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Le goût des mots et l’amour de la langue - Philippe Lacadée

« Plongé dans un univers familial, une culture, une langue dont il fait provision, l’enfant goûte aux mots entendus ou trouvés dans les livres et absorbe toutes les émotions auxquelles il est confronté dans sa relation à l’autre. Ces nourritures-là, il les dévore ou les déguste, les grignote ou les détourne, les absorbe ou les recrache. Elles seront ses aliments de base. »[1] C’est une phrase de l’argument des journées professionnelles de la Fête du livre de jeunesse qui avait pour thème « Se nourrir pour grandir ». J’y avais été invité par Jeanne Benameur, elle avait lu mon livre Le Malentendu de l’enfant.


Quelles sont ces nourritures et aliments de base ?

Si l’enfant grandit dans un bain de langage [2] où il est plongé dès sa naissance, on peut dire, en accord avec cet argument, que les mots sont le plus souvent une nourriture essentielle pour le petit d’homme. D’y trouver, grâce à l’Autre qui lui parle, le goût des mots et l’amour de la langue ne l’empêche pas d’y rencontrer la part du malentendu si nécessaire à sa construction subjective.

C’est de la façon dont l’Autre qui s’occupe de lui lui offre ses mots que, de façon paradoxale, le petit d’homme se nourrit de quelque chose d’indicible incarné dans une certaine présence qui se nomme amour et désir. C’est, en effet, dans la dialectique entre la demande d’amour et l’épreuve du désir que le développement du petit enfant s’ordonne. C’est dans cette rencontre avec le désir de l’Autre, qui justement ne lui dit pas tout, car de toute façon il ne le peut pas, que l’enfant va réussir à loger son être, son corps d’enfant, à partir de ce qu’il vit et éprouve dans ses sensations ou tensions immédiates.

C’est là le malentendu, comme version de l’indicible inhérent au langage dans lequel réside aussi le mystère de son origine, comme ne cessent de le dire si bien les poètes Baudelaire et Mallarmé, mais aussi les auteurs de livres pour enfants. « Le monde ne marche que par le malentendu, c’est par le malentendu universel que tout le monde s’accorde. Car si par malheur on se comprenait, on ne pourrait jamais s’accorder »[3], écrit Charles Baudelaire. Pour Stéphane Mallarmé, le malentendu est l’autre nom du mystère qui se trouve « inscrit au fond de notre être, là où il doit y avoir quelque chose d’occulte au fond de tous, […] quelque chose d’abscons, signifiant fermé et caché qui habite le commun ». Avant d’accéder à ce « signifiant fermé et caché » qui allait constituer toute son œuvre, Mallarmé avait traversé en silence une longue période difficile, dont il parle dans une lettre à son ami Cazalis : « en creusant le vers à ce point, j’ai rencontré deux abîmes, qui me désespèrent. L’un est le néant […] Oui je le sais, nous ne sommes que de vaines formes de la matière, mais bien plus sublimes pour avoir inventé Dieu et notre âme. Si sublime, mon ami ! que je veux me donner ce spectacle de la matière, ayant conscience d’être et cependant, s’élançant forcément dans le rêve qu’elle sait n’être pas, chantant l’Âme et toutes les divines impressions pareilles qui se sont amassées en nous depuis les premiers âges et proclamant devant le rien qui est la vérité ces glorieux mensonges ! » [4]


L’énigme de l’enfant

Malgré tout le savoir que l’on voudrait obtenir sur ce qu’est un enfant, au point pour certains de penser que ce qui les gêne, sa soi-disant hyperactivité ou ses actes incohérents, serait directement inscrit dans ses gènes, l’enfant est et restera une énigme, avant tout pour lui d’ailleurs, liée à ce « signifiant caché et fermé », ce « quelque chose d’occulte » dont parle Mallarmé. Cette énigme sur laquelle nous avons à nous pencher, faisait dire à Freud que l’enfant se présentait plutôt comme pervers polymorphe, mettant en évidence que la question de sa sexualité infantile ne se résume pas qu’à son sexe mais au plaisir ou à la jouissance, aux satisfactions indicibles qu’il cherche, qu’il prend ou reçoit de sa relation à l’Autre, ou à lui-même, c’est-à-dire de son propre corps dont il fait parfois un usage bizarre. Il y a quelque chose d’obscur, de fermé, inscrit au fond de lui auquel il tient comme à son propre bien qui fait que l’Autre ne saisit pas ce dont il jouit. Il jouit là, de l’usage insolite d’où s’origine une grande part du malentendu.

À peine l’enfant commence-t-il à parler, à s’affairer, à se débrouiller avec la parole, les mots et les signifiants, qu’il pose des questions. Il embarrasse son entourage de questions importunes, il le presse jusqu’à ce que cet entourage lance dans l’énervement voire le désarroi : « Mais que veux-tu, enfin ? » Question qui laisse affleurer d’autres questions : « Qui est-il, cet enfant-là ? » ou « Qui est-il celui qui parle ainsi ? »


Les questions de l’enfant

La question de ce qu’est un enfant recouvre donc celle de savoir ce qu’il veut, mais aussi celle plus insidieuse de ce qu’on a voulu vraiment quand on a fait ou accueilli cet enfant-là, et qu’apparaît celui qui soudain est là non plus l’enfant rêvé mais l’enfant bien réel qui vit là dans son corps vivant bien à lui.

L’enfant trouve là son assiette subjective, dans cette place laissée vide pour lui, pour le sujet en devenir qu’il est, quand l’Autre s’adresse à lui ou prend du temps pour lui lire une histoire, son livre pour enfants. Ce que l’enfant ainsi entend et saisit là, même s’il n’en a pas encore le sens, c’est que l’Autre lui offre dans ses mots, issus de la bouche désirante de sa présence, une place creusée dans le cœur de son désir, du désir de l’Autre. Place d’où, dans l’intervalle des mots ainsi offerts, il pourra, en retour et en réponse, s’adresser à l’Autre souvent d’ailleurs en en réclamant encore plus, « Encore plus de toi, de cet espace qu’ainsi tu m’offres ».

Il faut bien saisir, que tout cela n’est qu’une histoire de rencontre et de contingence. C’est dans ces espaces de l’indicible et de l’innommable que l’enfant posera, à partir de ses questions, dans et avec le langage, la question essentielle de sa place et de son désir dans le langage. Dans ses questions incessantes, le plus important est justement ce moment où l'enfant émerge lui-même de sa propre question ; ce moment où il apparaît en tant que sujet et se trouve être en recul, signalant à l’Autre par l’usage du mot, du langage, du signifiant qu’il choisit, qu’il se trouve lui-même dans sa question. Par cette question, l’enfant proclame sa place de sujet et tente de se faire représenter par un signifiant auprès d’un autre. Il interroge le signifiant qu’on utilise, s'en empare, voire s’en pare, pour nous dire qu’il est là, lui aussi. Il se sert du langage pour interroger l’Autre sur la valeur de son être : « Que suis-je là pour toi ? »

Le Pourquoi ? que l’enfant ne cesse d’adresser à l’Autre, dans sa rencontre avec les mots, ne fait que témoigner qu’il sait sans le savoir que, derrière tout mot entendu, qu’il soit dit ou lu, se cache le désir de l’Autre, qui lui révèle que le langage devient l’habitat où se logera l’essentiel de sa vie, lié au malentendu dans lequel réside le mystère de son origine.

L’Autre ne cesse de chercher à comprendre ce que veut cet être énigmatique, ce jeune sujet qui n’est jamais satisfait de ce qu’on lui répond, ni de l’objet qu’il réclame, jamais satisfait de ce qu’on lui donne. Que veut donc cet enfant à travers ce qu’il me demande ? Et de quoi jouit-il ?

Et c’est aussi le moment où il est à noter que l’enfant va se servir du langage pour appareiller sa jouissance, pour en faire un usage de jouissance au-delà de toute compréhension de l’Autre, ce que Lacan nomma lalangue.


L’apprentissage de la langue

Aujourd’hui, on fait du langage un organe, selon Chomsky, mais le langage n’a rien de naturel et, dans ce sens, il n’y a pas d’être brut du langage. Le langage est de part en part historique et, si peu naturel qu’on peut penser qu’il est surnaturel comme le dit la parole Au commencement était le verbe. Ou alors, on fait du langage le résultat seul d’un apprentissage, effectivement il y a l’apprentissage d’un code pour parler comme tout le monde pour autant que cela ait un sens. « Mais si on a besoin de vous apprendre à parler comme tout le monde, c’est justement que votre premier mouvement, quand vous êtes tout petit, ce n’est pas de parler comme tout le monde mais de vous bricoler une langue à vous à partir de celle des autres. »[5] Il suffit de suivre le développement du petit enfant pour s’apercevoir qu’il se forge sa langue privée à lui, sa langue spéciale, et que la langue se prête à tous les malentendus. Ce sont justement ces malentendus qui font des effets de sens.


Que me veut cet Autre ?

Il y a ainsi pour l’enfant un moment logique où il affronte, sans en savoir le sens, l’existence des mots, de la parole, leur usage, le code qui les régit. Le lien entre les choses si proches et ce qui s’appelle un phonème ou un mot lui apparaît énigmatique. C’est un moment de discordance entre la chose, si proche et si réelle, qu’il veut et qu’il exige comme étant à lui ou comme partie de lui parce qu’il en a eu l’usage, et ce mot étrange. Le voilà obligé d’en passer par les mots pour dire ce qu’il veut, et dès lors, un réel inassimilable se révèle à lui. Un écart se creuse entre cette chose qu’il veut et le mot énigmatique qui ne sert qu’à la représenter sans lui permettre de retrouver l’usage de jouissance qu’il en a eu, même s’il tire un autre usage de jouissance de la répétition du mot.

C’est au travers de ces mots, dans ce que l’Autre lui dit, mais aussi dans ce qu’il n’arrive pas à dire lui-même, ou de lui-même, que l’enfant va faire l’épreuve d’un malentendu fondamental, celle d’un manque, d’un manque à être de son côté, celle aussi d’un manque dans l’Autre. C’est « dans l'intimation même que l’Autre lui fait par son discours [...] — ilme dit ça, mais qu’est-ce qu’il veut ? que l’enfant va faire l’épreuve du désir de l’Autre ». C’est dans les manques du discours de l’Autre et du sien propre que gîte le manque d’où s’origine le désir. Lacan nous apprend en effet que ce qui cause le désir c’est le manque, que ce soit de la chose, de l’objet ou la part de lui-même, de sa jouissance sacrifiée, celle qu’il a cédée, ou perdue pour s’aventurer, comme tous les êtres humains qui l’entourent, dans ce pays étrange qui est celui de la parole. Cette perte donc est liée à la structure-même du langage.

Le désir de l'Autre apparaît au sujet dans ce qui, du discours de l’Autre fait énigme. Tous les pourquoi, toutes les questions de l'enfant, s’originent de là. Ils ne témoignent pas seulement d’une avidité de savoir ni d’une soif d’explications sur la raison des choses, mais sont, pour l’enfant, une mise à l’épreuve de l'adulte : « Pourquoi me dis-tu ça ? », « Que me veux-tu en disant ça ? » Dans cette dialectique de l’épreuve du désir, ce que cherche l’enfant au travers des questions qu’il adresse à l’Autre, c’est qu’on prenne en compte son être d’objet, son être de jouissance, ce qu’il ne peut nommer et qui lui est profondément énigmatique. Il met de cette façon à l’épreuve ce qu’il a été dans le désir de l’Autre.

Comme tout sujet, il veut être aimé pour son être, il veut que l’on nomme son être, qu’on lui dise non pas tant le mot juste, mais juste un mot. N’oublions pas qu’il a été mis au monde comme objet du désir de l’Autre. Il cherche donc à saisir ce qu’il a été pour cet Autre et c’est pour ça qu’il met en jeu sa propre disparition en se cachant, et parfois en refusant de se nourrir ou de satisfaire à l’exigence de l’Autre. Il importe donc de ne pas oublier que l’enfant n’est pas d’abord sujet mais objet, objet du désir de l’Autre en tant que pur vivant. Jacques Lacan fut radical en disant que l’enfant « dans le rapport duel à la mère, lui donne, immédiatement accessible, ce qui manque au sujet masculin : l’objet même de son existence, apparaissant dans le réel ».[6] Le sujet n’est donc pas là d’emblée, il y a d’abord l’Autre qui est là pour l’enfant et la façon dont cet Autre a commencé à parler de lui.


Le malentendu de naissance

Freud nous a « refilé un filon à exploiter », dit Lacan de façon provocante. « Tous autant que vous êtes, qu’êtes-vous d’autres que des malentendus ? Le nommé Otto Rank en a approché en parlant du traumatisme de la naissance. De traumatisme, il n’y en a pas d’autre : L’homme naît malentendu ».[7] C’est sur fond de ce malentendu que nous situerons les questions essentielles de l’enfant, l’énigme de l’enfant, mais aussi le fait qu’il a un corps. Et il nous semble que c’est ce que l’on retrouve dans de nombreux livres pour enfants.

L’enfant est ainsi : il naît malentendu et c’est comme cela que son corps fait son apparition dans le réel de sa vie. Le corps de l’enfant est le fruit d’une lignée qui, elle aussi, nageait dans le malentendu tant qu’elle pouvait. C’est ce que les parents transmettent en donnant la vie. C’est de ça dont tout enfant hérite. L’enfant portera la marque d’un certain mode de parler qui est le reflet de la façon dont ses parents l’ont accepté. Il gardera la marque de la façon dont il a été désiré par tel type de mère ou tel type de père. Et c’est ce qui explique le plus souvent le malaise de certains enfants. Donc le Malentendu est déjà là, chaque enfant fait partie du bafouillage de ses ascendants. Il n’y a pas d’autre traumatisme de la naissance que de naître comme désiré, disait Lacan.

Nous avons vu qu’entre l’enfant et l’Autre, du fait du langage, il y a un écart. C’est de cet écart qu’émerge la mère qui, pour Lacan, est tour à tour le représentant tyrannique du chaos ou le messager de la vie capable d’apporter le signifiant pacificateur. La mère tient lieu de représentant de l’Autre auquel l’enfant a à faire. Le Mange-Poussin de Claude Ponti en donne le meilleur exemple. L’enfant est pris dans un monde organisé par le code de l’Autre dont il ne possède pas la clef et à l’intérieur duquel il a à se loger. Il reçoit de l’Autre les attributs signifiants lui permettant de mettre, comme sujet, son existence en perspective. Aussi se trouve-t-il dépendre de cet extérieur tout-puissant, incompréhensible et capricieux qui s’impose à lui, dès le fossé creusé autour de son berceau. Ce fossé, cet écart, ce trou entre lui et l’Autre imprime dans l’inconscient un manque inexorable qui est pour toujours la marque que le sujet comme parlêtre entretient avec l’Autre.

Pour Lacan, dès sa naissance, l’enfant est un parlêtre, autre néologisme qu’il inventa pour illustrer comment, dans l’inconscient, le sujet est déjà sujet parlé, négocié par l’Autre, dans la mesure où on a parlé de lui bien avant qu’il ne naisse, bien avant qu’il ne prenne lui-même la parole. « Le parlêtre, c’est une façon d’exprimer l’inconscient. Le fait que l’homme est un animal parlant ».[8] Le terme de parlêtre permit ainsi de nommer le nouage inédit qui s’opère entre la parole et le vivant qui s’incarne dans le corps. Plus tard, il précisera. « Nous sommes des parlêtres, mot qu’il y a avantage à substituer à l’inconscient, d’équivoquer sur la parlote, d’une part, et sur le fait que c’est du langage que nous tenons cette folie qu’il y a de l’être. Pour ce parlêtre »[9], il existera toujours un écart entre son être de vivant, ce qu’il est, la jouissance qu’il en retire et la façon dont on parle de lui, et dont lui-même parle de lui. « Il n’y a pas d’autre traumatisme de la naissance que de naître comme désiré. Désiré ou pas c’est du pareil au même, puisque c’est par le parlêtre. Le parlêtre en question se répartit en général en deux parlants. Deux parlants qui ne parlent pas la même langue. Deux qui ne s’entendent pas parler. Deux qui se conjurent pour la reproduction, mais d’un malentendu accompli, que votre corps véhiculera avec la dite reproduction ».[10]

L’intuition géniale de Lacan fut d’avoir mis, très tôt, en évidence la division du sujet du fait de la structure du langage qui l’imprègne, langage véhiculé et offert par le désir de ses parents.


La grande question du livre pour enfant

La grande question du livre pour enfant est dans ce qu’on suppose que l’enfant y entendra, dans ce qui lui permettra, non sans malentendu, de loger sa question essentielle « Pourquoi ? ». La littérature pour enfant suit toutes les questions qu’il rencontre, cet enfant [11]: la différence, notamment pour celui qui se sent différent (Petit bleu et Petit jaune), la quête d’identité (Vilain Petit Canard ou Poussin Noir), l’exclusion, le racisme (Blanche-Neige), le sexisme (Rose bonbon), l’homosexualité (Marius ou Mehdi met du rouge à lèvres), le handicap avec Le Lapin à roulettes, la maladie (Boule à zéro), etc.

Ce Pourquoi ? inclus dans la langue de l’enfant est l’indice que la nourriture des mots contient cette part essentielle d’énigme qui permet de grandir. D’ailleurs, l’enfant ne s’en satisfait pas et en veut plus. Il veut en savoir plus sur les deux grandes énigmes de toute existence, le sexe (différence sexuelle et origine) et la mort (perte et maladie), là où justement il n’y a pas de réponse possible. C’est ce que l’argument nomme « les émotions auxquelles il est confronté dans sa relation à l’autre » et qu’ont si bien compris la plupart des livres pour enfants.

Nous en avons deux beaux exemples avec L’Arbre sans fin de Claude Ponti, où tout le récit d’Hipollène correspond à un travail de deuil et avec Moi et rien [12] de Kitty Crowther, où l’image représente aussi bien la réalité de la petite Lila, qui a perdu sa mère, que le monde imaginaire dans lequel elle plonge en compagnie de son ami imaginaire Rien. S’ouvre alors un autre temps, celui de l’intime, qui est représenté, sans que pour autant le passage entre les deux mondes soit nettement signalé.

C’est ce que met en évidence, de plus en plus, l’album contemporain [13], qui va jusqu’à confronter l’enfant aux questions existentielles. La grande question, primé à Bologne en 2004, incite à réfléchir sur le sens de la vie. Dans Et puis après on sera mort, la question n’apparaît qu’à l’image, par le truchement d’un point d’interrogation récurrent devant la fragilité du vivant : la fleur qui perd ses pétales, le fruit qui se gâte. Ces albums ne cherchent pas à masquer qu’à certaines questions nul ne peut apporter de réponse.


Là où il n’y a un problème qui pose question et qui n’a pas de solution sauf à poser la question

L’idée du langage organe a inspiré le positivisme logique. Il nous fait croire qu’il y a des maladies du langage, des symptômes du langage, dus à une insécurité linguistique, et que la bonne philosophie serait une thérapeutique du langage, dont la logique devrait nous aider à apprendre à dire ce qui est, et donc à nous délivrer des faux problèmes. C’est une voie qui conduit à poser une certaine idée de la philosophie, comme une activité consistant essentiellement dans une élucidation permettant de clarifier les propositions pour que le langage s’ajuste à la réalité. À l’horizon, il y a la croyance que les problèmes se dissiperont. C’est ce que dit Wittgenstein, que la solution au problème de la vie, on la reconnaît à ceci que le problème est évanoui, soit que l’on va nous apprendre à ne plus poser le problème de la vie. « Une certaine idée de la culture, la philosophie, c’est le grattage de problèmes insolubles qu’il n’y a pas lieu de se poser. La philosophie, c’est d’apprendre à ne pas se poser de problèmes. » [14]

Or, on l’a vu, l’enfant semble avoir le culte de la question infinie qu’il ne faut jamais fermer. La psychanalyse nous apprend qu’« il y a un problème de la vie qui n’a pas de solution, mais qu’on ne peut pas ne pas se poser, et qui est : il n’y a pas de rapport sexuel pour l’espèce humaine »[15]. Toute la sagesse concernant les faux problèmes n’empêche pas que cette question-là se pose, même si la forme proportionnelle sous laquelle cette thèse est énoncée n’est pas satisfaisante : il n’y a pas de.

Ce qu’il s’agirait de cerner ici, c’est le bout de réel qu’on vise en disant « il n’y a pas de rapport sexuel », qui est la face négative du fait positif « il y a sinthome ». Lacan appelle sinthome le fait positif dont l’énoncé « il n’y a pas de rapport sexuel » n’est que la face négative.

Certains, Wittgenstein et Valéry, rêvent d’une philosophie qui s’annulerait elle-même parce qu’il n’y aurait plus de question qui vaille, mais s’ils pouvaient procéder à l’annulation de la philosophie, c’est qu’elle serait toujours sustentée de son rapport à la divinité, et ensuite de son rapport à la révélation. Il nous faut donc nous méfier de ceux qui voudraient nous faire croire qu’enfin la révélation d’un enfant sans problème peut exister, un enfant bien programmé qui n’aurait qu’à s’ajuster à l’absence de problèmes que l’on a décidé (Zéro défaut, Pas de Zéro de conduite). Surpris nous sommes de voir surgir ça ! Cela s’ordonne ainsi à ceci que nous avons le choix : ou la révélation d’un enfant génétiquement programmé ou le sinthome, soit le respect du symptôme où se loge la vraie question de l’enfant, dans le nouage de son corps vivant à lalangue bizarre qu’il parle, ce qu’ont compris à merveille les livres pour enfants par exemple Tromboline et Foulbazar de C. Ponti.

Ainsi, dans Nuit d’orage, on découvre le monologue intérieur d’une petite fille qui n’arrive pas à trouver le sommeil. Questions, divagations, le dessin fait frissonner évoquant l’univers entier et ses peurs ancestrales. Même si la dernière page illustre un soleil sur un paysage apaisé, il y a eu avant cette nuit d’orage qui a permis d’exprimer toutes les interrogations, toutes les peurs qui peuvent tourmenter non seulement un enfant mais tout être humain sur cette béance fondamentale, ce malentendu, qui le constitue comme sujet pris dans le trou du langage.

C’est là où Freud révéla que la curiosité de l’enfant, son désir de savoir son vrai besoin spontané qui est de grandir, comme le dit Hegel, est toujours liée à ce qui se passe en lui dans son corps et qui lui fait élaborer ses propres Théories sexuelles infantiles, qui passent par tous les orifices du corps et ce qu’ils mettent en jeu dans sa relation à l’Autre. C’est là qu’il faut saisir que savoir si le livre s’adresse à l’adulte ou à l’enfant est un faux problème, il s’agit du plaisir que prend ainsi l’adulte à lire cet album. Le médiateur étant la jouissance partagée.

Cette langue que nous parlons est très bizarre, et elle semble même marquée de loufoqueries quand on la prend sous l’angle de l’étymologie, c’est-à-dire quand on considère d’où viennent les mots dont nous nous servons. Tout fait sens. En 1999, paraît Tout un monde, un livre pour tout-petits où un même mot donne lieu à diverses représentations, de sorte que c’est par analogie que fonctionne la lecture. Dangers. Mais justement, n’importe quel sens. Les étymologistes sont toujours extraordinairement convaincants mais toutes les origines font aussi bien l’affaire.


D’où viennent les mots dont nous nous servons.

Un mot, on le trouve bien sûr dans les pages du dictionnaire qui donne la norme de la langue. Mais c’est justement le lieu du langage inanimé qui ne repose pas sur un désir. Pour que la langue soit vivante, il faut qu’à chaque instant, on puisse la créer, qu’on lui donne, comme disait Lacan, « un petit coup de pouce » [16], là où justement parfois, peut-être, l’enfant choisit de sucer son pouce pour clôturer cette bouche de la demande à l’Autre, préférant pour calmer son angoisse de la séparation de l’Autre, s’assurer de faire jouir sa propre bouche, en se bouclant dans une sorte de petite bulle où il se sent à l’abri de l’énigme de la présence-absence de l’autre et de ses objets, dont il est porteur, soit le sein, et qui lui offrent sa nourriture essentielle. Les personnes qui créent des livres pour enfants le savent bien, puisqu’ils mettent sur le marché pour les tout-petits des livres que l’enfant peut mettre à la bouche. D’ailleurs, après, ne dit-on pas que ce livre non seulement on l’a aimé mais qu’en plus on l’a dévoré.

On consulte un dictionnaire quand la langue devient incompréhensible. Mais avant, on prend appui sur la façon dont ceux qui s'occupent de vous ont su, ou pas, vous offrir la langue. Toute la langue est prise ainsi dans un mouvement d’échange qui dépend de ceux qui, à leur insu, vous transmettent le goût des mots [17]. La parole entendue de l’autre ouvre au sens du mot qui ne va pas sans laisser la trace de la parole comme malentendu, la trace que le malentendu laisse dans la langue, et de proche en proche, si l’on suit les étymologies, c’est toute l’histoire qui défile. Tous les peuples, toutes les langues sont convoqués à un moment ou à un autre pour rendre compte de l’origine de tel ou tel mot et finalement, de mot en mot, c’est tout le savoir. Alors la langue, bien sûr, est tissée d’irrégularités profondément fantaisistes.


Lalangue du Motordu

Ça peut être drôle, voire loufoque quand la langue est détournée par ses usagers, les enfants. Certains auteurs de livres pour enfants ont su l’exploiter, par exemple Pef, avec La belle lisse poire du prince du Motordu [18], a su en donner tout l’empan. Le Motordu, voilà l’exemple paradigmatique de cet entendu d’avant le sens qui caractérise tout rapport singulier au mot et à la langue. Il faut en effet le recours à l’écriture pour saisir que Motordu s’écrit pour Pef en un seul mot. Poussant sa logique au bout, il est même allé jusqu’à rédiger un dictionnaire des mots tordus.

Nous avons tous une fascination spéciale pour ces ouvrages, on rit en les lisant et on y trouve les échos de tous les mots si vivants, si plein de jouissance parfois hors-sens, créés par nos propres enfants. Remarquons qu’ici commence à se poser une question soulevée par Hélène Merlin-Kajman [19] qui est de savoir jusqu’où doit-on « accepter cette distanciation paradoxale à l’égard des mots et de la logique ». Et elle précise que « Dès son plus jeune âge, c’est-à-dire dès le stade d’acquisition du langage l’enfant est placé devant un théâtre de mots à la façon d’un spectateur brechtien. Les figures d’autorité – parents, enseignants, rois etc. lui sont fréquemment présentées comme perverses ou ridicules. On l’invite à se méfier d’elles ou à s’en moquer. Les personnages auxquels il peut s’identifier n’acquièrent souvent sa sympathie qu’à condition de manifester leur irrespect à l’égard des règles linguistiques et scolaires. » Elle semble y voir un danger, cette langue tordue ne sert qu’à tordre les règles de vie nécessaire à apprendre à un enfant. « La langue tordue est la langue de la vie, de l’amour, d’une enfance que des adultes fantasment joyeusement rebelle et naturellement proche de l’être brut du langage. » Elle prend appui sur Wittgenstein qui considérait que, pour apprendre, pour acquérir le jeu de langage représentatif correspondant à la connaissance, il fallait d’abord faire confiance à l’autorité de ceux qui y introduisent, c’est-à-dire d’abord tenir leur parole pour certaine. Elle diagnostique précisément qu’en refusant d’assumer le pôle de la présupposition, c’est-à-dire le rôle de premiers locuteurs autorisés et fiables, les adultes ferment aux enfants l’accès au langage représentatif. Et, poursuit-elle, si on suit Wittgenstein, ce qui leur est refusé, c’est l’apprentissage tout court. Elle accuse même ce genre de livres de favoriser l’illettrisme.

Alors que faut-il faire ? Doit-on écrire des livres pour enfants à partir de ce qui sort de leurs bouches comme mots tordus ou inventions prenant en compte, comme le dit Lacan, que de fait le verbe n’est pas créateur, le verbe est malentendu parce qu’il y a et dès la rencontre avec la langue ainsi offerte du malentendu. C’est bien ce Malentendu que Baudelaire avait installé au cœur de tout être humain, qui justement fait ce lieu où se constitue l’inconscient d’où Lacan avait tiré son fameux l’inconscient est structuré comme un langage. Remarquez bien qu’il dit un langage et non pas le langage. Ces mots, tordus ou écorchés ou bricolés, sont là comme des « Pièces détachées » [20] de la langue, parce que ces mots sont, dans ce qu’ils évoquent, un rappel essentiel concernant la structure de la langue. Ainsi ce que ces livres nous montrent c’est que la structure est toujours à référer à un morcellement initial, à un amas de pièces détachées, un matériau de la langue qui nous rappelle que la langue est avant tout faite de motérialité. C’est cette motérialité-là qui n’est pas comme telle inscriptible dans le dictionnaire classique. Pour le dire sous la forme d’un slogan, la structure, avant d’être système, est division. C’est pourquoi elle n’est jamais synthèse. C’est pour cela qu’il peut très bien y avoir un dictionnaire des mots tordus, comme il y a eu récemment Le Lexique des cités.

D’ailleurs, Lacan préfère parler de linguisterie plutôt que de linguistique, fausse science de ne pas prendre en compte justement l’inconscient et la jouissance en jeu dans la langue, dans la sonorité du mot, dans la motérialité.

Lorsque que Lévi-Strauss introduit sa définition de l’inconscient comme toujours vide, et l’opérateur qui impose des lois structurales à des éléments inarticulés, à un vocabulaire d’images, et qu’il en fait un discours, on a bien, là aussi, affaire à ces deux registres de la structure, un ordre, mais dont le vocabulaire, la matière, lui est préalable, sous la forme d’un matériau étant là d’avant. On pourrait dire que la structure a toujours un Autre, qui est là l’amas préalable de son matériau. Lévi-Strauss dit que ce sont des éléments inarticulés qui trouvent, dans la structure, à s’articuler. Ils sont déjà éléments, tout inarticulés qu’ils sont, c’est-à-dire comme tel détachés. Il faut ici distinguer la structure système, celle dont Lacan fera l’ordre symbolique, et la structure division.[21]

L’interrogation qui se fait de plus en plus insistante chez Lacan, pressante à la fin de son Séminaire Encore, c’est bien de savoir comment on passe de cette structure division, de la division signifiante des éléments, à la « structure système ». C’est en quoi l’élément garde toujours quelque chose de la pièce détachée. Il interroge la définition de l’inconscient structuré comme un langage à partir de là. Dès lors qu’on le déchiffre, l’inconscient ne peut que se structurer comme un langage, mais ce langage n’est jamais qu’hypothétique. Cela vise la structure système. C’est à partir de là que Lacan introduit la différence entre le langage et lalangue. Une fois que l’on fait sourdre lalangue, soit ce que véhicule la jouissance incluse dans le Motordu derrière le langage, soit « mot tordu », celui-ci est ravalé au statut d’une élucubration de savoir sur lalangue, au statut d’élucubrat. Pour Lacan, en tant que tel, le langage n’existe pas. C’est une fiction, une construction.

Apprentissage ou jeu

Ainsi, il semble que ces livres pour enfants ont su saisir cette double importance : celle de lalangue soit ce qui de la langue met en évidence une certaine jouissance des mots entendus, sans le sens, faisant valoir le seul gain de plaisir de les créer et d’en jouir comme éléments parfois hors sens l’être brut du langage, et celle de la langue articulée, soit celle qui a un usage de communication et d’adresse à l’autre. L’enfant a besoin d’un bain de langage pour devenir l’homme qui saura saisir ce qu'on lui dit lorsqu'on lui parle.

Ce n’est pas un simple apprentissage, c’est surtout et avant tout un jeu. C’est jouissif. C’est là qu’on saisit la valeur du mot d’esprit de Lacan quand il disait que la jouissance était avant tout le joui-sens, le sens joui. Cela n’a rien à voir avec le bon sens, c’est même le contraire. « Le sens joui c’est le sens bizarre, c’est dinosaure qui ne sert rien sinon à montrer qu’on sait le prononcer. » [22] Ce sens joui, dans le jeu de langage chez l’enfant, est le sens joué.

Freud constatait que « l’occupation la plus chère et la plus intense de l’enfant est le jeu. Chaque enfant qui joue se comporte comme un poète, dans la mesure où il se crée un monde propre, ou, pour parler plus exactement, il arrange les choses de son monde suivant un ordre nouveau, à sa convenance. Ce serait un tort de penser alors qu’il ne prend pas ce monde au sérieux ; au contraire, il prend son jeu très au sérieux, il y engage de grandes quantités d’affect. L’opposé du jeu n’est pas le sérieux, mais…la réalité. L’enfant distingue très bien son monde ludique, en dépit de tout son investissement affectif, de la réalité, et il aime étayer ses objets et ses situations imaginées sur des choses palpables et visibles du monde réel. Ce n’est rien d’autre que cet étayage qui distingue encore le jeu de l’enfant de l’activité imaginaire. Le haut gain de plaisir qu’est l’humour. L’adolescent cesse donc de jouer, il renonce au gain de plaisir qu’il tirait du jeu. Mais de fait il le fait quand il cesse de jouer, il n’abandonne rien d’autre que l’étayage sur des objets réels ; au lieu de jouer maintenant il fantasme. Il se construit des châteaux en Espagne, il crée ce que l’on appelle des rêves diurnes. Je crois que la plupart des hommes, en certaines périodes de leur vie, forment ainsi des fantasmes ».[23]


Où se joue le plaisir de la lecture : dans l’amour de la langue est bizarre

C’est ce qu’ont très bien saisi ceux qui écrivent des livres pour les enfants. Là où les enfants, grâce à la lecture, savent si bien se créer leur propre imaginaire. Cela n’a rien à voir avec le bon sens, c’est même le contraire. Le sens joui, c’est le sens bizarre d’un mot qui ne sert rien sinon à montrer qu’on sait le prononcer. Et c’est là où se joue le plaisir de la lecture, là où le goût des mots entendus de l’Autre, puis après lus par soi-même, vous ouvre à cet amour de la langue, celui qui vous donne envie d’user des mots pour s’adresser à l’Autre afin de lui dire ce que les mots ont fait de vous.

Ce beau circuit loufoque du mot, on le trouve à toutes les pages du dictionnaire – dictionnaire qui donne la norme de la langue. Un dictionnaire c’est toujours un livre singulièrement bizarre. Quand votre langue vous devient un peu étrangère, il y a deux solutions : ou bien vous apprenez par le dictionnaire ce que cela veut dire pour les autres ou bien vous apprenez ce que cela veut dire pour vous-même en allant chez le psychanalyste, ou en empruntant le trajet que creusent certains écrivains, là où ils sont convoqués, profondément. Ce n’est pas la même chose.

Alors la langue, bien sûr, comporte des régularités mais elle est tissée d’irrégularités profondément fantaisistes, extravagantes, hurluberlues. Jacques-Alain Miller sur France Culture donna un bel exemple de cette langue bizarre que parle l’enfant et que l’on trouve dans les livres pour enfants : avec un enfant on apprend à recueillir des petits morceaux de vérité inclus dans leur langue bizarre. Certains livres pour enfants illustre comment les coudre comme un patchwork. C’est coudre la robe de la vérité de cet amour de la langue. « Cette robe ressemble à un manteau d’Arlequin. La sagesse dit que la vérité vraie c’est la vérité nue, mais la vérité n’est pas nue. On croit qu’elle est nue comme Vénus sortant de l’onde. On croit qu’elle est nue parce qu’on croit qu’elle est belle. On voudrait qu’elle soit belle. Mais la vérité dont il s’agit dans les mots des enfants n’est pas forcément belle. Parfois c’est l’horreur. Et c’est pourquoi la vérité s’habille d’une robe couleur du temps qui miroite et qui chante comme celle de Peau d’Âne.

Il faut d’abord coudre la robe de la vérité, c’est tout un travail. C’est le travail que fait l’analysant, le parlêtre. Alors seulement, une fois que la vérité aura sa robe, elle pourra l’ôter pour vous mais il faudra que vous puissiez supporter le spectacle. C’est comme quand la princesse à la robe couleur de temps se retrouve Peau d’Âne, cela fait un choc quand cela se produit. Alors on parle de la fin de l’analyse.

Mais nous n’y sommes pas. Nous sommes aux messages secrets. Dans votre analyse vous apprenez à les lire, à vous lire. Vous apprenez la langue dans laquelle vous parlez sans le savoir ou plutôt la langue dans laquelle ce dieu malin qu’on appelle l’inconscient vous parle, à vous, sans que vous sachiez l’entendre. Vous apprenez à lire les messages qu’il vous écrit et qui sont cachés dans la langue que vous parlez, le français par hypothèse, cette langue qui nous est commune et qui permet que, dans cet instant, je me sente relié à vous, innombrables, que je ne connais pas. C’est par cette langue que ma voix n’est pas seulement un bruit.

Cette langue française nous ne l’avons pas inventée. Elle était là avant nous. Nous l’habitons. Nous sommes ses hôtes transitoires. La langue est notre maison, notre demeure, elle est la demeure de nos dits. Nos pensées se forment en elle, même nos sentiments, et jusqu’à nos émotions. Nous ne l’avons pas inventée mais elle s’invente tous les jours à travers nous. Les dictionnaires, d’ailleurs, peinent à la suivre, ils ont désormais des éditions annuelles, pas seulement pour des raisons commerciales. »[24]


Philippe Lacadée, Fête du livre de jeunesse, Saint Paul Trois Châteaux, 2009.



[1] Argument des Journées professionnelles de la Fête du livre du jeunesse 2009 de Saint-Paul-Trois Châteaux (Drôme), « Se nourrir pour grandir ». [2] Lacan J., 1967.

[3] Mallarmé S., « Le mystère dans les lettres », in Divagations, Charpentier, Paris, 1987, p. 284.

[4] Ibid.

[5] Miller J.-A., Histoire de… psychanalyse, France Culture, 2005.

[6] Lacan J., « Deux notes à Jenny Aubry », octobre 1969.

[7] Lacan J., « Le malentendu », Ornicar ?, n° 22/23, 1980, p. 11-14.

[8] Lacan J., « La Troisiième », La Cause freudienne, n° 79, octobre 2011, p. 11-33.

[9] Lacan J., « Conférences et entretiens dans des universités nord-américaines », Scilicet, n° 6/7, 1975, p. 42-45.

[10] Lacan J., « Le malentendu », op. cit.

[11] Escarpit R., De la littérature de jeunesse. Itinéraires d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Magnard, 2008, p. 316.

[12] Ibid., p. 308.

[13] Ibid., p. 319. [14] Wittgenstein L., Tractatus logico-philosophicus, prop. 6.

[15] Miller J.-A., « Pièces détachées », La Cause freudienne, n° 60, juin 2005. [16] Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le Sinthome (1975-1976), Paris, Seuil, mars 2005, p. 133.

[17] Barthes R., Leçon, Paris, Seuil, 1978.

[18] Pef, La belle lisse poire du prince de Motordu. Paris, Folio benjamin, 1980.

[19] Merlin-Kajman H., La Langue est-elle fasciste ?, Paris, Seuil, 2003, pp. 33-34.

[20] Miller J.-A., « Pièces détachées », op. cit.

[21] Lévi-Strauss C., Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958. [22] Miller J.-A., op. cit. [23] Freud S., « Le créateur littéraire et l’activité imaginative », in : Essais de psychanalyse appliquée, Paris, idée Gallimard, 1978, p. 235. [24] Miller J.-A., « Comment se fait-il qu’il soit difficile de connaître la vérité vraie sur soi-même ? », Histoire de… psychanalyse, France Culture, 2005.





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