« Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, et de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence. » [1]
Delphine De Vigan.
La psychanalyse vérifie que l’être parlant pense à sa famille dès qu’on lui offre la possibilité de parler. L’association dite libre, qui encourage à dire n’importe quoi [2], révèle qu’il suffit de laisser parler un analysant pour se rendre compte que celui-ci finit par ressasser toujours la même chose. Il finit par ne parler que de ce qui spécifie et particularise la relation avec ses parents, au point, selon Lacan, de boucher « toutes les nuances » de cette relation. [3] « Pourquoi tout s’engloutit-il dans la parenté la plus plate ? ». [4] Pourquoi les analysants ne parlent-ils que « de leurs relations à leurs parents, d’ailleurs proches » [5] ?
Avec le terme de parents proches, Lacan donne l’empan nécessaire à la question qu’indique l’étymologie. Parens en latin est le participe présent substantifié de parare qui veut dire procurer, produire, puis seulement plus tard, enfanter, mettre au monde. [6] Ainsi parent désigne ceux qui ont produit l’enfant, avant de l’accueillir pour l’éduquer. L’enfant est le nom que nous donnons à ce sujet, accueilli dans une famille, qui est à éduquer. Educere, c’est-à-dire le sujet à conduire par le ducere, soit le chef. Cette fonction d’éduquer implique alors de travailler la relation spécifique de chacun à la langue, surtout quand ce rapport à la langue est malmené, et que l’on ne prend pas en compte l’impact des mots sur les sujets.
Les nuances des relations primordiales
La famille dont s’occupe le psychanalyste est celle dont on lui parle. [7] S’interroger sur la famille et ses embrouilles est donc à prendre au pied de la lettre. Cela implique de partir de ce que l’enfant dit de sa famille et de l’usage qu’il fait de ces dires. La famille dont il parle est d’abord de l’ordre du réel. Elle n’est pas là. La famille en tant que telle se réfère à quelque chose qui ne peut être appréhendé sans résidu précise Lacan. Si le sujet parle peu de ce qui a fonctionné, il parle des embrouilles auxquelles il a été confronté et les choses incompréhensibles qu’il a rencontrées. Ce qui est mis en exergue, c’est la faillite des idéaux familiaux. Il parle ainsi de l’impuissance de son père à remplir sa tâche de ducere, ou de son imposture, et de sa mère qui, selon lui, est plus prise par ses propres préoccupations de jouissance personnelle que par son enfant. Très souvent, il parle du régime bizarre de jouissance incompréhensible, auquel il a été soumis, tout en dénonçant le mode particulier de jouissance de chacun de ses parents. Et quand il parle de ses rencontres avec la jouissance, la sienne ou celle de l’Autre, c’est pour dire qu’elle lui semble d’autant plus incroyable, voire angoissante, qu’elle lui est interdite et inaccessible, et que l’Autre n’a jamais su être à la hauteur de ses questions dont il avoue d’ailleurs, dans l’après-coup, que lui-même n’a pas su trouver les mots pour se les formuler.
Cependant, la version de famille que le sujet reprend inlassablement et qui le spécifie, a pour lui valeur d’identification et de repère. Elle l’identifie au regard d’autres familles ou au regard d’autres versions qui lui ont été présentées. Mais cet abord masque ce qui détermine effectivement l’histoire d’un sujet. C’est ce qui « bouche toutes les nuances » [8] de la relation spécifique. Car au-delà des relations familiales, ce qu’il importe de souligner de ces nuances, ce sont les relations primordiales qu’un sujet établit au savoir, à la jouissance et à l’objet a. Lacan recommande à l’analyste de se situer par rapport à ces trois termes pour saisir ce qu’il nomme la biographie seconde, plutôt première, dite infantile. « Son ressort unique est toujours, bien entendu, dans la façon dont se sont présentés les désirs chez le père et chez la mère, c’est-à-dire dont ils ont effectivement offert au sujet le savoir, la jouissance et l’objet a ». [9] Ce qui définit dès lors la famille d’un enfant, c’est la place que les proches parents tiennent par rapport à ces relations fondamentales. Les termes de père ou mère, frère ou sœur, ne prennent « sens et poids qu’en raison de la place qu’ils tiennent dans l’articulation du savoir, de la jouissance et d’un certain objet ». [10] Il s’agit donc d’explorer « le mode de présence sous lequel lui a été offert chacun des trois termes ». [11] Il s’agit d’examiner les dits et les non-dits qui l’ont déterminé, les moments où il a rencontré une jouissance qui lui était étrangère et ce qu’il a été comme objet a, cause de désir pour l’autre.
De l’incidence des relations familiales à « la relation spécifique » à lalangue
Dans sa première conception du symptôme, Lacan a évoqué la logique de la vérité et le symptôme de l’enfant comme représentant la vérité du couple familial. [12] Le symptôme se présente alors comme un signifiant énigmatique tout seul S1 en attente d’un savoir venant d’un autre signifiant S2 qui pourrait le déchiffrer. La famille fait alors partie du moyen dont le sujet dispose pour interpréter. Il va interpréter le désir énigmatique de ses parents, mais n’aura jamais le dernier mot sur le désir dont il est issu. Puis un pas est fait dans le dernier enseignement, pointant que le sujet finit par ne parler que de sa relation avec ses parents, au point de boucher « toutes les nuances de sa relation spécifique ». [13] La fonction de vérité qu’on pourrait attendre de l’association libre se révélant « amortie » ou « tamponnée » [14], Lacan articule alors la « relation spécifique » au néologisme qu’il a inventé, lalangue [15],qui désigne la manière dont le désir des parents s’incarne goutte-à-goutte dans leur mode de parler. [16] De fait, les nuances que bouche l’analysant concernent quelque chose de primordial dans le lien du sujet à la langue soit lalangue. La façon dont il a été désiré imprègne les signifiants de lalangue qu’il reçoit, détermine sa façon de parler, revient dans ses rêves, dans ses trébuchements, dans ses actes manqués, voire dans ses symptômes. Ce terme de lalangue nous permet de cerner concrètement l’incidence des relations familiales sur la formation du symptôme. Cette imprégnation de notre mode de parler sustente à l’occasion le symptôme par le biais des traces que cette rencontre avec le désir des parents a laissé dans lalangue. Lalangue renvoie, à la fois, à l’acquisition du langage et à l’imprégnation de la langue. Les sons plus ou moins entendus, plus ou moins articulés par lui-même, avant d’en avoir le sens, sont des points d’impact [17] sur le corps. Avec cette notion d’impact, nous sommes dans la perspective du sinthome avec lequel Lacan met l’accent non sur ce qui manque mais sur quelque chose de positif et qui marque. On a là un signifiant tout seul S1 qui n’est enchaîné à aucun autre signifiant S2. C’est un S1 lié au corps par l’effet qu’il produit, comme une trace. Ce qui le définit n’est pas sa valeur de signification mais son impact sur le corps sensible et pulsionnel en dehors de toute signification préalable ou supposée. C’est l’incidence contingente de la parole sur le vivant. La cure révèle des paroles ou des silences, des expressions de lalangue qui ont eu un impact sur le corps ou ont déterminé une position subjective. Ce qui vient de l’Autre est contingent. Ce qui est déterminant, ce ne sont pas les dits ou les non-dits parentaux comme tels, c’est le fait qu’un sujet les ait investis tout en les associant à une jouissance qu’il ne peut assimiler.
Une interprétation au cœur de lalangue de la famille
Alexandre est venu à la psychanalyse pour sortir de sa condition d’être serviable, toujours à la merci d’un Autre, dans sa vie familiale, son travail, ou son engagement politique. Il se plaint aussi surtout d’être bavard, ce que lui reprochait son père. « C’est plus fort que moi, dès qu’il faut prendre la parole, je me précipite. Il y a quelque chose qui me pousse. » Quelle est cette force démoniaque qui pousse impérativement à dire quelque chose ? [18] Si personne ne veut prendre la parole, Alexandre se précipite, lui, car il sait. C’est le surmoi, selon Lacan, c’est ce qu’il a appuyé du signifiant S2, c’est-à-dire le savoir. Il prend la décision rapidement, comme si elle s’imposait à lui ; il est pris par sa décision plus qu’il ne la prend. « Je ne me laisse pas le choix », comme s’il voulait par-là recouvrir tout effet de division. Il se rappelle, dans son enfance, avoir entendu son père parler par sentences, souvent en latin, lui rappelant les règles, s’adressant toujours à lui de façon solennelle et impérative. « Tu dois faire comme ci, comme ça. » Dans un rêve, il perd ses chaussures et se retrouve pieds nus devant l’Autre énigmatique qui lui demande quelque chose – Che vuoi ? – « Alors, je suis nu aux yeux des autres, j’ai honte, car je me sens mis à l’index, je me sens nul, une merde, un rien du tout dans ce regard de l’Autre, j’y vois le regard de mon père, mais surtout sa grosse voix. » Il interprète. Il s’agit d’éviter de se montrer nu, d’éviter de se découvrir afin de plaire à l’Autre, d’être son valet.
Faire valoir la dimension purement phonétique de ce signifiant valet eut pour effet de raviver un souvenir ancien. Son père lui avait dit « Vale » avant de mourir. Impossible pour lui de saisir tout le poids de sens de cette parole sauf qu’il y avait entendu vale soit porte-toi bien. Mais, il put alors se rendre compte que ce mot avait eu un point d’impact précis sur lui, lui qui ne cessait de se plaindre d’être le valet de l’Autre. Ce signifiant est venu prendre place dans sa vie comme ce mot de lalangue, illustrant de façon magistrale les deux faces du surmoi : la face héritière du complexe d’Œdipe vale et celle de la marque de jouissance valet, que comporte la rencontre avec le signifiant tout seul, le signifiant hors sens comme signifiant de lalangue.
L’émergence d’un sens nouveau de ce signifiant eut pour effet de le déplacer dans son rapport à l’Autre. Il y eut une levée de l’identification qui centrait son existence et l’effet de rendre beaucoup plus fluide le rapport au sens dont il témoignait jusque-là. Être bavard était s’offrir comme le valet de la langue. Valet est aussi un bon à rien, quelqu’un qui ne sait pas utiliser sa valeur à bon escient surtout aux yeux de ce père qui secrètement le terrorisait. Comme si, à son insu, pour bien se porter il lui avait fallu être le valet de cet Autre, ce qui lui donnait une assise tout en lui rendant la vie insupportable. Il mit alors à jour l’embrouille de l’autorité froide et terrifiante de son père qui le glaçait. « Cela suintait, je sentais, derrière lui, une envie de meurtre ».
Du bouillon de langage à ce qui se jouit dans un corps
Ce père, enseignant, n’avait jamais su lorsqu’il avait eu son propre fils pour élève s’il devait lui dire « tu » ou « vous ». Le « tu » qui le distinguait renvoyait Alexandre à l’insupportable d’une intimation « tu es celui qui me suivra partout ». Il reçut une gifle devant toute la classe de CM1. « Je l’avais cherchée car j’avais brûlé, devant les copains, les fiches d’histoire. Cette gifle m’a permis de me situer, mais en même temps, soudain mon père m’est apparu étranger. C’était d’une violence inouïe, cela m’a déstabilisé. » Il note l’apparition d’un symptôme très exigeant, juste après, qui le poussa à copier sur ses camarades. « C’était plus fort que moi. C’est un souvenir très douloureux. Après la gifle de mon père, j’étais K.O. Ce que l’on me disait, c’était de la bouillie. Je me demandais pourquoi j’étais là. J’avais peur de l’échec, c’est comme si je ne savais plus rien. Alors, je copiais sur le voisin, c’était plus fort que moi, c’était mon regard qui était attiré ». Il réalisera que c’était l’écrit qui l’attirait ; il était happé par l’écriture de l’Autre. La question du père s’est alors problématisée pour lui à partir du déploiement du signifiant vale / valet, qui le délogea de sa prise dans le signifiant maître et du surmoi, à partir de la jouissance du père réel, entr’aperçue dans l’au-delà de la marque symbolique de la gifle et non à partir du Nom-du-Père. Face au dérèglement de l’embrouille de jouissance que révèle la gifle, il trouve, grâce au symptôme, un traitement possible de la jouissance par la lettre et par l’objet regard pris dans l’écriture de l’Autre, traitement qui lui permet de remédier à ce que ne lui a pas offert le père dans sa fonction signifiante.
Pour qu’il y ait un symptôme, il faut, d’une part, qu’une parole ait rencontré le corps et, d’autre part, que le corps y ait répondu. Il souffrait de ruminations mentales particulièrement insupportables dès qu’il s’agissait de ne plus vouloir faire plaisir à l’Autre en offrant ses services. Ce sujet avait été manifestement touché par le mot de son père et par le plaisir que celui-ci tirait de son usage. S’en souvenir lui apportait manifestement une grande satisfaction, laquelle n’est sans doute pas dissociable du plaisir qu’il pensait me faire en l’évoquant. Ce qui vient de l’Autre est contingent. C’est la jouissance que le sujet y a trouvée qui est déterminante. Ce ne sont pas les dits ou les non-dits parentaux comme tels, c’est le fait qu’un sujet les ait investis. Ce n’est donc pas le fait que telle scène ait eu lieu, ici le mot vale dit par son père au moment de son décès, ou la fameuse gifle, ni le sens qu’ils ont reçu. Ce qui est déterminant, c’est la jouissance qui, à son insu, s’est extraite de ces deux scènes et qui se répète pour lui quand il les évoque. En rencontrant son corps, le dit du père et sa part de non-dit, ainsi que la gifle, ont éveillé en lui une excitation pulsionnelle qui ressurgit chaque fois qu’il en parle. Il avouera même que cela n’est pas sans lui déclencher des phénomènes psychosomatiques précis. Si certains énoncés des parents rendent souvent malade, c’est parce que ces énoncés sont souvent associés à une jouissance que le sujet ne peut assimiler.
Des débris de langage avec lesquels il faut se débrouiller.
Lacan nous a appris que la famille dont l’analysant parle est le lieu d’un apprentissage par immersion. Avec sa formule éclairante la famille est « un bouillon de langage », nous pouvons situer là le lieu des embrouilles de ce qui se joue ou se jouit dans une famille. [19] L’enfant baigne dans le langage et il « subit » [20] la langue dans laquelle il est né. Il la subit, qu’il veuille ou non. Il la subit par son impact avant même qu’il en ait l’usage, il est en plus le jouet voire le joué qu’il en joue lui-même. La famille est d’abord le lieu où le sujet reçoit plus sa langue qu’il ne l’apprend ou plutôt disons que cette langue dite maternelle, il la prend avec son corps puisqu’il l’offre aux mots de l’Autre. On sait que l’incidence de la langue maternelle se manifeste très tôt chez l’enfant, jusque dans ses premières manifestations sonores. La famille n’est pas seulement le lieu où s’apprend la langue maternelle. La famille [21] est aussi le lieu où un enfant recueille dans son mode de parler quelque chose qui lui vient de sa rencontre avec le désir de l’Autre et de ce qu’il comporte d’indicible. C’est ce que Lacan nomme les relations spécifiques.
Face au réel auquel l’enfant est confronté, sa prématuration, ses pulsions, la jouissance phallique, sa place dans la famille, les « ravages exercés par le signifiant », il lui est difficile « d’arriver à dire quelque chose » alors qu’il n’a au départ que des débris de langage […] avec lesquels il faudra bien qu’il se débrouille ». [22] L’ordre symbolique n’est pas cette puissance capable de maîtriser ces turbulences, l’être humain est fait de trois dimensions dont aucune ne domine les deux autres. Il a une mission impossible à remplir celle de « faire la coalescence […] de cette réalité sexuelle et du langage ». [23] Devenir sujet, n’est-ce pas trouver l’articulation entre réel, imaginaire et symbolique ? Soit par le Nom-du-Père que Lacan démontre équivalent à un symptôme dans la névrose, soit par un sinthome quand le Nom-du-Père est forclos dans la psychose
Interférer ou croiser le fer avec l’armature de l’inconscient
À lire Freud, les affaires de famille prennent souvent l’allure d’une tragédie à ce qui s’énonce sous la forme du mythe d’Œdipe. Le ressassement de l’analysant du côté de ce qui nourrit la névrose prend ainsi appui sur le complexe d’Œdipe. [24] Alexandre se réfère à l’inconscient pour se faire consister et lie la chaîne inconsciente aux rapports aux parents. Mais, grâce à sa cure, les traces langagières qui font la trame de son inconscient sont reprises dans ce que Lacan nomme une armature. Cette armature, précise-t-il c’est « son amour pour son père ». [25] Si l’analysant bouche toutes les nuances de la relation spécifique aux parents, il s’éloigne de ce qui est susceptible de rencontrer le réel soit le réveil. Si la psychanalyse utilise elle-même la famille pour déchiffrer les énigmes des embrouilles de la jouissance que rencontre un sujet, Lacan rappelle aux psychanalystes eux-mêmes que Freud comparait l’opération de l’analyste à celle du chirurgien, désirant bien sûr « élever la psychanalyse à la dignité de la chirurgie par exemple ». [26] Si vous laissez parler un analysant, il n’y a aucune raison que le point d’appui sur les pensées qui nourrissent le sens s’arrête. « Sauf si on s’ouvre à dialoguer avec un psychanalyste ». [27] En introduisant le mot « dialoguer », Lacan nous indique qu’il ne s’agit pas de laisser faire, mais d’intervenir pour que la parole puisse défaire ce qui a été fait par la parole, afin de déranger ce qui pour le névrosé fait son armature. Lacan invite donc à interférer, voire à ne pas hésiter à croiser le fer avec le faire pour contrecarrer le laisser faire de la parole et ouvrir la voie en faisant sonner la voix vers le faire-réel [28], là où le sujet de façon naturelle utilise l’inconscient pour se défendre de l’incidence du vivant dans sa vie. Là, s’ouvre la voie empêchant les signifiants de courir tout seuls d’un sens à l’autre indéfiniment.
Pour désembrouiller le sujet, le psychanalyste ne doit pas confirmer le sujet dans la chaîne des générations en se faisant complice de la névrose qui l’incite à investir la trame du sens mais soutenir au contraire qu’il y a autre chose qui fait chaîne. Ainsi pourra-t-il de par son acte opératoire déranger cet agencement de la chaîne signifiante de son inconscient d’une façon qui ne démente pas le réel qu’il y a au cœur de l’être parlant. C’est ce que nous démontre le réel inclus dans le signifiant vale / valet. Le ressassement nous invite à traiter de la bonne façon ce qui insiste. C’est en étant au plus près de la racine des dires d’un sujet asphyxié par le trop de sens de ce qu’il dit que Lacan invite le psychanalyste à s’orienter vers « l’apparentement à un poâte ». La formule est précise et indique par le jeu sonore d’a-parent-tement ou apparent-te-mens que l’opération porte non seulement sur le sens, mais sur la motérialité même de la langue souvent liée à l’impact de la sonorité. Les mots ont donc un point d’impact sur le réel du corps et Lacan le fait valoir en inventant tel le poète ce néologisme faisant entendre que le mot est aussi une matière, soit à une face réelle qui impacte le corps du sujet.
Quelle scène pour l’inconscient ? L’apparentement à un poâte
La famille est aussi le lieu où se transmet une équivocité singulière incluant l’enfant comme objet, car il est fait de lalangue dans laquelle il baigne, comme nous le démontre Sartre dans Les Mots. Cette équivocité rend possible pour chacun sa parenté au poète ou son « apparentement au poâte » [29] selon Lacan. C’est ce qui nous rend si sensible aux mots des enfants toujours si inventifs. Il précise qu’il n’y a pas d’autre noyau traumatique pour chacun « que l’apprentissage que le sujet a subi d’une langue entre autres, qui est pour lui lalangue, dans l’espoir de ferrer, elle, la langue, ce qui équivoque avec faire-réel. Lalangue quelle qu’elle soit, est une obscénité, ce que Freud désigne – pardonnez-moi l’équivoque – l’obrescène, de l’autre scène ». [30] Lalangue recueille et inclut donc le lieu, la scène où se joue, voire se jouit, ce qui de jouissance des parents non sans une certaine obscénité est élaborable. Mais si Lacan écrit obrescène, c’est pour bien nous indiquer que, lui, l’enfant comme objet – res en latin – est inclus dans lalangue. Il nous invite à considérer que la structure élémentaire du langage s’équivaut à celle de la parenté, d’où l’importance de la manière dont un enfant avec lalangue s’inscrit dans la base élémentaire de la langue articulée ; soit la paire de deux signifiants [31], qui de s’articuler entre eux donnent en retour un effet de sens à la langue. C’est de cet effet de signification que se produit aussi un effet de sujet indiquant par-là que l’on doit plus parier sur cette paire que sur le père, que l’on doit plus parier sur l’effet d’autorité de la langue que sur une autorité du père toujours en défaut par rapport à la jouissance pulsionnelle de la langue. Mais les mots entendus, que l’enfant ne comprend pas, font de ce bain de langage, dans lequel il nage, le lieu de l’embrouille, et, dans la mesure où il les répète, signent leurs valeurs d’impact. Ces mots ont sur l’enfant un effet réel en s’inscrivant dans son corps comme symptôme, ou évènement de corps. Isoler des phonèmes qui se répètent fait partie des moyens que nous avons pour cerner un traitement de lalangue propre à un sujet.
Le traitement de lalangue
Ainsi la manière dont le sujet se positionne dans le monde est la conséquence du traitement qu’il impose à lalangue qu’il a subie. Souvent dans la pratique clinique apparaît dans le détail la manière dont un enfant traite lalangue, c’est cœur de l’opération analytique et c’est en cela qu’elle modifie la position subjective. Lacan questionne alors de façon radicale, le désir de ceux qui ont produit cet enfant. « Il n’y a pas d’autre traumatisme de la naissance que de naître comme désiré ». [32] Ça tient au fait que nous sommes des êtres pris dans le langage, c’est-à-dire dans lalangue, que l’analysant « ne parle que de ça parce que ses proches parents lui ont appris lalangue. » [33] Les êtres parlants se répartissent « en deux parlants. Deux parlants qui ne parlent pas la même langue. Deux qui ne s’entendent pas parler. Deux qui ne s’entendent pas tout court. Deux qui se conjurent pour la reproduction, mais d’un malentendu accompli que votre corps véhiculera avec ladite reproduction ».[34] Lacan insiste, ce n’est pas seulement une affaire de mots dits ou non-dits, c’est aussi une affaire de corps. Une bonne part de nos malheurs vient de là, de ce malentendu qui spécifie le bouillon de langage soit lalangue dans lequel l’enfant baigne depuis sa naissance, et qui se véhicule dans la famille, chacune en ayant sa version, du fait de la jouissance qu’elle véhicule.
Le malentendu du verbe
L’enfant pris dans lalangue, en est aussi partie prenante. Il y a une part de responsabilité qu’il reprendra à son compte, en y introduisant sa dit-mension subjective. Un psychanalyste peut donner un petit coup de pouce à condition de consentir à ne pas reculer devant lalangue de l’enfant. C’est là l’opération possible lorsque surgit le malentendu d’une lignée qui doit amener ceux qui s’y assouplissent à s’apparenter au poète. Lacan le précise, le verbe est malentendu et c’est là où l’exploit de la psychanalyse est d’exploiter le malentendu jusqu’à « une révélation qui est de fantasme ». [35] Lacan joue sur l’équivoque pour faire résonner ce qu’il y a de vivant dans la langue, ce qu’il y a de réel dans la langue et qui a un point d’impact sur le sujet et dans le malentendu du verbe. Il s’agit, pour l’exploiter, de ne pas en remettre du côté du sens mais de prendre appui sur l’articulation du sens et du son, c’est-à-dire en étant au plus près de la racine des dires d’un sujet asphyxié par le trop de sens. Seule l’opération poétique dénouera le malentendu dans lequel le corps pulsionnel du sujet est pris, du fait d’appartenir à une famille qui est le lieu où se transmet par le biais de ce malentendu quelque chose de la pulsion. Lacan note que de façon paradoxale sa famille offre au sujet une opportunité, celle d’avoir la possibilité de ferrer cette lalangue à sa façon, c’est-à-dire de la faire réelle d’une façon qui lui soit à la fois singulière et praticable dans la langue commune. C’est à ce point précis qu’il convoque le psychanalyste d’être en son acte à la hauteur de celui du poète, mais aussi bien l’enfant dans son association libre.
De quel corps hérite-t-on ?
Freud met en évidence que le corps de l’enfant est une énigme pour lui, mais aussi pour ceux qui s’occupent de lui. Il n’est pas une donnée de départ, une évidence première. On peut le penser comme un instrument, un ensemble d’organes, le siège de l’être, comme couplé à l’esprit, ou noué à l’âme. Avoir un corps pose un problème. L’homme en est embrouillé autant qu’il en est captivé. Il l’adore ce corps parce qu’il croit qu’il l’a. « En réalité, il ne l’a pas, mais son corps est sa seule consistance – consistance mentale, bien entendu, car son corps fout le camp à tout instant. Il est déjà assez miraculeux qu’il subsiste durant le temps de sa consumation. » [36]
La psychanalyse nous apprend qu’on n’est pas un corps, on naît avec un corps. Le corps dont on hérite est le fruit d’une lignée dont une bonne part de nos malheurs tient à ce que déjà elle nageait dans le malentendu. C’est souvent ce que l’on transmet à un enfant quand on lui donne la vie. C’est ça qui explique son malaise dans sa peau. Dans son remarquable témoignage La Constellation de la vierge, Bernard Diu nous enseigne beaucoup sur ce que c’est que d’avoir un corps lorsqu’on a vécu sa naissance comme une calamité. Il dit n’avoir jamais aimé la vie car elle semble s’être organisée, pour lui, autour de l’impact d’une phrase de son père dont il n’a jamais vraiment pu saisir le sens : « La vie vaut la peine d’être vécue ». « Que signifie exactement vaut la peine ? » Son père solennel et mélodramatique énonçait cette sentence en détournant ostensiblement « un regard mouillé et en réprimant comme à grand peine un hoquet juste esquissé, un sanglot qui l’aurait étouffé. Mais savoir si ma vie à moi, ma vie auprès de lui était seulement vivable ne le préoccupait guère. » Faute d’avoir saisir le sens de la peine, il va éprouver dans son être et son corps comment c’est l’ombre de la peine de vivre, l’objet de l’inertie de sa vie qui lui est tombée dessus, sur « son moi », ne lui offrant qu’une jouissance de vie plutôt hors sens et ruineuse au point de vouloir s’en séparer radicalement en tombant. Il ne put calculer sur la fonction du Nom-du-Père, un point d’où il aurait pu nouer une image soutenant son être d’objet. Mais surtout ce qui le traumatisa c’est de s’être entendu dire un jour de conférence en tant que professeur émérite de physique à Paris VII : « La vie est sans fond, on peut toujours tomber plus bas ». [37] Poussé par une forte envie de mourir, ne trouvant plus aucun intérêt à la vie, il fit une grave tentative de suicide à son bureau en sautant du septième étage. Son livre illustre la difficulté à vivre dans un corps comme sexué, lorsque le corps ne tient plus par une articulation symbolique, lorsque le corps ne dit plus rien.
Ce qui singularise un corps
Lacan a pu dire aussi que « ce corps n’a de statut respectable, au sens commun du mot, que du nœud. » [38] Il faut donc un principe d’articulation, que dans le parcours de son enseignement il a formalisé de différentes façons. C’est là où, le laisser tomber du corps de Bernard Diu est à référer au « laisser tomber du rapport au corps propre de Joyce, » [39] qui, lui-même, se réfère à la déréliction désignée dans le délire du président Schreber par le liegen lassen, que Lacan isole et qu’il traduit par laisser en plan.[40] Dès lors, comment bricoler ou inventer un autre nouage qui puisse faire que ce corps tienne debout ?
Ce qui singularise le corps que l’on reçoit ce sont des événements, souvent langagiers ayant valeur de lalangue qui laissent des traces. Ces traces dérangent le corps car elles y font des symptômes. Bernard Diu décrit très bien comment avant son saut réussi dans le vide, qui lui a valu un corps polytraumatisé, il avait fait une autre tentative qu’il n’avait pu mener à son terme, à cause de l’instinct de survie de ce corps. « Avant l’envol, mon corps s’est inopinément raidi et cambré en arrière, mes jambes freinant à fond l’élan pourtant considérable que j’avais pu prendre et m’arrêtant net à l’abord de cet obstacle dérisoire. » [41] Il lui en a voulu à cet instinct de conservation mal venu qui s’est manifesté à son insu et contre sa volonté d’en finir avec la vie. [42] « N’est-il pas humiliant de voir ainsi son corps, se sentant condamné, résister et refuser d’accomplir un geste pourtant si simple ? » Son livre prend pour lui valeur de sinthome, c’est ce qu’il a réussi à créer, pour, à partir de son corps traumatisé, faire une œuvre qui n’est que l’écho de sa souffrance, sa peine à vivre, et de son corps traversé par la pulsion de mort, écho dans le corps d’avoir rencontré un dire du père dont il fait usage de jouissance.
Le réel embrouille le vrai. Dans sa famille chaque corps parlant a à se débrouiller des débris de langage avec lesquels il a rencontré un réel, comme l’indique Jacques-Alain Miller dans la conversation sur « les embrouilles du corps ».[43]
De la fiction du complexe à la responsabilité de la jouissance
Dans son texte « Les complexes familiaux », Lacan inscrit la famille dans un « ordre original de réalité » parlant de « complexe familial » pour marquer une différence radicale avec l’instinct. Il a distingué l’institution d’une famille du groupe naturel, par les règles d’alliance qu’un ordre régule. Parce qu’il implique les noms de la parenté, il est « identique à un ordre de langage » qui de façon inconsciente, « noue et tresse à travers les générations le fil des lignées. » La famille institue un ordre. C’est, en effet, dans la fiction du langage que se fait le renoncement de la jouissance et l’entrée dans la civilisation. En prenant le complexe familial comme le moule, la matrice de cette énigme que sera le sujet, Lacan étudie le rapport entre la pathologie du sujet et la relation qui s’établit pour lui avec le noyau familial. S’il est bien l’enfant d’une telle, portant le nom de celui qui l’a reconnu, il est aussi reconnu par la société. C’est ce qui lui donnera une part importante de responsabilité. Il aura ainsi, au cours de sa vie, plus tard à répondre en son nom propre de ce qu’on lui a donné ou transmis en naissant mais surtout de ce qu’il est, de ce qu’il fait, du choix de sa vie, de son choix d’objet. L’enfant est responsable de sa propre jouissance, de ce qu’il éprouve dans son corps.
Médiation et transmission
La fonction essentielle de la famille est l’éducation des enfants et la transmission d’une génération à l’autre. La famille installe l’enfant dans ses premières identifications. Elle joue un rôle essentiel dans la transmission. Ce sont les lois du langage qui règlent les échanges au niveau des structures élémentaires de la parenté, qui assurent la transmission de la structure par une combinatoire qui fait appel à un élément symbolique : le patronyme.
Le couple père-mère, que l’on appelle le conjugo, opère une médiation entre celle qui a mis au monde l’enfant et celui qui l’a créé avec elle. Il est actuellement le plus souvent réduit à son unité minimale. En tant qu’unité, il appartient à un ensemble plus vaste qui constitue la famille en tant que telle (frères et sœurs, oncles et tantes, grands-parents). C’est cet ensemble qui réalise la médiation avec la société.
La famille conjugale, c’est-à-dire père et mère, a pour fonction de satisfaire aux besoins immédiats de l’enfant. Cette médiation inscrira une première marque sur le corps de l’enfant. Cette satisfaction des besoins vient opérer une médiation entre ce qui se passe de réel dans le corps de l’enfant et l’institution de la présence de l’Autre qui lui offre le monde du signifiant, celui de la parole et du langage. Cette médiation est l’introduction de la civilisation, d’une institution qui consiste à venir réfréner la jouissance, à la mettre en ordre.
La famille comporte donc le paradoxe d’être à la fois traumatique et thérapeutique. Traumatique car elle force l’entrée du sujet dans le monde signifiant, de la parole, qui lui sert à se représenter. C'est à ce prix que la famille devient le lieu de l’identification pour le sujet, qui peut s’avérer thérapeutique d’offrir une orientation, un sens. Cela lui permet d’identifier ce qui lui arrive dans son corps et dans sa relation à l’Autre mais aussi de s’identifier lui-même pour les autres, à se compter comme un élément appartenant à un groupe rattaché lui-même à une communauté humaine. L’enfant comme sujet est alors pris dans un discours. Il va recevoir une nomination, un signifiant de l’Autre qui va le personnaliser et le représenter comme sujet à un autre. Mais si le signifiant représente le sujet, tout du sujet n’est pas représenté par le signifiant, il y a un reste. C’est comme un troumatisme lié à l’irreprésentable du sexe et de la mort. Ce reste représente cette part du sujet que l’on appelle la jouissance, qui revient au sujet et qui fait sa particularité.
Reste et particularité
C’est ce que Freud disait en disant que le père n’est pas tout, n’est pas le seul modèle qu’un enfant puisse imiter. Le discours ambiant, la société, les références culturelles d’un sujet lui offrent un certain nombre de figures mythiques, héroïques sur lesquelles il peut régler son désir. C’est là aussi où prend toute sa place le monde du numérique et la structure en réseaux. Lorsqu’il s’agit d’un jeune enfant qui vient le rencontrer pour un symptôme, le psychanalyste reçoit au début les parents. Ceci lui permet d’avoir une idée de la constellation de la famille. Il peut ainsi saisir la façon dont ont été offerts à cet enfant le savoir, le désir et la jouissance ; cela lui donne une idée de la place que cet être, en tant que corps nouveau, est venu prendre entre sa mère et son père. Il aura souvent l’occasion, d’ailleurs, de se rendre compte que ce que dit la mère sur cet enfant n’est que son interprétation à elle et que, très souvent, l’enfant a une autre version. En effet, lui va parler à partir de ce qui est insupportable pour lui, de ce qu’il éprouve dans son corps, c’est-à-dire ce qui le fait souffrir. Il parle aussi de la place qu’en tant qu’être nouveau il est venu occuper dans sa famille, des difficultés qu’il a rencontrées pour se faire cette place et peut ainsi faire valoir la place qu’il s’est inventée dans le numérique.
Il n’empêche que la famille est la structure nécessaire pour penser la question du sujet. La famille est d’ailleurs un signifiant opaque dont l’effet est de prendre l’enfant dans un discours qui le concerne. L’enfant, comme sujet, est pris par une question concernant ses parents. « Comment mes parents se sont-ils rencontrés ? Pourquoi se sont-ils rencontrés ? Pourquoi m’ont-ils créé ? Comment m’ont-ils désiré ? » Il n’y a évidemment pas de réponse. L’enfant manque à saisir qu’une « famille » est en fait ce qui bouche le trou entre la réalité biologique qui le fabrique et un désir qui, lui aussi, est inaccessible d’être inconscient chez ces géniteurs. La famille est une structure qui ne change pas et qui vient à la place du trou où rien ne peut répondre pour un enfant à la question de ce qui lui serait nécessaire pour faire le joint entre le savoir qu’il aura du désir de ses parents et le mystère de sa création, de sa présence sur terre. La famille est donc un voile nécessaire au réel de la transmission.
Philippe Lacadée
[1] De Vigan D., Rien ne s’oppose à la nuit, J.-C. Lattès, 2011.
[2] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXV, « Le moment de conclure », leçon du 11 avril 1978, inédit.
[3] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977, p. 12.
[4] Ibid., pp. 22-23.
[5] Ibid., cf. « Vers un signifiant nouveau », texte établi par Jacques-Alain Miller, Ornicar ?, Bulletin périodique du Champ freudien, no 17/18, printemps 1979, p. 23.
[6] Malengreau P., « Paroles de Famille », in Quarto, no 88-89, p. 26. Dans cet exposé remarquable, Pierre Malengreau cite le ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
[7] Leguil F., « Les avatars de la famille », cité par Pierre Malengreau in Letterina, no 6, 1998, p. 22.
[8] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977, p. 12.
[9] Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre (1968-1969), Paris, Seuil, Coll. Champ freudien, 2006, p. 332.
[10] Ibid.
[11] Ibid.
[12] Lacan J., « Note sur l’enfant », in Autres écrits, Seuil, 2001.
[13] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977, p. 12.
[14] Ibid., p.13.
[15] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977, p. 12.
[16] Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme » (4 octobre 1975), Le Bloc-notes de la psychanalyse, 1985, n° 5, p. 11.
[17] Laurent E., « Cette notion d’impact désigne quelque chose qui arrive au corps sensible et pulsionnel en dehors de toute signification préalable, c’est l’équivalent d’un S1 lié au corps par l’effet qu’il produit, c’est ce qui le définit comme sinthome », cité par P. Malengreau dans son texte p. 26. Op. cit.
[18] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 8 mars 1977, Ornicar, n° 16.
[19] Lacan J, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », op. cit., p. 13.
[20] Ibid., p. 12
[21] Miller J.-A. & Co., « Lacan avec Joyce », Le Séminaire de la Section clinique de Barcelone (2 décembre 1996), 1998, La Cause freudienne, n° 38, p. 12.
[22] Ibid.
[23] Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme », Bloc-Notes de la psychanalyse n°5, p.14.
[24] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXV, « Le moment de conclure », leçon du 11 mai 1978, inédit.
[25] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 14 décembre 1976.
[26] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXV, « Le moment de conclure », leçon du 11 avril 1978, inédit.
[27] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 11 janvier 1977, cf. « Effets de signifiants », texte établi par Jacques-Alain Miller, Ornicar ?, Bulletin périodique du Champ freudien, n° 14, 1978, p. 7.
[28] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977. « que l’apprentissage que le sujet a subi d’une langue entre autres, qui est pour lui lalangue, dans l’espoir de ferrer, elle, la langue, ce qui équivoque avec faire-réel. Lalangue quelle qu’elle soit, est une obscénité, ce que Freud désigne – pardonnez-moi l’équivoque – l’obrescène, de l’autre scène ».
[29] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977.
[30] Ibid., p. 12.
[31] Ce que Lacan écrit S1-S2.
[32] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXVII, « Dissolution » (1980), leçon du 10 juin 1980, cf. « Le malentendu », texte établi par Jacques-Alain Miller, Ornicar ? Bulletin périodique du Champ freudien, no 22/23, mars 1981, p. 13.
[33] Inédit : Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile la mourre », leçon du 19 avril 1977, Ornicar, no 17/18, p. 13.
[34] Ibid.
[35] Cette thèse de Jacques Lacan est développée dans Lacadée Ph., Le Malentendu de l’enfant, Éditions Payot Lausanne, 2003.
[36] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 66.
[37] Diu B., La Constellation de la vierge, Herman, 2008, p. 37.
[38] Ibid, p. 37
[39] Miller J.-A., in Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, Seuil, 2005, p. 150.
[40] Lacan J., Écrits, Seuil, 1966, p. 560 et 563.
[41] Diu B., La Constellation de la vierge, op. cit., p. 52.
[42] Ibid, p. 53.
[43] Miller J.-A. et Altri, « Conversation sur les embrouilles du corps », Conversation de la Section clinique de Bordeaux, in Ornicar ? no 50, Navarin Éditeur, Seuil 2003, p. 228.
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