. 362.

[16] Freud S., « Éclaircissements, applications, orientations », Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1984, p. 200.

[17] Ibid.

[18] Lacan J., « Radiophonie », Autres écrits, op.cit., p. 428.

[19] Lacadée Ph., « Le temps mode d’emploi », Les Feuillets du Courtil, Préliminaire, Série spéciale pour le RI3 Ve Journées du RI3 2001, p. 18.

[20] Lacan J., « Radiophonie », op.cit.

[21] Miller J.-A., « Produire le sujet ? », Actes de l’École de la Cause freudienne, n° 4, mai 1983.

[22] Lacadée Ph., « La poésie au secours de l’expérience de jouissance », Journées internationales du Champ freudien, 20 juillet 2002.




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