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Interview de Fabian Fajnwaks

Fabian Fajnwaks est psychanalyste à Paris. Membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de la psychanalyse, il est aussi maître de conférences au Département de psychanalyse de l’Université Paris 8. L’engagement qui est le sien, notamment dans la transmission de son travail sur la question de l’amour, sa rencontre avec des adolescents et la richesse de ses références à la psychanalyse, comme aux diverses disciplines dans la cité, l’inscrivent avec sérieux et vivacité dans le Champ freudien. L’équipe de rédaction du journal Le Pari de la Conversation lui a proposé de nous offrir son éclairage sur la question de l’amour à l’adolescence. Voici l’interview qu’il a accordée à Dominique Grimbert et Philippe Lacadée.


PdC – C’est un réel plaisir pour nous que vous ayez accepté de nous en dire un peu plus sur l’amour, et sur l’amour à l’adolescence, dans le cadre de ce numéro du journal Le Pari de la Conversation. Interviewé par Clotilde Leguil, dans la rubrique du bulletin Uforca Ironik ! « Lacan sens dessus dessous » [1], vous disiez que c’était une position éthique que de vouloir savoir quelque chose de l’amour. Pouvez-vous commencer par nous éclairer sur ce point ?


Fabian Fajnwaks – C’est dans le « vouloir savoir » que je reconnais une position éthique. Vouloir savoir quelque chose sur sa jouissance est le moteur d’un sujet dans l’analyse, mais aussi, et de surcroît, vouloir savoir quelque chose sur ses conditions d’amour. Dans la mesure où c’est le transfert qui donne la « raison » de l’amour, comme Rimbaud, repris par Philippe Lacadée, dans son texte d’orientation le dit, il permet aussi, alors, d’en dégager les conditions de possibilité. L’analysant n’est pas obligé de vouloir le savoir. Dans la mesure où l’amour ne constitue pas forcément ce qui nourrit le symptôme, il ne se trouve donc pas au centre de ce sur quoi opère l’analyse. C’est la jouissance, ses métamorphoses et sa réduction qui sont au centre d’une analyse. Mais, l’amour se dégage comme reste de l’opération analytique car elle donne le cadre dans lequel cette recherche se fait, et on peut en savoir quelque chose dans le cours de la cure.


PdC – Un adolescent de quatorze ans me disait récemment : « La vie amoureuse, moi, je ne m’y risque pas ! Vous savez, de nos jours, les filles… elles papillonnent… Elles ne sont pas fiables. J’ai vu trop de copains pleurer. Moi aussi, la première… elle m’a trompé… avec un copain, en plus. Alors, pour l’instant, l’amour, pas question ! » Il dit bien en quoi l’amour est un pari, pari trop risqué pour lui, pour l’instant… Un autre, un peu plus âgé, a mis beaucoup de temps à dire que sa petite amie vivait un « polyamour ». « Moi, je n’aime qu’elle… mais j’accepte. » Pourrions-nous dire, comme Serge Cottet l’écrit dans son texte « Le sexe faible des ados : sexe-machine et mythologie du cœur » [2], en 2006 déjà, qu’« Il apparaît que les rôles sont renversés… : les garçons amoureux « sont confrontés à des situations qui étaient typiquement celles qui s’imposaient aux filles : être quittés un peu brutalement ou être “partagés”… Ce changement des mœurs met en porte-à-faux les garçons… » Ou, plutôt que renversés, peut-on dire que les rôles soient plus souvent définis du côté d’une certaine égalité mais, dans ce cas, du côté virilité ?


F. F. – Oui, on ne peut qu’être d’accord avec le constat du regretté Serge, dans la mesure où il y a une accentuation, un renforcement de la jouissance phallique dans le pousse-au-jouir qui caractérise notre époque. Les ados étant des « plaques sensibles » de l’époque, comme le disait déjà Winnicott, ils ne peuvent être qu’au centre de ces questions. Être quittés, ou être partagés dans le « polyamour », qui étrangement est davantage revendiqué par les filles que par les garçons, situe les garçons à une place d’objets échangeables sur le plan social, avec une légère inversion, car le phénomène est encore partiel. Les fameuses lois de « circulation des femmes » de Lévi-Strauss… C’est comme si les filles, averties de ce qu’Eva Illouz, sociologue, appelle le « unlove », c’est-à-dire la possibilité du désamour, à l’horizon de toute rencontre amoureuse, à notre époque, voulaient s’assurer la possibilité d’être aimée par d’autres partenaires, au cas où l’amour de l’un d’eux venait à manquer… Mais, la clinique nous enseigne que les partenaires, bien que multiples, sont rarement équivalents. Il y en a toujours un, particulièrement, qui se distingue, par la charge libidinale dont il est l’objet. « Unlove », d’ailleurs, qui semble plus averti qu’à d’autres époques, de l’impossibilité de faire exister le rapport sexuel, à l’époque de Tinder et des swipes des potentiels partenaires… On peut swiper de partenaire parce qu’il est plus facilement objectalisé, c’est-à-dire fétichisé. Et pour les filles aussi, dans une hystérisation du désir, déjà présent en elles, qui accentue aisément le côté de la logique du désir et de son rapport à l’objet fétiche. Certainement que le « caractère fétiche de la marchandise », déjà dénoncé par Marx, y contribue ; à notre époque, il faut, entre autres, payer pour accéder aux applications de rencontre et le partenaire se propose très facilement dans la même logique, d’un objet à consommer… L’ « unlove », qu’Illouz décrit, est donc analogue à l’obsolescence programmée qui régit les objets informatiques que nous utilisons et qui permet d’assurer une consommation régulière de nos téléphones portables et de nos ordinateurs.

PdC – D’autres disent, chacun à leur façon, en quoi la relation sexuelle semble moins engageante et risquée pour eux que le sentiment amoureux. L’inhibition, la gêne, voire la honte, ne semblent plus se manifester dans l’engagement d’une position désirante dans la relation sexuelle mais bien plus dans la reconnaissance d’une position aimante, ou manquante, qui oserait affirmer une vulnérabilité. Diriez-vous, comme Roland Barthes, que n’est pas que le sentiment amoureux se soit émoussé, mais que l’amour devient obscène « en ceci précisément qu’il met le sentimental à la place du sexuel » ? Ou plutôt que l’embarras des adolescents, que caractérise l’impossible aveu, vient du fait que les mots n’y sont pas ?


F. F. – Effectivement, en continuité avec la question précédente, on ne peut que saluer l’actualité des propos du génial Roland Barthes dans ses Fragments… lorsqu’il écrit que « ce n’est plus le sexuel qui est indécent, c’est le sentimental – censuré au nom de ce qui n’est au fond qu’une autre morale (…) Nous deux – le magazine – est plus obscène que Sade » [3]. Il y parle d’une autre morale, pour nommer peut-être ce régime de jouissance dans lequel, à cette époque, on n’était qu’à ses balbutiements, mais qui s’est généralisée aujourd’hui, de l’érotisme généralisé, pour ne pas dire la pornographie.

Dans cette logique, l’amour fragilise davantage que la jouissance, à notre époque, où tout le monde est poussé à jouir d’une manière ou d’une autre : ce qui laisse présager, d’ailleurs, que, peut-être, la psychanalyse, qui s’occupe des choses de l’amour, n’a pas ses jours comptés, comme on le craint parfois. Comme votre question le dit, l’amour nécessite des mots – Lacan distinguait ici les paroles d’amour de la lettre d’amour – et il est certainement plus risqué aujourd’hui de parler que de jouir, ce qui se passe aisément des mots. Sherry Turkle, du M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology), a écrit sur cette question un livre très amusant, Reclaiming conversation – The power of talk in a digital age. Elle y commente largement les résultats des études qu’elle a fait auprès des populations d’adolescents et de leurs difficultés, ne serait-ce qu’à parler au téléphone, pour répondre à l’Autre. Ils préfèrent les SMS, ou les Chat, qui leur permettent de mettre l’interpellation de l’Autre de la parole à distance. Ils négocient avec lui, grâce à la forme écrite, et se donnent le temps pour écrire, et éloigner ainsi le péril que représente l’Autre. Parler ici de comment l’outil informatique permet de traiter un certain rapport phobique à l’Autre, très caractéristique, de manière générale, chez nos adolescents aujourd’hui, ne me paraît pas forcé.


PdC – Sonia Chiriaco, dans son texte « Variations sur l’amour »[4], nous rapporte quelques propos de divan recueillis parmi de tout jeunes analysants : « C’est trop tôt pour savoir si j’ai des sentiments », dit une jeune fille qui entretient une relation depuis bientôt un an. Un analysant, qui a la même partenaire depuis des mois, énonce prudemment qu’il ne sait pas encore s’il est amoureux : « Je ne donne pas ma confiance comme ça ! » avoue-t-il. « Sur le plan du sexe, c’est bien, mais je ne sais pas si on pourra aller plus loin, c’est trop tôt pour le savoir ». « Parler de sexe, ça va, mais pour parler d’amour, je serais plus prudente, on verra plus tard » dit une autre. Et cette jeune femme, qui ose avouer à l’analyste : « J’ai honte de vous dire que je suis amoureuse ; alors, à lui, je ne pourrai jamais le dire ». « L’amour, c’est quelque chose de plus intime que mon intimité, et ça, je ne peux pas », lui confie une jeune fille qui a, selon ses termes, de nombreuses « relations nocturnes ». L’amour semble compliqué, voire dangereux… car plus précieux ? Elle nous propose un nouvel énoncé en adaptant le « Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir » [5] de Jacques Lacan en « Le désir permet à la jouissance, sous certaines conditions, de condescendre à l’amour » aujourd’hui. Qu’en dites-vous ?


F. F. – Les jeunes en disent des choses sur l’amour ! J’aime bien cette jeune qui parle de l’amour comme Saint Augustin, dans les Confessions, quand il écrit : « tu étais plus intime que l'intime de moi-même » [6] … Avouer l’amour à quelqu’un implique de lui offrir sa castration, voie que le pousse-à-jouir contemporain cherche à saturer. Il est clair que, dans le régime actuel de jouissance, comme nous le signalions précédemment, il est plus dangereux d’aimer que de se livrer à la jouissance. Drogues de différents types, alcools durs et en quantité, addiction aux jeux-vidéos, aux réseaux sociaux… nos adolescents baignent dans un univers de jouissance, dans une morale surmoïque qui ordonne « Jouis ! » et où le désir et l’amour se posent comme des voies déflationnaires, soustrayantes, introduisant du manque, là où la civilisation actuelle pousse aux excès, au trop, à la complétude, voire à la satiété. Dans ce régime, on fuit la castration et le manque, sauf à les pousser à l’extrême, comme dans l’anorexie ou les communautés de no-sex, des anorexiques du sexe. La privation y est au premier plan, comme excès, aussi, de manque ! Comme son absolutisation. Là où le désir et l’amour introduisent des nuances, des failles.

Je suis content que Sonia propose ce retournement de l’aphorisme de Lacan dans son Séminaire sur L’Angoisse. J’avais proposé le même énoncé, dans un cours sur RSI de l’amour, concernant les hommes, à la lumière de l’inversion que Lacan propose de leur position, et des femmes concernant l’amour et le désir, dans « L’acte analytique » [7]. Lorsque les hommes croient désirer, en vérité, ils aiment et, lorsque les femmes croient aimer, en vérité, elles désirent. Dans le cas des hommes, le désir permettrait alors à la jouissance (phallique) de condescendre à l’amour, parce que, sans désir, ils ne peuvent pas aimer. Reste à dégager la condition fétichiste de cet amour : « celle-ci et aucune autre », qui peut prendre alors, chez eux, une note plus accentuée et définitive que chez les femmes, où c’est la parole d’amour, l’énonciation amoureuse du partenaire qui fonctionne comme déclencheur de l’amour, avec la condition érotomane qu’on reconnaît à cette position.

Sonia semble l’énoncer pour le régime actuel de la civilisation, proposition qui semble s’éclairer, alors, des coordonnées que j’ai déjà énoncées : l’injonction du pousse-au-jouir de notre contemporanéité, avec le bémol qui en résulte, difficile souvent pour les sujets, de se situer par rapport au désir, par la saturation que la jouissance des gadgets a tendance à boucher. On peut évoquer, ici aussi, les effets de dépression si accentués chez les adolescents, très sensibles parfois, lorsqu’ils se trouvent égarés par rapport à leur désir. Effets de dépression très propres, par ailleurs aussi, à notre époque. La rencontre avec leur parole, que permet la séance analytique, ou même parfois la simple rencontre avec un analyste, suffit à les réorienter dans l’égarement de leur jouissance, terme d’ailleurs de Lacan dans Télévision, et réanimer leur vie et leur désir, caché, impliqué dans ses états dépressifs.


PdCPouvez-vous, en quelques mots, revenir sur la conclusion de votre enseignement « L’amour, après l’amour en analyse ». Du nouage singulier, pour chacun, des trois dimensions Symbolique, Imaginaire et Réel, qui fait tenir dans l’existence, vous évoquez l’amour comme condition, tout en le définissant aussi comme quatrième rond nouant les trois autres. Dans la mesure où l’adolescent est confronté au surgissement du réel, non sans une certaine violence, ce qui peut le faire vaciller, et que la solidité du nœud qui le faisait tenir jusqu’ici dans l’existence est mise à l’épreuve jusqu’à se faire nouvelle, je me disais que nous pourrions peut-être mettre en valeur l’usage bénéfique de la rencontre avec un adulte qui sait dire oui à « l’amour dégagé de la part de jouissance qui le contamine », ou qui a un certain savoir-y-faire pour accompagner le jeune durant cette délicate transition [8].


F. F.Absolument. Je ne peux que valider cette proposition que vous formulez de manière si juste, car si nous suivons le Lacan dans son dernier enseignement, nous ne pouvons que constater l’importance qu’il semble y accorder à l’amour. Que l’amour puisse fonctionner comme un quatrième rond de ficelle est impliqué dans sa proposition « [dans l’amour] chacun tresse son nœud » que j’ai évoquée tout à l’heure. Il reste à vérifier ceci dans la clinique. C’est un amour qui se fait le tributaire de la jouissance du sujet et qui permet de suppléer au non-rapport sexuel et non pas d’y faire bouchon, en le proposant comme possible. C’est un amour averti de ce versant, vidé donc de la vérité, qui lui fait croire que l’objet pourrait être le bon, mais pas de son authenticité : ce que la mise en place du transfert et le vidage de sa signification permet de sauver à la fin d’une analyse. C’est pour cela que j’avais proposé « l’amour après l’amour » parce qu’à la fin de l’analyse, il demeure sa charge libidinale moins le caractère trompeur de l’objet. La signification reste alors ouverte, une signification sans limites, hors des limites de la Loi, une fois le sujet confronté à son « signifiant primordial » [9], énonce Lacan à la fin du Séminaire XI. L’amour dégagé aussi, comme vous l’évoquez, de la part de jouissance qui le contamine, ce que l’analyse permet aussi avec la construction du fantasme fondamental et sa traversée.

Le nœud peut se défaire à l’adolescence, s’il n’est pas solidement serré avec un Nom-du-Père comme quatrième rond. Il est plus difficile d’établir comment il pourrait être renoué avec l’amour, parce que c’est seulement dans l’analyse que se vérifie, me semble-t-il, que l’amour réel pourrait permettre au sujet de tisser son nœud à partir de l’amour. Mais la mobilisation de la parole, dans la rencontre avec un analyste, peut permettre à l’adolescent en question de trouver des stabilisateurs ou des semblants lorsque la jouissance émerge, en faisant échouer les solutions qu’il avait pu trouver jusqu’alors.


PdC – L’adolescent est requis, par une urgence de vie, de trouver une réponse à l’énigme de son être sexué et mortel, lorsqu’il rencontre l’amour, sous l’angle du coup de foudre. La hâte imposée par des événements contingents, surgis dans une âme et un corps. Rimbaud dit : « Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps ». Quand la métamorphose de sa puberté se joue, elle l’amène à sortir de la relation aux premiers objets d’amour qui, dans l’enfance, avait donné une certaine valeur à son amour, soutenu de son corps d’enfant. Pour Freud, l’éveil qui se produit, au moment de l’adolescence, est une mise en scène dans une temporalité d’après-coup [10]. S’éveille alors le rêve du printemps mais pas sans un rapport sexuel qu’il n’y a pas. Cet éveil comporte un facteur temps, qui n’est pas de l’ordre du temps linéaire lié aux étapes du développement mais relève du temps logique, instant de voir, temps pour comprendre et moment de conclure, qui requiert une réponse et produit une assomption subjective. Quel est alors la logique de l’amour eu égard à la vérité de l’enfance ?


F. F. – Je dirais que la logique de l’amour, telle qu’elle peut faire irruption à l’adolescence, peut trouver une déclinaison sur l’axe de la continuité ou de la rupture par rapport à la vérité de l’enfance. Les psychologues qui ont écrit des livres sur l’adolescence l’expliquent, à partir de la mise en question des identifications et des idéaux, en lien avec les personnages œdipiens, que l’adolescent doit remettre en question à partir des choix d’objet auquel il doit procéder à la sortie de cette « délicate transition », comme tu l’as joliment appelée, Philippe. Cela suppose interroger la Loi paternelle et ses limites, qui donnent le cadre de ce qui peut être aimable ou pas. Rappelons-nous ici que pour Lacan « l’amour est une signification, alors que le désir a un sens », c’est-à-dire qu’à la différence du désir qui a le sens établi par l’objet cause du désir, l’amour permet d’ouvrir à la possibilité d’une signification que Lacan dit même « sans limites », à la fin du Séminaire XI, c’est-à-dire au-delà des limites de la Loi que le Nom-du-Père lui fixe. Voilà la tension que la rencontre amoureuse peut déclencher chez les jeunes. On pourrait dire que la rencontre amoureuse confronte l’adolescent à la possibilité de parler une autre langue que celle déterminée par le Nom-du-Père, et s’il, ou elle, choisit de parler la même langue, nous restons dans le cadre de la névrose.

Ici s’ouvre la possibilité d’un « nouvel amour » que Rimbaud, poète cher à toi Philippe, fait scander au personnage d’« A une raison », et comme l’indique un autre bordelais, un autre Philippe, « rapprocher les mots raison et amour est déjà un acte en contradiction complète avec presque toute la bibliothèque » [11] ; presque toute la bibliothèque, parce qu’il y a Freud et Lacan bien sûr, qui ont fait de l’amour la raison même qui permet de mener une psychanalyse. Dans le même sens, on pourrait citer aussi Rimbaud, dans ce vers dans « Génie » : « l’amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue » qui sied si bien à notre sujet. C’est à l’adolescence que s’ouvre la possibilité de réinventer cette mesure qu’est l’amour, cette raison ô combien imprévue… J’aime bien que Rimbaud écrive ici « mesure parfaite », parce que cela résonne avec ce dit de Lacan que « l’amour est un dire sans bavures »[12] étant donné que tout l’être du sujet trouve à s’y exprimer, et que son être est bien de parole.

Puisque nous sommes avec le poète, et qu’il parle de « mesure », citons-le dans « Vies » : « Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m’ont précédé ; un musicien même, qui a trouvé quelque chose comme la clef de l’amour ». Voilà l’opération à laquelle est invité l’adolescent : à inventer l’amour et à trouver, s’il le souhaite, « quelque chose comme sa clef », celle qui lui permettra de jouer sa partition, autrement qu’en clef du Nom-du-Père.

Comme tu l’indiques si justement, en citant Lacan : « l’amour est le signe qu’on change de discours dans l’analyse », mais je propose de considérer que la même possibilité s’ouvre à l’adolescent et que très vite, en général la raison paternelle vient refermer cette ouverture et lui donner sa clef. L’analyse donne un support pour parler de cette raison, qui se met en jeu de manière sauvage, de la même manière que Lacan parlait de transfert sauvage pour l’acting-out, c’est-à-dire sans analyse dans la vie des adolescents. Il s’y ouvre la possibilité de changer de discours : au sujet de prendre la charge de cette possibilité.

Un mot m’oriente ici, c’est celui de Jean-Claude Milner. Dans un de ses textes sur la révolution, il écrivait que la révolution inscrit l’infini en politique. Pourquoi ne pas dire que l’amour permet d’inscrire aussi l’infini, la possibilité d’une signification infinie, au niveau de la sexualité ?


PdC – À la suite de Lev Vygostski, auquel il rend hommage en 1963[13], Lacan noue les notions de concept et de puberté et apporte une rectification à ceux qui, comme Hélène Deutsch [14], parlent de « processus de maturation ». Il propose un autre repérage en situant la question du corps à la puberté, non pas dans une théorie du développement orienté vers la réalisation de l’objet génital, mais dans le rapport du corps à l’objet a. Le moment où commence véritablement le fonctionnement du concept, que les auteurs appellent le moment-limite conceptuel, pourrait recevoir un tout autre repérage, en fonction d’un lien à établir de la maturation de l’objet a, tel que je le définis, à l’âge de la puberté [15]. Ce serait donc à partir de l’objet a et du concept que se mettrait en jeu l’amour mais pas sans lien avec le corps de l’adolescent ?


F. F. – J’aime bien cette « maturation de l’objet a » qui vient répondre au « processus de maturation » et qui serait présente dans le rapport au corps dans la puberté. Il y avait un auteur postfreudien, que nous étudions en faculté de psychologie à Buenos Aires, Peter Blos, un annafreudien, qui parlait aussi dans ces termes : l’adolescent doit être capable de mettre en question les identifications issues de l’Œdipe et procéder à un choix d’objet à la sortie de l’adolescence. On y lisait la perspective normative, chère à ce courant, telle qu’elle s’est développée aux USA. La « maturation de l’objet a » indique une autre perspective, en effet. C’est ici, alors, l’ensemble du rapport du sujet à l’Autre, et particulièrement à l’Autre sexe, dans le cas de l’adolescence, qui se met en jeu, à ce moment. Et, il y a comme une mise en jeu de l’ensemble de la structure du sujet qui doit répondre à l’impératif de cette confrontation. Si l’objet a n’est pas mis au point, s’il n’est pas extrait du corps, par exemple, nous connaissons les effets dévastateurs que cela peut avoir pour les ados.

C’est donc bien à partir de l’objet a que se met en jeu l’amour, et dans un lien parallèle avec le corps. Là où le sujet est pressé, parfois davantage par la satisfaction pulsionnelle que par trouver « le lieu et la formule », cité souvent par toi, Philippe, il sera confronté à trouver aussi les mots et les formules pour approcher l’Autre sexe. À parler amour. On peut évoquer ici une sociologue, Michaela Marzano, qui dans un entretien à Libération expliquait, il y a quelques années déjà, que la pornographie et son usage par les jeunes sont en train de renforcer les inhibitions amoureuses car les adolescents ont tendance à penser que la rencontre sexuelle doit se passer comme dans ces films, en court-circuit avec l’amour. La sociologue indiquait que là où, dans le passé, la pornographie était plus difficilement accessible, elle servait comme un appoint à l’initiation sexuelle et permettait de dépasser les inhibitions sexuelles. Aujourd’hui, elle sert plutôt à former des inhibés sexuels, et j’ajouterai ici, des inhibés de l’amour.

Je pense aussi, une fois encore, au bel article du regretté Serge Cottet sur « Le sexe faible des ados » dans son livre L’Inconscient de papa et le nôtre [16] qui évoque, dans ce sens, le film L’Esquive d’Abdelhatif Kéchiche, dans lequel un groupe de théâtre, dans une banlieue parisienne, doit interpréter Le Jeu de l’amour et du hasard. Un jeune de la cité, qui ne fait pas partie de la troupe tombe amoureux de celle qui doit interpréter Sylvia, dans la pièce. Il fera tout pour écarter le jeune homme qui joue Arlequin pour prendre sa place et ainsi séduire la formidable adolescente qui donne merveilleusement à Sylvia. Une fois le jeune écarté, notre jeune propulsé à incarner Arlequin, devant la ravissante Sylvia, se trouve complètement impuissant à réciter son texte. Le jeu de l’amour lui a joué un très mauvais tour et il perd ses paroles…

Comment donc l’amour se met en jeu en lien avec le corps ? Je dirais en devant manœuvrer avec le désir et l’impératif pulsionnel, en devant négocier avec l’impératif de satisfaction pulsionnelle qui devient pressant, et donc, avec le « rabaissement de la vie amoureuse » telle que le développe Freud. Lacan opère une torsion vertigineuse à cette disjonction entre l’amour et le désir, qui permet peut-être de mieux comprendre comment s’opère cette négociation. Dans sa leçon du 27 mars 1968, dans « L’acte analytique » [17],en commentant ce texte de Freud, il indique que puisque l’objet du désir coïncide chez le garçon avec l’objet d’amour, il doit le rabaisser pour l’aborder de manière sexuelle, mais ceci pour cacher qu’en vérité, il l’aime, et que donc « là où il croit désirer, en vérité il aime ». Pour les femmes, en général, les termes s’inversent, et comme l’amour est le vecteur qui permet de condescendre au désir et à incarner l’objet du fantasme chez son partenaire, « là où elles croient aimer, en vérité elles désirent ». Ce tressage s’établit, il faut bien le constater, à l’adolescence, où le ou la jeune doit bien pouvoir trouver une articulation entre les deux courants, l’amour et le désir, que lui permette d’aborder les objets de son intérêt. On peut voir s’installer chez certains, aussi, une anorexie du sexe, ce qui n’est pas sans court-circuiter cependant les deux courants qui continuent à agir en sourdine…


PdC – « Le parlêtre adore son corps », dit Lacan, « parce qu’il croit qu’il l’a. En réalité, il ne l’a pas, mais son corps est sa seule consistance – consistance mentale, bien entendu, car son corps fout le camp à tout instant. » [18] Il faut donc toujours quelque chose pour le faire tenir. C’est pourquoi, dit Lacan, « ce corps n’a de statut respectable, au sens commun du mot, que [du] nœud » [19]. Qu’en est-il de ce corps qui tombe lorsqu’on dit « je suis tombé amoureux » ? Tu as participé à un livre Les Nœuds de l’amour [20], qu’en est-il alors ? Quel est le nœud qui se dénoue et se renoue ? Et de ceux qui disent ressentir un nœud dans le ventre lors de l’émoi amoureux ? Voir l’ai moi amoureux ?


F. F. – Différentions donc l’amour du « tomber amoureux », comme ta question le propose. La rencontre est contingente, mais non pas ses conditions, qui se trouvent déterminées par l’Inconscient. Tomber amoureux implique rencontrer quelqu’un qui nous parle selon des signifiants qui résonnent avec les nôtres. Lacan appelle cela le « connexité dans le savoir (Inconscient) ». Non pas la connexion, mais la connexité, qui est un terme de topologie, pour dire « objet d'un seul tenant ». Un objet est dit connexe à un autre s'il est fait d'un seul « morceau ». Définition difficile, s’il en est, car elle laisse entendre que deux savoirs inconscients se trouveraient comme faits d’un seul tenant, ce qui laisse entendre que le rapport sexuel pourrait exister, dans cette version du Un fusionnel, que l’amour permettrait. Or, il n’en est rien. Lacan connecte l’amour, dans sa leçon, non pas à la vérité, perspective classique en psychanalyse, par lui empruntée aussi, mais au savoir Inconscient. La connexité entre deux savoirs inconscients suppose le partage alors de certains signifiants qui relient les deux amoureux, qui font lien amoureux.

« L’amour c’est deux mi-dire qui ne se recouvrent pas. Et c’est ce qui en fait le caractère fatal. C’est la division irrémédiable, […] à quoi on ne peut pas remédier, ce qui implique que le « médier » serait déjà possible. Et justement, c’est non seulement irrémédiable, mais sans aucune médiation. C’est la connexité entre deux savoirs inconscients » [21] en tant qu’ils sont irrémédiablement distincts. « Quand ça se produit, ça fait quelque chose de tout à fait privilégié. Quand ça se recouvre, les deux savoirs inconscients, ça fait un sale méli-mélo » [22]. Lacan définit l’amour ici comme deux vérités, deux mi-dires, qui ne se recouvrent pas, deux énonciations distinctes. Ce qui en fait donc le caractère fatal car celle-ci est « la division irrémédiable », irréductible, où chacun est renvoyé donc non pas à sa jouissance, comme le fantasme fondamental le fait dans la rencontre sexuelle, mais à sa propre énonciation. Jouant avec cet « irrémédiable », Lacan introduit donc le fait qu’on ne peut pas y remédier, car cela impliquerait un « médier » possible. Or, c’est sans aucune médiation. Exit donc, à ce niveau de la médiation phallique, car c’est le phallus qui assure cette médiation. Lacan ne va pas asseoir la rencontre amoureuse, désormais, sur l’échange de manques, que le phallus assure, sinon sur le Savoir Inconscient. Il introduit ici ce terme de topologie qu’est la « connexité » : « Connexité entre deux savoirs, en tant qu’ils sont irrémédiablement distincts ».

Qu’en est-il du corps ici ? Il est ravi par et dans la rencontre, il est ému (e-movere : se mouvoir en dehors) et transporté par le tourbillon de la rencontre. Il ressent des nœuds et des papillons dans le ventre, il ne laisse tomber le sujet, mais il se trouve comme pris par la force d’attraction qu’exerce sur lui le corps du partenaire, pas son aimantation. Le moi narcissique est affaibli et tourné vers l’autre lorsqu’on aime, renforcé lorsqu’on est aimé selon les places de l’érastès et l’éroménos.

Qu’en est-il du nœud ? « Dans l’amour chacun tisse son nœud », dit Lacan, dans cette même leçon du Séminaire « Les non-dupes errent », ce qui permet de lire que ce n’est pas l’amour qui nouerait les deux amants, ce qui donnerait une nouvelle version du rapport sexuel qui existerait alors, mais que l’amour permet à chacun de tisser son nœud. Cet amour n’est plus l’amour imaginaire du narcissisme, ni l’amour symbolique qui échange des phallus et des manques, « donner ce qu’on n’a pas… », c’est un amour réel. Même si Lacan n’a pas utilisé l’expression, je crois que l’on peut parler dans ces termes, parce que l’amour en question, comme connexité entre deux savoirs, a un statut irréductible au symbolique en tant que lien. C’est un amour qui est averti de l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel et qui pourtant existe. C’est l’amour dont parle si joliment Rilke, pour retourner aux poètes, en le nommant de la « distance infinie » : « Mais lorsque l’on a pris conscience de la distance infinie qu’il y aura toujours entre deux êtres humains, quels qu’ils soient, une merveilleuse « vie côte à côte » devient possible : Il faudra que les deux partenaires deviennent capables d’aimer cette distance qui les sépare et grâce à laquelle chacun des deux aperçoit l’autre entier » [23]. Notons ici qu’il s’agit « d’aimer cette distance infinie », distance qui est un autre nom du non-rapport sexuel.


PdC – Dans la rencontre amoureuse, certaines cherchent l’amour idéal, voire le garçon idéal, pas sans l’idée d’un point d’appui dans l’idéal du moi calculé sur la fonction du père, comme point d’où elles se voient aimables, voire dignes d’être aimées. Le regard de l’Autre permet de se sustenter d’un corps imaginaire pour l’autre. D’autres, encore, revendiquent la dimension du respect [24] tout en se montrant irrespectueuses ou provocatrices dans leurs corps, ou propos, allant jusqu’à la provocation incommodante de leur look ou de leur langue, pour justement que l’on distingue en elles cet élément réel de nouveauté qui se joue dans leur corps et qu’elles n’arrivent pas à traduire en mots. Ce look en appelle ainsi au regard.

Lors de la puberté, les courants sexuels actifs au cours de l’enfance faisant retour, cela suppose, dans la rencontre amoureuse, la mise en jeu de la pulsion sous l’action de l’objet a. C’est l’éveil de ce qui était déjà là – réveil, donc. Le sexuel marqué par le pulsionnel convoque ainsi la castration, et non la maturation. Comment la pulsion noue-t-elle la résonance de la langue au corps, soit le registre du symbolique et de l’imaginaire, sur fond d’impossible lorsqu’ainsi surgit le nouvel amour ?


F. F.– Je dirai que le nouvel amour constitue une nouvelle alliance avec la pulsion, terme, je crois, d’Éric Laurent, dans la mesure où la pulsion est un élément qui contamine l’amour, en y introduisant une dimension indigne. Je me laisse guider ici aussi d’un de ses commentaires du propos de Lacan dans la « Note italienne » [25], quand il affirme que l’analyse permet de faire de l’amour un amour plus digne que le genre de bavardage qu’on entend partout. Éric Laurent expliquait que ce qui rend l’amour indigne est la pulsion, et il s’agit non pas de purifier l’amour de l’élément pulsionnel, mais d’établir une nouvelle alliance avec cet élément ; qu’on ne cherche pas « à détruire » l’objet a lorsque c’est le cas, selon le mot de Lacan « Je t’aime, mais, parce qu’inexplicablement j’aime en toi quelque chose plus que toi […], je te mutile » [26], mais de pouvoir trouver un rapport « civilisé », terme celui-ci aussi de Lacan dans les années ’70.

Ce rapport à l’objet a est aisément constatable à l’adolescence, avec tous les phénomènes d’attraction-répulsion pour le partenaire. Côté garçon, avec toutes les versions du ravalement de l’objet sexuel, mais du côté fille, aussi. Il existe toute une variété de déclinaisons des comportements du style « le tabou de la virginité » chez elles, où il s’agit d’éliminer le garçon avec qui elles ont le premier rapport sexuel, ou de provoquer un viol, comme manière d’accéder à la rencontre sexuelle, d’une manière qui décline une version fantasmatiquement violente de la réactualisation de la castration qu’implique la rencontre avec l’Autre sexe. Ceci bien loin, il faut le reconnaître, de toute perspective de « maturation ». Ce style de rencontre peut se moduler, dans l’après-coup, avec l’amour, pour ces filles, amour qui peut paraître bafoué dans l’urgence de trouver à donner cours à l’exigence pulsionnelle.


PdC – Merci Fabian.


[1] « Clotilde Leguil interviewe Fabian Fajnwaks », IRONIK ! 04, Lacan sens dessus dessous, 6 janvier 2015.

[2] Cottet S., « Le sexe faible des ados : sexe-machine et mythologie du cœur », La Cause freudienne, n° 64, 2006, pp. 67-75.

[3] Barthes R. Fragments d’un discours amoureux, Seuil, Paris, 1977, p. 211.

[4] Chiriaco S., « Variations sur l’amour », Ironik ! n°23, avril 2017.

[5] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’Angoisse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 2004, p. 209.

[6] Saint-Augustin, Les Confessions, III, VI, 11.

[7] Lacan J., Le Séminaire, livre XV, « L’acte analytique », 1967-1968, inédit.

[8] Lacadée Ph., « La plus délicate des transitions », L’Éveil et l’exil. Enseignements psychanalytiques de la plus délicate des transitions : l’adolescence, Éditions nouvelles Cécile Defaut, 2007.

1973, pp. 245-246.

[9] Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil,

[10] Freud S., Naissance de la psychanalyse, Paris, PUF, p. 364-366.

[11] Sollers Ph., « Génie de Rimbaud », Éloge de l’infini, Gallimard, Paris, 2001, p. 366.

[12] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les Non-dupes errent », leçon du 12 février 1974, inédit.

[13] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’Angoisse, 1962-1963, Paris, Seuil, 2004, p. 298-300 ; voir aussi Mon enseignement : Place, origine et

fin de mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 48.

[14] Deutsch H., « L’adolescente contemporaine », in Les « comme si » et autres textes, 1933-1970, Paris, Seuil, 2007.

[15] Lacan J., L’Angoisse, op. cit., p. 298.

[16] Cottet S., L’Inconscient de papa et le nôtre. Contribution à la clinique lacanienne, Éd. Michèle, 2012.

[17] Lacan J., Le Séminaire, livre XV, « L’acte analytique », op. cit.

[18] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 66.

[19] Ibid., p. 37.

[20] Enseignement sous la direction de Pauline Prost, Les Nœuds de l’amour, supplément de La Lettre mensuelle, Éditions de l’ECF, 1rue Huysmans, Paris 6ème, 2010-2011, octobre 2011.

[21] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, « Les non-dupes errent », leçon du 15 janvier 1974, inédit.

[22] Ibid.

[23] Rilke R.-M., Lettre à un jeune poète, 1929. (Emmanuel Von Bodman) Sur Internet. Je dois à la regrettée Francine Beddock cette référence.

[24] Lacadée Ph., « La demande de respect : un des noms du symptôme de l’adolescent », in Le malentendu de l’enfant, Éditions Michèle,

2010.

[25] Lacan J., « faire l’amour plus digne que le foisonnement de bavardage qu’il constitue à ce jour », in « Note italienne », Autres Écrits,

Paris, Seuil, 2001, p. 311.

[26] Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 241.






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