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Argument #6 - Laetitia Jodeau-Belle


ou


Lorsqu’il évoque les « lathouses », dans son Séminaire L’Envers de la psychanalyse, livre XVII, Lacan nous donne une indication importante : ils sont « ces menus objets a que vous allez rencontrer en sortant, là sur le pavé à tous les coins de rue, derrière toutes les vitrines, dans le foisonnement de ces objets faits pour causer votre désir, pour autant que c’est la science maintenant qui le gouverne[1] ». Ainsi, comme tels, ils font « ventouses à notre libido[2] » et donnent au parlêtre l’illusion d’un rapport possible avec son objet « plus-de-jouir ». A contrario, l’objet a, cause du désir n’est pas de l’ordre de la lathouse, il est un objet du corps. Celui-ci est un objet séparateur et, comme tel, introduit entre le sujet et ses lathouses un frein, sur le mode de l’angoisse ou de l’ennui. Le phénomène des adolescents dits Hikikomoris apporte de ce point de vue un éclairage contemporain particulièrement intéressant. Ce phénomène nous amène à nous demander s’il y a encore, dans la chambre du sujet[3], une fenêtre au bord de laquelle il puisse se livrer à ses fantaisies comme celles, pour reprendre Wedekind, « de ce qu’est pour les garçons de faire l’amour avec les filles, marquant qu’ils n’y songeraient pas sans l’éveil de leurs rêves[4] » ?



Laetitia Jodeau-Belle

 

 

 


[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1991, pp. 188-189.

[2] Ibid.

[3] Freud S., « Sur la psychologie du lycéen » (1914), R.I.P. t. I, Paris, PUF, 1984, p. 230

[4] Wedekind F., L’Éveil du printemps, tragédie enfantine, préface de Jacques Lacan, trad. François Regnault, Paris, NRF, Gallimard, 1974, p. 9.




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