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Conversation aux Douves #5

Non mais je rêve, Tu me harcèles ou quoi ?



Âgée de 8 ans, Zoé vient rencontrer un analyste pour une phobie scolaire qui s’éclaire par son énoncé « On me harcèle dans mon école ». Elle dit avoir reçu des lettres dont la première, écrite par cinq ou six enfants élèves de CE2, était une liste de phrases telles que : « tu es la plus bête, tu pues du cul, tu es moche, tu pollues la planète, tu es idiote... ». Plus tard, elle trouvera sur son bureau le mot : « je vais te tuer, sors de notre école sinon tu es morte... ». Une angoisse indicible se déclenche, dont elle n’a parlé à personne gardant pour elle ce poids opaque sur sa poitrine d’autant qu’elle savait qui était responsable.


Le harcèlement prend une autre ampleur à l’erre du numérique avec la présence des réseaux sociaux. Si l’on parle de harcèlement scolaire, on parle aussi de cyberharcèlement. Le phénomène, ne se limitant alors plus à la cour de récréation[1], vient aussi faire retour dans tout l’espace public, le monde scolaire, professionnel ou la vie politique et concerne les enfants, les adolescents comme les adultes. Il s’agit d’insulter, d’humilier la victime, en partageant avec d’autres, via les réseaux, des images l’identifiant et la commentant. La rumeur enfle, provoque l’onde de rires qui, tel un écho, se dilate dans le petit monde qui nous entoure. Le point d’impact sur celui qui le subit en est amplifié. Il n’y a plus de coupure entre la chambre, la maison, l’école, le collège, le lycée... aucun lieu n’est protégé. Le harcèlement est partout, passe à travers tous les remparts d’autrefois.


Le suédois Dan Olweus le définit à partir de trois composantes : l’agression, la répétition et le déséquilibre des forces.[2] L’angoisse y est provoquée par un sujet porteur d’une faiblesse qui suscite en lui l’envie de réduire à néant ce qui en l’autre fait tache. Il ne s’agit alors plus seulement là de rabaisser le sujet au corps qu’il a, mais d’anéantir le sujet en tant qu’être. Véritable plaie d’une haine ordinaire où la dimension projective de la faiblesse de l’harceleur semble ignorée, il convoque l’autre au point de réel du sexe, de l’origine et de la mort, qui l’angoisse.


Nous vous proposons d’engager la Conversation aux Douves #5, le mercredi 18 octobre à 20h, sur ce thème.


[1] Boyd D., C’est compliqué. Les vies numériques des adolescents, Collection Les enfants du numérique, p. 252. [2] Ibid., p. 253.



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